Reines d’Egypte.
Zahi Hawas,
secrétaire du Conseil Suprême des Antiquités (CSA), évoque
l’exposition de Monaco et explique des aspects de la
politique de préservation des antiquités. Entretien.
« Une occasion pour faire connaître au monde le rôle joué
par la femme pharaonique »
Al-Ahram
Hebdo : Pour ce qui est de l’exposition « Les reines
d’Egypte » qui se tient à Monaco, pourquoi cette date en
particulier et quelle est son importance ?
Zahi Hawas :
C’est pour la première fois qu’une exposition d’antiquités
égyptiennes soit tenue à Monaco. Le prince Albert a invité
un nombre de personnalités éminentes, dont Mme Moubarak, et
Farouk Hosni, ministre de la Culture, à l’inauguration de
l’exposition organisée dans le cadre du Forum de Grimaldi
tenu chaque année à la même date dans cette principauté. Le
Conseil Suprême des Antiquités (CSA) participe à
l’exposition avec 26 pièces dont la plupart représentent des
reines pharaoniques, avec à leur tête la reine Hatchepsout,
quelques princesses et des épouses-déesses pharaoniques. Les
pièces ne proviennent pas uniquement d’Egypte, puisque
d’autres musées qui possèdent des antiquités pharaoniques y
participent également comme le British Museum, le Louvre et
le Métropolitan. Un intérêt mondial est accordé aux
antiquités et à l’histoire pharaonique, c’est ce qui a
poussé la principauté de Monaco à organiser cette exposition
qui permet de renforcer les liens culturels entre l’Egypte
et le monde entier.
L’exposition est aussi une occasion pour faire connaître au
monde le rôle important joué par la femme pharaonique.
Pendant les 26e et 27e dynasties, l’épouse-déesse jouait un
rôle plus important que celui du roi ou du grand prêtre. En
effet, Les réalisations et les contributions de la femme
dans la civilisation pharaonique ont dépassé toutes les
autres civilisations qui existaient à la même époque.
— En tant que secrétaire général du CSA, avez-vous un plan
clair concernant la sauvegarde des antiquités et du
patrimoine égyptien ?
— Effectivement, un nombre d’objectifs et de recommandations
sont pris en considération, dont le plus important est
l’application d’un nouveau système de gestion des sites
archéologiques et des musées. Il est également question
d’installer de nouveaux musées à vision culturelle et
pédagogique moderne. D’autre part, nous essayons
continuellement de sauvegarder les antiquités contre le vol
et de récupérer celles qui ont été dérobées à l’extérieur de
l’Egypte.
— Est-ce que le CSA est considéré comme l’unique responsable
de la protection du patrimoine ?
— Je pense que la protection des antiquités est la
responsabilité de tout le monde. Ces vestiges constituent un
patrimoine énorme. Ce patrimoine est une vraie richesse que
le gouvernement et le peuple doivent protéger pour les
nouvelles générations, puisque les antiquités offrent au
pays un revenu important.
— A votre avis, quels sont les éléments qui constituent un
vrai danger pour le patrimoine ?
— Les antiquités égyptiennes sont répandues partout dans le
pays. Un nombre important de ces antiquités est enterré
depuis des années sous terre et des maisons ont été
construites sur certains sites archéologiques.
Malheureusement, des personnes tentent parfois de faire des
fouilles sous leurs maisons, mais celles-ci ne connaissent
pas la valeur réelle de ces pièces. En effet, chaque pièce
découverte nous permet d’en savoir un peu plus sur notre
histoire. Pour ce qui est des autres antiquités, elles sont
menacées par l’eau souterraine et par les eaux usées. Mais
ce qui m’inquiète le plus, c’est le système de garde des
sites archéologiques ainsi que les méthodes de stockage des
antiquités découvertes. Il y a aussi le problème de fraude.
Tous ces défis nous obligent à penser à de nouvelles
méthodes qui permettent de protéger notre patrimoine.
— Quel est le défi réel que vous avez affronté durant votre
direction du CSA ?
— Le plus important était de récupérer les antiquités qui
étaient sorties de l’Egypte par des voies illégales.
Heureusement, grâce à des efforts acharnés, nous avons
réussi à récupérer près de 3 500 pièces.
— Est-ce que le transport des antiquités à l’étranger peut
les endommager ? Et comment faire pour lutter contre les
vols chez nous ?
— C’est le grand succès que connaissent nos antiquités à
l’étranger qui nous encourage à les transporter. De toute
façon, à l’étranger les méthodes suivies pour le transport
et la préservation des antiquités sont meilleures que celles
suivies chez nous. Pour ce qui est du vol, nous avons
installé 33 entrepôts répandus dans toute l’Egypte pour
protéger les pièces. Nous avons aussi choisi d’autres
gardiens que les traditionnels qui sont plus cultivés et qui
assimilent l’importance de leur travail. Il est également
prévu de modifier la loi sur les antiquités afin de
pénaliser le vol de pièces et d’enregistrer toutes les
œuvres, ce qui permettra de reconnaître celles volées.
propos
recueillis par
Magda
Barsoum