Al-Ahram Hebdo, Economie | L’appel de Washington
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 17 au 23 Septembre 2008, numéro 732

 

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Economie

Youssef Boutros-Ghali. L’actuel ministre égyptien des Finances a posé sa candidature à la présidence de l’une des trois plus hautes instances du FMI. Au cours de sa longue carrière, il a accumulé les atouts pour décrocher ce poste.  

L’appel de Washington 

En 1986, Youssef Boutros-Ghali décidait de quitter son poste de chef économiste au Fonds Monétaire International (FMI) pour aller  « corriger la trajectoire » de son pays. Récession, dettes extérieures énormes, déficit budgétaire à deux chiffres et volonté de passer à une  économie du marché : telle était à l’époque la situation économique en Egypte. Rien de mieux pour attirer Ghali. Après avoir été exposé aux multiples expériences des pays en développement — Soudan, Côte-d’Ivoire, Philippines, Chine, Brésil et Mexique —, il se savait en mesure de laisser son emprunte sur l’économie égyptienne. C’est ainsi qu’il a rejoint, à l’âge de 34 ans, la sphère des décideurs égyptiens.

Une vingtaine d’années plus tard, le voilà qui prépare ses bagages pour le FMI. Début septembre, Ghali a en effet déposé sa candidature à la présidence du Comité Monétaire et Financier International (CMFI), pour peut-être devenir le premier des ministres du Sud à occuper ce poste. « Les 24 membres du comité sont aussi en train d’examiner d’autres candidats avant de faire leur choix sur le président », comme le dévoile Dominique Strauss-Khan, le directeur exécutif du FMI, en visite au Caire le 15 septembre. Les deux autres candidats sont de nationalités canadienne et indienne. Un autre concurrent, donc, provient également d’un pays du Sud.

En récente visite à Washington, il n’a pas hésité à formuler des critiques sur le FMI, avec des interviews à Reuters et CNN, soulignant que cette institution n’avait pas réussi à prédire la crise des subprimes qui s’est répercutée dans le monde entier. De quoi toucher le cœur du CMFI. Ce dernier, contrairement au Conseil des gouverneurs — la vraie cuisine du FMI — a un rôle consultatif. Il est chargé de fournir des avis et les rapporter au Conseil des gouverneurs, sur l’évolution du système monétaire et financier international (SMI), notamment la situation des liquidités et les besoins de ressources des pays en développement. Ou encore les remèdes possibles aux perturbations soudaines de nature à mettre en péril le SMI. Bien qu’il n’ait juridiquement aucun pouvoir de décision, le CMFI constitue le forum où sont élaborées la plupart des grandes décisions du FMI.

Pour Mahmoud Abdel-Fadil, professeur d’économie à l’Université du Caire, il est encore trop tôt de prédire s’il sera nommé ou pas. En fait, il y a peu de chances car le président de ce comité a toujours été choisi parmi les responsables des pays avancés, en contraste avec le Comité du développement où la présidence revient aux pays en développement. Cependant, le fait que le monde passe actuellement par une crise où le remède est en grande partie dans les mains des pays émergents, il conviendrait de choisir quelqu’un qui en est issu pour faciliter l’échange des opinions. Mais Ahmad Galal, directeur du Economic Research Forum et lui-même ancien économiste à la Banque mondiale, conteste que le président du CMFI puisse changer les règles du jeu de l’institution monétaire en faveur des pays en développement qu’il devra représenter : « Le FMI est une institution très rigide, beaucoup plus que la Banque mondiale », dit-il. Opinion partagée par Mahmoud Abdel-Fadil, qui ajoute de plus que Ghali a toujours été fidèle au capitalisme le plus occidental et donc qu’il ne voudra pas changer les règles du jeu.

 

Rôle pivot

En Egypte, pendant une vingtaine d’années, Youssef Boutros-Ghali a joué un rôle pivot dans le long processus de transformation de l’économie pour rejoindre le camp du capitalisme. Ce titulaire d’un doctorat du prestigieux MIT (Massachussets Institute of Technology, Etats-Unis) a travaillé en tant que conseiller du premier ministre et du gouverneur de la Banque Centrale égyptienne. Il a aussi participé aux négociations des accords de réforme avec le FMI en 1987 et 1991 puis au rééchelonnement de la dette avec le Club de Paris (1990-91). Le succès de l’application de l’accord de stabilisation a suscité les applaudissements de ses anciens collègues du FMI. Surtout que l’Egypte s’était retirée trois fois, pendant les années 1970 et 80, de tels engagements. Car d’habitude les pays en développement abandonnent le cours de chemin en raison du prix social élevé que doit payer la population. Mais Ghali a su accommoder les responsables les plus au moins réticents et les experts des institutions financières internationales. Il décrivait lui-même que ce programme de stabilisation était la première vraie rencontre de l’Egypte avec la mondialisation dans son sens moderne. Les échos de ses succès l’ont ensuite mené, depuis 1993, à occuper plusieurs postes ministériels, dont celui du ministre de l’Economie et du Commerce extérieur.

Aujourd’hui, il joue deux rôles parallèles : président du groupe ministériel économique et ministre de Finances. Ainsi, il a mené la plus grande réforme fiscale, réduisant de moitié les impôts sur les entreprises mais augmentant, par un détour, ceux sur les revenus. Cela avant de se féliciter d’un succès écrasant : doubler les recettes fiscales des entreprises, grâce à la confiance retrouvée avec le gouvernement. Cependant, Samer Soliman, professeur d’économie politique à l’Université américaine du Caire, explique que le succès de la nouvelle loi sur les impôts n’est qu’illusoire. Car les détails révèlent que cette hausse est notamment due aux impôts de l’Organisme public du pétrole et l’Organisme du Canal de Suez, alors que les recettes fiscales provenant des sociétés ont baissé lors de la première année d’application de la loi, pour se stabiliser à leur niveau d’avant la nouvelle loi, soit 1,7 % seulement du PIB.

Boutros-Ghali excelle en fait dans les jeux de mots. C’est ainsi que lors de la réunion ministérielle de l’OMC à Doha en 2001, il a pu convaincre, quand il était ministre du Commerce extérieur, les pays en développement d’approuver davantage de concessions en faveur des pays développés, en contrepartie d’une petite modification de l’accord sur la propriété intellectuelle qui empêche les pays fortement touchés par des maladies comme le sida de fournir à leurs citoyens les médicaments à prix abordables. C’est surtout ce don de convaincre différentes parties, à un niveau mondial, qui lui permettra de poursuivre une carrière internationale. « C’était en fait le destin de tous les responsables des pays en développement. C’est la récompense ultime des grandes instances internationales », conclut Mahmoud Abdel-Fadil. Si ce n’est pas la présidence du CMFI, pourquoi pas plus tard celle de l’OMC ?

Salma Hussein

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