Al-Ahram Hebdo,Arts | Caqueter beaucoup et picorer un peu
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 Semaine du 25 juin au 1er juillet 2008, numéro 720

 

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Arts

Carnet d’Artiste. Celui de Fathi Afifi s’inspire aujourd’hui de la gent ailée qui niche sur nos toits. Il s’agit d’illustrer les fables ironiques d’un nouveau poète, Mohamad Gad.

Caqueter beaucoup et picorer un peu

La basse-cour, ses pigeons, ses poules et son coq orgueilleux et triomphant, des personnages consacrés de fables. Ils refont surface avec une nouvelle série de poèmes en arabe dialectal illustrés par le peintre Fathi Afifi connu pour sa verve populaire et son approche faite d’un mélange de réalisme et de fantaisie. Le tout va bien avec ces vers faits d’ironie, d’aucuns diraient de projection, sur notre vie politique et sociale actuelle dominée par des tensions, des va-et-vient et surtout par une certaine prédomination de l’absurde auquel on riposte par l’humour. Pour Afifi, c’est une nouvelle expérience de traduire la poésie en tableaux. « La première lecture peut donner l’impression qu’il s’agit de pièces pour enfants. Mais en fait, ça va plus loin ». L’univers des fables a toujours pratiqué cette dualité où sous les abords simples, on retrouve beaucoup de profondeur. En fait, lire, c’est pour tout le monde, et Mohamad Gad a donné un titre ambitieux à cette série de poèmes, c’est Kalila et Dimna à présent, à l’exemple de ces célèbres fables animalières, d’origine sanscrite, adaptées au persan, et de cette langue vers l’arabe par Ibn Al-Moqaffaa vers 750. Ce dernier est un grand prosateur et haut dignitaire de l’administration à l’époque. Il est connu qu’il donne à son œuvre un sens politique et éthique. Ses deux héros, des chacals nommés Kalila et Dimna, rapportent au long de dix-huit chapitres des anecdotes (une histoire par chapitre), relatent des intrigues de cour, donnent des conseils et édictent des règles de conduite.

Chez Gad, ce n’est guère royal, on dirait une présentation de ce peuple actuel comme dans ce poème Ya saadena (quel bonheur) :

« Il y a un mois ou un an, avec

un couple de pigeons mariés sur notre toit,

se trouvait un coq unique avec deux poules

Ils ont tenu une réunion pour choisir le commandant du toit

Le pigeon mâle a dit : c’est moi

les deux poules ont dit notre coq est plus digne que vous et nous

Le coq s’est emporté : les pigeons peuvent-ils nous éviter le moindre mal ?

Ce que tous décideront sera notre loi

le pigeon mâle n’a pas apprécié ces propos

Il a volé et tourné autour des poules

agaçant notre coq qui s’est mis à lui crier

Quant à la pigeonne, elle dit au coq,

nous sommes les pigeons et les poules

ne sont pas à notre hauteur

et la poule : nous sommes les poules ô pigeons, qui peut se comparer à nous ».

La scène burlesque est bien captée par Afifi qui a choisi l’encre de chine pour la représenter. Le noir et blanc lui donne cette caractéristique d’humour. En plus, c’est la vie qui se dégage plus de cette manière. Afifi affirme que le poète est satisfait : « vous avez traduit mes poèmes d’une manière que je n’aurais jamais imaginée », lui a-t-il dit. De toute façon, ce fut une œuvre de compagnonnage, celle de deux membres de la bohème cairote qui se sont retrouvés à atomes crochus à travers cette ironie et ces représentations des toits cairotes où ça caquette toujours et picore, parfois.

Mohamad Gad est le fils de Mahmoud Ismaïl Gad, auteur célèbre des années 1960 et notamment d’Adham Al-Charqawi, écrivain et musicien épique. Avec une allure un peu B. C. B. G., disons très élégante, on ressent ce contraste. Les grands poètes du genre populaire, dont Ahmad Fouad Negm, qui a écrit la préface de son premier recueil Min qalbi (du fond de mon cœur) publié par Merit, lui trouvent beaucoup de talent. Kalila et Dimna constituera son prochain recueil illustré des dessins de Afifi.

Mais comment s’est terminée l’histoire ? Victoire du coq bien sûr et tout se passe bien grâce à sa sagesse.

« Un coq clément, un coq généreux

quel bonheur pour eux

quel bonheur pour nous

notre coq est devenu tonton,

notre coq est devenu tonton ».

Ahmed Loutfi

 

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