Al-Ahram Hebdo, Visages | Mervat Amin , Aller au bout de Soi
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Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 16 au 22 avril 2008, numéro 710

 

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Visages

Après 40 ans de carrière, l'actrice Mervat Amin garde son aura de star. L’une des rares de sa génération. De film en film, elle révèle une énergie calme et une lucidité mordante qui la caractérisent.  

Aller au bout de Soi 

Charmante et douce, elle a tout pour plaire. Le temps ne lui a volé ni sa beauté ni sa finesse, préservant à son visage une allure d’icône. Même si la vie lui a joué parfois des mauvais tours, on peut toujours reconnaître la Mervat Amin des grands rôles romantiques d’antan. Cette comédienne au charme ravageur, au naturel follement charismatique, possède l’un des plus beaux sourires du cinéma égyptien.

Retrouvant les caméras de la télévision pour la troisième fois en quelques mois, elle tourne actuellement le feuilleton Tayara waraq (cerf-volant). Juste quelques jours après avoir terminé le feuilleton Kelmet haq (juste parole) devant Hassan Hosni, programmé pour le prochain Ramadan. Elle évoque le personnage qu’elle incarne dans ce dernier feuilleton : « Tamader est riche par ses sentiments et paradoxes. Cette femme douce, présentatrice d’une émission culinaire à la télévision, gère aussi un jardin d’enfants. Les problèmes qu’elle affrontera lui feront changer de caractère ».

Un rôle qui correspond à l’image que le public se fait d’elle. Non seulement une belle femme, mais un personnage dégageant une liberté d’allure et de tempérament qui semble aux spectateurs très familière et respectueuse. « Se consacrer à un rôle avec intensité » correspond, selon elle, à sa manière « d’aller jusqu’au bout, à la recherche de la sincérité ». Mervat Amin a le talent de s’installer naturellement dans la peau du personnage, toujours à la limite entre rébellion et fragilité. On a sans cesse le sentiment qu’elle laisse quelque chose d’elle-même, qu’elle risque quelque chose, que ça n’a rien d’un jeu, car ce sont ses propres blessures qui structurent ses rôles. Sereine, elle conserve son calme légendaire et sa lucidité, à toute épreuve.

Jeune, elle a choisi le moyen d’expression qui allait devenir son objectif de vie : le cinéma. « Je me rappelle les films américains que j’avais l’habitude de regarder à la télévision. Je rêvais du grand écran », dit-elle avec des yeux qui pétillent, ajoutant : « Je n’ai pas grandi dans un milieu artistique, mais la culture était toujours omniprésente dans notre entourage ». Son père, ophtalmologue, a bien passé ses années d’études à l’étranger où il a rencontré une jeune Ecossaise, qu’il a épousée et ramenée en Egypte.

Née à Minya, en Haute-Egypte, où a travaillé son père pendant quelques mois, elle n’en garde aucun souvenir, puisqu’elle a plutôt passé son enfance au Caire, précisément dans la banlieue d’Héliopolis. « Une enfance magique et simple », se souvient-elle de ses années scolaires passées à l’établissement Saint-Marc, avant de faire lettres anglaises l’Université d’Aïn-Chams.

En 1968, une rencontre bouleversa ses plans. Le comédien Ahmad Mazhar se préparait à produire son film Nofous haëra (esprits égarés), lorsqu’il remarqua la petite Mimi, qui est venue chercher une amie sur le plateau. Deux phrases suffisaient pour décider de lui offrir son premier rôle. « J’ai passé des semaines à convaincre mes parents qui refusaient de voir leur fille unique devenir actrice. Après de longues délibérations, ils m’ont laissé vivre l’expérience, croyant que ce serait une fois pour toutes ! ».

Dans ce film original, produit par Ahmad Mazhar, la jeune inconnue crève littéralement l’écran par son naturel et sa sensualité. Elle est propulsée au devant de la scène grâce à un rôle qui a mis l’accent sur son élégance soignée de belle jeune fille pure et blonde. Un peu de l’idéal féminin de l’époque.

Tout de suite, elle est engagée par le comédien Fouad Al-Mohanddes afin d’incarner sa fiancée dans Awdet akhtar ragol fil alam (le come-back de l’homme le plus dangereux). Un tournage qui fut ajourné pendant des années.

L’apprentie-comédienne abandonne momentanément ses études et se lance à corps perdu dans le métier de l’art. « Ni la littérature ni les chiffres ni la comptabilité étaient ma tasse de thé. Je l’ai fait savoir à mes parents qui ont fini par comprendre. Alors, ils ont commencé à me prêter main-forte ».

Film après film, elle prouve que sa présence au cinéma n’est pas un effet de mode. « Avoir recours aux nouveaux talents pour la simple raison de remédier à l’ennui et à la monotonie qui pourraient atteindre le public était une leçon que les producteurs avaient bien digérée ».

Mariés en 1978, le couple Hussein Fahmi/Mervat Amin est sous les feux des projecteurs. La jeune comédienne se voit soudain à l’affiche de nombreux projets communs, dont Nagham fi hayati (mélodies de ma vie, 1975), Al-Fatena wal soelouk (la belle et le truand, 1976), Hafiya ala guesr min al-zahab (pieds nus sur un chemin doré, 1977), Mervat Amin privilégie visiblement pour un bon bout de temps les rôles de la femme fatale.

En fait, si la chance était une planète, elle aurait appartenu à Mervat Amin. Alors que le chanteur Abdel-Halim Hafez et le réalisateur Hussein Kamal étaient invités à dîner chez le directeur de la photo Wahid Farid, ce dernier a projeté le film qu’il venait de finir. Halim et Kamal se sont épris de la jeune actrice. « Halim n’a prononcé qu’une seule phrase : j’ai trouvé ! C’est elle que je cherchais pour mon nouveau film ! ».

Un premier boom : partager la vedette avec Halim et Nadia Loutfi, dans Abi fawq al-chagara (mon père perché sur l’arbre). « J’adorais les chansons de Halim et passais des heures et des heures à regarder ses films ! ».

Elle est bien consciente de ce qu’elle a vécu. « Nous avons tous de beaux souvenirs avec les chansons d’Abdel-Halim, mais qu’il me chante (dans le film) deux de ses plus belles chansons ?!! Je me souviens du tournage comme si c’était hier ! Je me rappelle également que j’étais enrhumée lorsqu’on tournait la chanson Ya khaley al-qalb (toi, au cœur libre). J’avais une voix enrouée en répondant à Halim ! ».

La mort de son chanteur adulé lui fit perdre la tête, elle n’arrivait pas à croire qu’elle ne reverrait plus le « rossignol brun ». Ses sentiments douloureux l’ont à nouveau animé en jouant en 1988 dans Zawgat ragol mohem (épouse d’un homme influent) de Mohamad Khan, où elle interprétait le rôle d’une fan de Halim dont les chansons racontaient sa vie.

Un bonheur n’arrive jamais seul : sa prestation dans ce film lui vaut pas mal de prix.

Déjà, elle était abonnée aux films phares de l’époque, ayant travaillé avant de grands réalisateurs. En roue libre dans ses rôles, mais dirigée d’une main de fer — à ses débuts — par Atef Salem, plus exigeant que jamais dans Al-Hafid (le petit-fils), Mervat Amin devient d’un film à l’autre l’une des comédiennes les plus prometteuses de sa génération.

Son regard, son sourire, ses mystères lui valent la fascination du public. Elle s’était imposée aussi par Anf wa salas oyoun (un nez et trois yeux), d’après Ihsane Abdel-Qoddous, aux côtés de la troublante Naglaa Fathi, sa seule amie, outre que Chéwikar. « Le reste, c’est des collègues partageant la même profession ! ».

« Naglaa est mon âme sœur, nous sommes de la même génération et amies depuis l’enfance. Toutes les deux, nous sommes sportives, d’Héliopolis, membre d’un même club. On se rencontre presque chaque semaine, sinon, nous passons des heures à bavarder au téléphone ».

Encore jeune, Mervat Amin, la comédienne au regard clair et à la voix cassée a interprété en 1984 le rôle d’une mère pour deux jeunes hommes dans Tazwir fi awraq rasmiya (faux papiers). De quoi accroître son crédit auprès du public et de ses pairs.

Pendant les années 1980, la comédienne rencontra Atef Al-Tayeb, un réalisateur qui lui permet de renouveler sa palette d’émotions et sa gamme de personnages, surtout avec son rôle dans Sawaq al-autobis (chauffeur de bus), devant Nour Al-Chérif, avec qui elle a partagé pas mal de succès.

Grâce à un cocktail de personnages magnifiques, Mervat Amin est aujourd’hui l’une des rares actrices de sa génération à préserver son statut de vedette incontournable.

Comme pour aller à l’encontre d’une filmographie dure et grave à la fois dans les choix de rôles et de cinéastes, la comédienne a multiplié dans les années 1990 les expériences comiques aux fins accents. Elle s’est rangée dans un registre plus léger comme dans Wahda bi wahda (œil pour œil) et s’est trouvé un superbe rôle de femme amoureuse dans Al-Donya ala guenah yamama (la vie sur l’aile d’une tourterelle).

Mais certainement destinée à des rôles plus complexes, on l’a retrouvée aussitôt dans Al-Aragoz (le guignol) avec Omar Al-Chérif, sans inhibition, d’une lucidité mordante et implacable. Elle apporte sa profondeur, son supplément d’âme au personnage, ce genre d’« énergie calme » qui n’appartient qu’à elle. Cependant, dans bien des rôles et pour longtemps, elle a été prisonnière de la belle fille séduisante, au point de dire que le cinéma l’a souvent sous-exploitée. Sa détermination l’a encouragée à faire son come-back l’année dernière au cinéma, avec Morgan Ahmad Morgan, face à Adel Imam, avec qui elle a partagé plusieurs aventures artistiques.

Bien que d’une timidité discrète, la femme n’a presque pas de zones d’ombre, ses faiblesses, elle les assume presque fièrement. Elle n’hésite pas à chercher son portable pour montrer la photo de sa fille, Menna. « C’est ma plus chère amie, mon présent et mon futur. La source de ma joie. Elle continue à nous unir, son père (le comédien Hussein Fahmi) et moi, même après notre divorce », dit-elle simplement.

Après quatre mariages et divorces, l’actrice vit sans partenaire. Elle raconte avoir épousé le chanteur syrien Mowaffaq Bahgat, le musicien égyptien Omar Khorched, le comédien Hussein Fahmi et l’homme d’affaires Moustapha Al-Béleidi. « Cela me suffit. Je ne pense pas à un cinquième, alors que ma fille se marie dans quelques semaines », plaisante-t-elle, révélant le visage d’une bien drôle, au sourire resplendissant.

Yasser Moheb

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Jalons

24 novembre : Naissance à Minya.

1968 : Première apparition sur écran à travers le film Nofous haëra (esprits égarés).

1976 : Seule pièce de théâtre, Matar al-hob (aéroport de l’amour).

2001 : Légion d’honneur pour son rôle dans le film Al-Sadate.

2007 : Hommage au festival de Damas pour l’ensemble de son œuvre.

 




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