Al-Ahram Hebdo, Dossier | Le Hezbollah maître du jeu
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 24 au 30 Septembre 2008, numéro 733

 

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Dossier

Liban. Les principaux dirigeants politiques ont entamé à Beyrouth un dialogue national dans un climat marqué surtout par l’incertitude. La question des armes de la milice chiite paraissant insoluble. 

Le Hezbollah maître du jeu 

Les libanais ne se sont pas arrêtés longtemps à la première séance du dialogue national, tenue la semaine dernière au palais Baabda sous la direction du général Michel Sleimane, président de la République, et à laquelle ont assisté les quatorze dirigeants, à l’exception du chef du Hezbollah,  Hassan Nasrallah, absent pour des raisons de sécurité.

Quelques jours avant la réunion, les cadres membres de la majorité parlementaire avaient mis en relief la nécessité de la présence de Nasrallah qui détient, lui, la clé de toute décision. Mais le parti chiite ne s’est guère soucié de ces exigences et ne s’est donné même pas la peine d’y répondre. Il a juste publié un communiqué avant la séance annonçant que le Hezbollah serait représenté par le député Mohamad Raad. Il est d’ailleurs certain que Nasrallah ne participera pas à des réunions publiques dans un proche avenir. Il est soumis à un système de sécurité très sévère, tout le monde sait qu’il constitue la cible principale que poursuit le Mossad. Ses mouvements font l’objet de surveillance et de pourchasse. Depuis la fin de cette guerre qu’a menée Israël contre le Liban il y a deux ans, les déplacements de cette figure emblématique de la résistance sont quasiment nuls. Lorsqu’il s’adresse à la population, c’est à travers un écran. Tout le monde prend en compte ces exigences sécuritaires.

Selon les observateurs, la présence ou l’absence de Nasrallah ne changera rien à la chose. La décision du Hezbollah ne sera pas prise suite aux discussions qui auront lieu lors de cette table ronde. Elle est prise d’avance par les cercles dirigeants du Hezbollah et ne saurait aucunement faire objet de négociation ou débat, surtout lorsqu’il s’agit des armes du Hezbollah et cette volonté inouïe de la majorité de débattre la stratégie de défense.

Or, cette stratégie est le mot d’ordre, le seul thème à débattre, mais sans toucher de près ou de loin les armes du Hezbollah. La preuve en est que le général Michel Aoun, chef du courant national libre, a dit après la séance d’ouverture que le président de la République l’a chargé de préparer un plan stratégique de défense. C’est dire que le président ne veut, en aucun cas, entrer en confrontation avec le Hezbollah. Il tient à jouer un rôle conciliateur sur la scène libanaise si troublée, tout en évitant de paraître à l’image de l’ex-président Emile Lahoud qui était juge et partie dans le différend politique. Ainsi, a-t-il perdu sa crédibilité de référence présidentielle qui lui permet de réunir les forces et les partis autour d’une seule table, sans qu’il y ait accrochage et participation du président en tant que partie.

Ce rôle conciliateur, le Liban en a effectivement besoin.

L’impression dominante avant et après la réunion c’est qu’elle n’a été qu’une simple tentative d’apaisement de réunir les dirigeants en discorde avant qu’il ne se rende aux Etats-Unis pour assister aux réunions de l’Assemblée générale de l’Onu. Le président Sleimane est conscient du fait que le plus grand obstacle au dialogue est l’armement du Hezbollah et la stratégie défensive. Il craint tout à fait que cette question d’armes ne provoque davantage de différends.

L’attitude du Hezbollah sur la question des armes est bien connue et ne peut faire l’objet de spéculation. Mais les dirigeants de la majorité, notamment les chrétiens, ont annoncé à plus d’une reprise qu’ils n’admettraient pas que le Hezbollah conserve ses armes, tout en reconnaissant qu’ils ne savaient comment le faire. La conception générale est que ceci ait lieu dans l’avenir pas dans la phase actuelle.

Pour les observateurs, la chose la plus importante à laquelle sont parvenus les participants est de fixer au 5 novembre la date de la tenue de la deuxième séance. C’est un rendez-vous loin, mais les conditions l’ont imposé. La réunion d’ouverture a représenté un dégel. Le fait que le président de la République ait affirmé qu’Israël reste la principale source de danger et qu’il ait demandé d’établir une stratégie où s’intègrent tous les éléments assurant la puissance de l’Etat et le fait que sous ce concept particulier de l’Etat, s’insère le droit de défense des territoires dans le cadre de la politique générale, sont un message direct au Hezbollah. Mais il veut dire aussi qu’il n’irait pas très loin dans ses propos à l’égard des armes du parti chiite, ce qui a été bien accueilli par Hassan Nasrallah qui a fait l’éloge du discours du président le soir même.

Le discours du président a reflété le désir d’une conciliation sur ce point. « Je suis tout à fait sûr que nous sommes capables d’établir une stratégie qui protège le Liban, basée sur nos forces armées et tirant profit des moyens et des capacités de la résistance ».

Autre aspect qui n’a pas manqué d’attirer l’attention, le fait de reconduire les décisions du dialogue national tenu en 2006 veut dire que le président mènerait un processus pour résoudre le problème des fermes de Chebaa occupées par Israël et ensuite de désarmer les Palestiniens hors des camps, dénote de la vision globale du président.

Le discours du président a reflété le désir d’une conciliation sur ce point. « Je suis tout à fait sûr que nous sommes capables d’établir une stratégie qui protège le Liban, basée sur nos forces armées et tirant profit des moyens et des capacités de la résistance ».

Autre aspect qui n’a pas manqué d’attirer l’attention, le fait de reconduire les décisions du dialogue national tenu en 2006 veut dire que le président mènerait un processus pour résoudre le problème des fermes de Chebaa, occupées par Israël, et ensuite de désarmer les Palestiniens hors des camps, dénote de la vision globale du président.

A cet égard, la présence de Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, a eu pour but de souligner l’arabité du Liban et aussi le soutien et même un parrainage par la Ligue pour ce dialogue. L’allocution de Amr Moussa a eu le mérite de mettre en garde contre les dangers d’un échec du dialogue dans le contexte régional et international actuel. « Nous souhaitons comme le souhaite tout Arabe que le Liban sorte de la crise et que ses conditions s’améliorent », a dit le secrétaire général de la Ligue.

Mais faut-il parler de déception du fait que la réunion n’a duré qu’un jour et que la reprise du dialogue a été fixée à une date relativement lointaine ? Tout compte fait, estiment les observateurs, cela était attendu. Et à la suite de la discussion, tout le monde a convenu de publier une déclaration soulignant que la mise au point d’une stratégie de défense est une priorité. Il s’agira alors de parvenir à une conception commune de cette stratégie qui prend pour base et le dialogue et les décisions de Doha.

A cet égard, agir rapidement pour surmonter les tensions sécuritaires et mettre au point un mécanisme pour une instauration en bonne et due forme d’un mécanisme le permettant deviennent une priorité. Cela conduirait à renforcer le règlement dans un certain nombre de zones et à généraliser ces accords entre les adversaires sur les autres parties du territoire libanais.

Pour ce faire, il faudrait s’accorder sur une charte d’honneur permettant de respecter les engagements et d’abandonner toute forme de provocation politique. Entre autres, il faudrait apaiser le discours et la ligne politiques et médiatiques. Tous les participants doivent annoncer qu’ils sont engagés par cet apaisement.

Le rôle du président de la République est fondamental à cet égard. Il devra s’atteler à des négociations bilatérales pour consacrer les différentes réconciliations. Il devrait encourager des rencontres pour renforcer les chances de succès du dialogue sur le fond et sur la forme.

Un bilan qui paraît édulcoré si l’on croit la presse libanaise avec ceci d’important à relever : au Liban, les divergences de vues reflètent souvent des divergences d’intérêts. Le quotidien An Nahar, proche de la majorité, relève qu’à cette séance d’ouverture, il manquait Hassan Nasrallah. Et d’ajouter que les participants sont restés 5 heures à débattre avant de consacrer 90 minutes à la rédaction du communiqué final. Tout Libanais souhaite que le dialogue aboutisse, mais la vraie solution ne verra le jour que lorsque le Hezbollah mettra fin au rôle régional de ses armes et à ses ambitions d’imposer son hégémonie par la force sur la scène intérieure, ajoute le quotidien.

Même les quotidiens pro-syriens soulignaient la difficulté de la tâche. « Les différents milieux politiques estiment que les discussions sur la stratégie nationale de défense se perdront dans un débat stérile et que les résultats ne verront pas le jour avant bien longtemps », écrivait As Safir. Selon le quotidien indépendant Al-Anouar, « la table de dialogue est installée dans un champ de mines appelé Liban ». « Même si les participants se mettent d’accord, on ne peut pas construire une stratégie nationale de défense dans un champ de mines sans avoir procédé auparavant à un déminage », ajoute le quotidien.

On est dans le cadre d’une sorte d’espérance, alors que le contexte lui-même rend difficile une telle vision. Le président du Parlement, Nabih Berry, estime que le dialogue est positif. Chaque partie a présenté son point de vue dans le cadre de la compréhension et de l’esprit national. « C’est ce à quoi j’invitais dès le début. Une fois terminé le débat sur la stratégie de défense et qu’un accord intervienne à ce sujet, rien n’empêche de débattre d’autre questions ». A cet égard, il s’est félicité aussi des réconciliations intervenues à Tripoli. Les événements intervenus dans cette ville ayant représenté un grave danger. Le président syrien Bachar Al-Assad, début septembre, exprimant son « inquiétude » face aux récentes violences interconfessionnelles à Tripoli. Il avait aussi affirmé avoir demandé à son homologue libanais, Michel Sleimane, d’envoyer d’urgence davantage de troupes au nord. Le Liban a déclaré lundi que la Syrie avait dépêché des renforts militaires sur leur frontière commune au nord du Liban pour des raisons, selon Damas, de sécurité interne. « Près de 10 000 soldats des forces spéciales syriennes ont été déployés dans la région d’Abboudiya sur la frontière avec la Syrie au nord du Liban. Beyrouth a demandé des clarifications à Damas sur ces renforts et sur le motif de leur déploiement. Damas a affirmé qu’il s’agissait de mesures de sécurité internes qui ne dépassent pas le territoire syrien et qui ne sont nullement dirigées contre le Liban. Tous les risques persistent donc.

Maher Meqled

 

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