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Le président américain a complètement déçu les Arabes, les
Palestiniens en particulier, lors de son passage à Charm
Al-Cheikh, suscitant l’ire des dirigeants.
Bush scelle le fiasco du processus de paix
C’est du déjà-vu à ce Davos du Proche-Orient ou encore
ailleurs. Le président américain débarque avec toute la
propagande médiatique possible quant aux espoirs de paix,
rencontre des dirigeants arabes, plie bagages et rentre à
Washington avec juste un grand sourire. George Bush n’a pas
fait défaut cette fois-ci en marge du Forum économique à
Charm Al-Cheikh. Une fois de plus, il a scellé son fiasco
et, selon beaucoup d’observateurs, il a scellé la fin d’une
paix palestinienne avec Israël. Bush venait en fait de son
allié favori dans la région, où il a prononcé un discours
évangélique-biblique, qui aurait pu être celui de Théodore
Herzl. Ce qui s’est passé ce jour de mai 1948 (la Nakba), «
fut bien plus que la création d’un nouveau pays. Ce fut
l’accomplissement d’une promesse ancienne faite à Abraham, à
Moïse et à David : une patrie pour le peuple que Dieu a
choisi, Eretz-Israël » ... Un long discours qui laisse les
Arabes perplexes, frustrés et « en colère », d’après les
mots du président palestinien Mahmoud Abbass. Bush n’a-t-il
pas rassuré les Israéliens, « Laissez-moi vous dire que
l’Amérique sera toujours de votre côté ». L’homme d’Israël,
une fois en Egypte, a tenté, sans convaincre, de rassurer
ses interlocuteurs arabes, encore par des mots qui n’ont
rien à voir avec ce langage sacré tenu concernant Israël
bien sûr. « Nous devons nous tenir aux côtés du peuple
palestinien, qui souffre depuis des décennies et qui a gagné
le droit d’avoir sa propre patrie », a déclaré Bush lors de
la séance d’ouverture du forum avant de se dire « fermement
convaincu » qu’un accord de paix palestino-israélien peut
être conclu d’ici janvier 2009, c’est-à-dire avant la fin de
son second mandat. Est-ce réaliste ? Oui, si Bush le
voudrait vraiment. Mais les Arabes se sont retrouvés, une
fois de plus, face à une réalité qui, certes, leur déplaît.
Le président américain n’a aucune volonté de faire la
moindre pression sur Israël pour qu’il fasse des concessions
en faveur de la paix.
Les seuls « lourds sacrifices » qu’il évoque seraient
d’alléger un peu les restrictions imposées aux Palestiniens
sur les check points. Les Palestiniens, eux, et les Arabes
aussi, qui doivent faire plus selon la vision Bushienne. Le
président américain l’aurait dit à son homologue égyptien
lors de leur entretien à Charm Al-Cheikh. Il l’aurait
davantage exacerbé en parlant d’un Israël démocratique
face à des Arabes qui répriment les libertés et bien
d’autres questions épineuse. Du coup, Hosni Moubarak
déclarait le lendemain dans son discours devant le forum : «
Ceux qui s’imaginent que quelqu’un appuiera un accord ne
réalisant pas les revendications palestiniennes ont tort »,
avant de quitter la salle, boycottant l’intervention de
George Bush.
Mahmoud Abbass, qui portait sur son visage les traces d’un
homme soudainement trahi, affirmait un peu plus tôt : « Nous
ne voulons pas que les Américains négocient à notre place
(...). Tout ce que nous voulons, c’est qu’ils montrent un
minimum de neutralité ». Réaction bien différente de celle
avancée par les dirigeants de la région en 2000, lorsque le
nouveau président américain faisait ses premiers pas à la
Maison Blanche. Les Arabes étaient convaincus qu’un «
républicain » pourrait mieux négocier un accord de paix
qu’un « démocrate ». Le bilan de ces dernières 8 années est
pourtant un véritable cauchemar pour la région... Guerre en
Afghanistan, guerre en Iraq, guerre au Liban, guerre à
l’horizon avec l’Iran et feu vert pour Israël. Quelques
heures ainsi après son départ pour Washington, le ministre
israélien de la Défense sortait d’une entrevue avec le
président égyptien pour déclarer qu’Israël pourrait lancer
une opération militaire dans la bande de Gaza. La région est
au bout du gouffre, et Bush à bout de souffle. Mais pour
atténuer l’effet fiasco, son conseiller à la sécurité a
laissé entendre que le président américain pourrait se
rendre une troisième fois dans la région, pour dit-on
relancer la paix .
Samar
Al-Gamal