Al-Ahram Hebdo, Monde | La manœuvre israélienne
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 Semaine du 25 juin au 1er juillet 2008, numéro 720

 

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Monde

Iran. L’entrée en jeu d’Israël fait craindre que le recours à l’option militaire soit de plus en plus envisagée par les Etats-Unis. Une option dangereuse qui menacerait de transformer toute la région en une « boule de feu ». 

La manœuvre israélienne 

L’épisode du dossier nucléaire iranien a pris un tournant beaucoup plus grave avec l’entrée en scène d’un nouveau protagoniste : Israël. Ce pays, pourtant seule puissance nucléaire du Moyen-Orient, a plusieurs fois déclaré ces dernières semaines qu’un Iran nucléaire serait une menace pour son existence.

Le premier ministre israélien, Ehud Olmert, a averti qu’Israël était confronté à des dangers « plus graves » que par le passé, dans une allusion au programme nucléaire iranien. « Les dangers et les menaces à la sécurité d’Israël ne se sont pas dissipés et dans certains aspects sont plus graves qu’auparavant », a affirmé M. Olmert. Quelques jours avant, le vice-premier ministre israélien, Shaoul Mofaz, avait affirmé envisager une attaque contre des installations nucléaires iraniennes considérant que les sanctions internationales contre l’Iran s’avéraient inopérantes. Dans cet esprit belliqueux, M. Olmert a prolongé d’un an le mandat du chef du Mossad, les services secrets israéliens, Meïr Dagan, en poste depuis 2002, selon le bureau du premier ministre. M. Dagan est directement impliqué dans le dossier iranien.

Et l’armée israélienne a récemment effectué des manœuvres militaires d’une ampleur exceptionnelle en Méditerranée pour se préparer à des attaques à longue distance. S’agit-il d’une sorte de répétition avant un bombardement imminent contre l’Iran ? Pour la plupart des leaders israéliens, ces manœuvres n’augurent pas d’attaque contre les installations nucléaires iraniennes car ce genre d’exercices n’était pas rare depuis que Dan Halutz, ancien chef d’état-major de l’armée de l’air, a pris le commandement général de Tsahal, en 2005, avec pour mission de préparer une possible confrontation avec Téhéran. En revanche, la plupart des observateurs estiment que l’armée de l’air israélienne s’entraîne depuis plusieurs années à un éventuel bombardement des installations nucléaires iraniennes, mais ce qui l’empêche jusqu’à présent, ce sont ses capacités qui pourraient se révéler toujours trop limitées pour en venir à bout. « L’option d’une frappe israélienne est toujours sur la table car Israël ne supporte pas l’idée d’un Iran doté de l’arme nucléaire. Mais, Israël ne pourra pas frapper l’Iran seul. Il doit être soutenu par Washington, surtout que George W. Bush semble soucieux d’en finir avec le cauchemar iranien avant qu’il n’arrive au bout de son mandat en novembre. En effet, Bush craint qu’Obama, plus modéré sur le dossier iranien, ne le succède et donne les mains libres aux Iraniens. Il veut donc couper les mains aux Iraniens avant de partir », estime Mohamad Abbass, expert politique. Selon M. Abbass, le scénario d’une frappe militaire pourrait être entravé par la position très affaiblie du premier ministre israélien impliqué dans une affaire de corruption dans son pays.

S’élevant contre une éventuelle frappe militaire contre Téhéran, le directeur général de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), Mohamad Al-Baradei, a mis en garde qu’une intervention militaire transformerait la région en une « boule de feu », menaçant de démissionner si elle était lancée. Selon M. Baradei, une attaque ne ferait que durcir la position de l’Iran dans sa querelle avec l’Occident à propos de son programme nucléaire. La Russie, alliée traditionnelle de Téhéran, a aussi fait part de son opposition à une telle intervention armée. Quant aux Occidentaux, ils n’arrêtent pas de brandir l’arme du durcissement des sanctions contre Téhéran, notamment contre les banques iraniennes comme celle de Melli ; le président français Nicolas Sarkozy et son homologue américain George W. Bush réaffirmant, samedi, à Paris leur volonté d’empêcher l’Iran d’acquérir la bombe nucléaire par tous les moyens sans, pour autant, évoquer l’option militaire.  

Contre-attaque

Téhéran a gardé son sang-froid comme d’habitude, et le porte-parole du gouvernement iranien, Gholamhossein Elham, a jugé « impossible » une éventuelle attaque israélienne contre les installations nucléaires de Téhéran, qualifiant Israël de « régime dangereux et obstacle à la paix et au calme dans la région et dans le monde ». Plus menaçant, l’ayatollah Ahmad Khatami a mis en garde : « Si les ennemis, les Israéliens en particulier et leurs partisans aux Etats-Unis, cherchent à recourir à la force, qu’ils soient certains qu’ils recevront un coup terrible à la figure ». Pour sa part, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a jugé que les grandes puissances avaient échoué dans leurs efforts pour contraindre l’Iran à suspendre son programme nucléaire. « Les puissances tyranniques ont utilisé tous leurs moyens mais elles n’ont pas pu briser la volonté de la nation iranienne », a dit M. Ahmadinejad.

Soufflant le chaud et le froid, le principal négociateur iranien pour les questions de nucléaire, Saïd Jalili, a affirmé, dimanche, que l’Iran était prêt à négocier avec le groupe 5+1 sur les points communs de l’offre des grandes puissances et du « paquet » iranien de propositions avancées pour régler « les grandes questions du monde », refusant que ces négociations se fondent sur la suspension de l’enrichissement d’uranium.

Le diplomate en chef de l’Union européenne, Javier Solana, a remis le 14 juin à l’Iran au nom du groupe 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité — la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie — plus l’Allemagne) une nouvelle offre de coopération en vue d’obtenir la suspension de son programme d’enrichissement d’uranium. Cette offre prévoit que l’Iran bénéficie d’aides commerciale, financière, agricole mais aussi d’un soutien dans les domaines du nucléaire et des hautes technologies s’il renonce à l’enrichissement de l’uranium.

« Telle est l’essence du stratagème iranien : certains dirigeants poussent le défi jusqu’à l’extrême, alors que les autres temporisent pour gagner du temps. Ce qui importe pour Téhéran, c’est de gagner du temps pour finaliser son programme nucléaire. C’est pourquoi il n’a jusqu’à présent pas avancé de réponse catégorique à l’offre européenne. Il veut entamer des négociations bien qu’il sache d’avance qu’il ne va jamais parvenir à un compromis avec les Européens. Mais le temps joue en sa faveur », conclut l’expert Mohamad Abbass .

Maha Al-Cherbini

 




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