Le
rêve brisé d’un Etat palestinien avant 2008
Morsi Attalla
Si
les etats-unis étaient sérieux dans leurs incessantes
déclarations confirmant la nécessité de la création d’un
Etat palestinien coexistant aux côtés de l’Etat hébreux,
alors pourquoi insistent-ils à prendre cette position floue
au niveau des conditions draconiennes qu’Israël met en avant
sur la table des négociations ? Des conditions qui sont
devenues une provocation pour les Arabes, et un véritable
défi pour toute la communauté internationale.
Les Etats-Unis continuent de prétendre vouloir réinstaurer
la confiance entre les Palestiniens et les Israéliens en
parvenant à un accord de paix avant la fin de l’année 2008.
A un moment où le discours politique et médiatique de
l’Administration du président Bush montre que la guerre
agressive et atroce que les Israéliens continuent de
déclencher contre le peuple palestinien est considérée comme
une autodéfense et qu’il est donc nécessaire à l’ombre de
telles conjonctures de protéger Israël politiquement.
Quelle est donc cette logique ou la mentalité qui pourrait
comprendre et assimiler les propos mielleux de Bush sur la
nécessité de créer deux Etats ? Alors que ce qui se passe
sur le terrain montre que le feu vert américain continue à
garantir à Israël une véritable liberté de mouvement dans
ses ravages anti-palestiniens. Israël poursuit aussi ses
humiliations contre les leaders élus en faisant accroître
l’esprit de vengeance et d’animosité devant la possibilité
de mettre en place un Etat palestinien et de jeter les
fondements d’une paix réelle dans la région.
En réalité, si les Etats-Unis avaient réussi pendant de
longues années à duper le monde arabe par des propos creux
et à satisfaire Israël en le soutenant effectivement sur le
terrain. Il est clair aujourd’hui que l’Amérique se dupe
elle-même avant de duper quiconque si elle croit que ses
propos peuvent couvrir ses actes qui sont plus que jamais
divulgués et dévoilés au grand jour.
Il est clair et net que les Etats-Unis parlent en ayant
recours à des propos doux et éloquents pour cantonner toute
l’impasse actuelle sous l’intitulé « lutte contre le
terrorisme ». Alors que tous les témoignages confirment que
le terrorisme est une fabrication israélienne par les
méthodes les plus atroces et les plus insolentes et que ses
pratiques barbares sont l’un des plus importants facteurs
provoquant les sentiments.
Si Washington n’arrête pas immédiatement la politique
qu’elle adopte vis-à-vis des Arabes et qui consiste à leur
répéter de beaux mots creux et si elle n’arrête pas son
soutien absolu et illimité à Israël, les discours sur un
espoir en un rôle américain sérieux et décisif seraient une
pure illusion.
Cependant, nous devons nous attendre à toutes les
éventualités, parce que le piétinement actuel de
l’Administration Bush nous oblige à prévoir les pires
surprises. Des surprises qui nous rappellent ses propos
provoquants et allant à l’encontre de la justice et de la
légitimité internationale, et qu’il a prononcés devant la
Knesset.
Après les propos de Bush devant la Knesset et le Forum
économique mondial à Charm Al-Cheikh (Davos), il ne fait
aucun doute que nous sommes une nation ciblée. Il nous faut
alors reconsidérer et réarranger nos situations, fortifier
nos emplacements et accroître nos capacités. Ceux qui font
peu de cas de nous et prennent à la légère nos droits
légitimes doivent comprendre que nous ne sommes pas une
nation d’esclaves. Et que malgré les facteurs de faiblesse
et de carence et malgré les scènes d’impuissances et de
division qui nous ont frappés, les éléments d’unité et de
complémentarité existent toujours et ne se sont pas effacés.
Ils veulent que notre nation continuent à gésir sous
l’emprise de l’occupation et d’accepter le fait accompli
sans négocier quoi que ce soit. Et donc il ne faut pas
parler du droit de retour, il ne faut pas ouvrir le dossier
de Jérusalem ni penser à disloquer les colonies israéliennes
pour ne pas susciter la colère d’Israël.
L’actuelle Administration américaine a dépassé toutes les
bornes dans son alignement aveugle à Israël, et à cause
d’elle la nation arabe est passée par de nombreuses
difficultés et crises. Cette Administration a dépassé celles
qui l’ont précédée au niveau de l’insolence et du recours à
la politique de deux poids, deux mesures au niveau de tous
les dossiers relatifs au Moyen-Orient.
Aujourd’hui, il est plus que jamais évident que le rêve
d’une paix qui se réalisera avant 2008 n’est que pure
illusion. La réalité est choquante, mais nous devons
l’affronter. A mon avis, le mouvement de l’histoire est en
notre faveur, même si l’état actuel perdure et quels que
soient les déséquilibres de force qui dominent actuellement.