Palestine.
Un nouveau sommet palestino-israélien n’a produit aucune
percée politique. Entre-temps, l’Etat hébreu poursuit ses
incursions dans la bande de Gaza.
Rencontre stérile
Les
entretiens palestino-israéliens se suivent et se
ressemblent, sans parvenir à apporter la moindre percée dans
un processus de paix au point mort. Une énième rencontre au
sommet a eu lieu dimanche sur fond de violence et
d’incursion israélienne. Le président palestinien Mahmoud
Abbass et le premier ministre israélien Ehud Olmert se sont
vus à Jérusalem dans une rencontre annoncée à la dernière
minute. Les entretiens en tête-à-tête ont duré une heure et
demie. Peu de choses ont filtré de la réunion qui s’est
tenue à la résidence du chef du gouvernement israélien. Il
s’agissait d’une réunion de coordination avant la visite de
M. Abbass en Russie et aux Etats-Unis et celle du président
américain George W. Bush en début mai. M. Abbass doit
rencontrer le président Vladimir Poutine le 18 avril à
Moscou et M. Bush le 24 avril à Washington.
Le président américain doit pour sa part assister aux
festivités marquant le 60e anniversaire de la création de
l’Etat hébreu les 8 et 9 mai et pourrait selon une source
palestinienne non confirmée avoir un sommet en Egypte avec
MM.
Olmert
et Abbass.
Les discussions Olmert-Abbass ont eu lieu dans le but
souhaité de parvenir à un règlement de leur conflit vieux de
60 ans avant la fin du mandat de M. Bush en janvier 2009.
Avant sa rencontre avec M. Olmert, M. Abbass avait reçu le
général James Jones, l’envoyé des Etats-Unis chargé du suivi
du dossier sécuritaire des pourparlers. « Le président
Abbass a demandé au premier ministre de coopérer avec
l’Egypte dans ses efforts en vue d’un cessez-le-feu dans la
bande de Gaza », a déclaré l’un des principaux négociateurs
palestiniens, Saëb Eraqat, dans une conférence de presse à
Ramallah en Cisjordanie. Il a aussi appelé les divers
groupes armés palestiniens « à coopérer avec l’Egypte afin
qu’un cessez-le-feu total protège la bande de Gaza des
agressions israéliennes et empêche un désastre dans la
région ».
Il faisait allusion au mouvement islamiste palestinien
Hamas, hostile aux négociations avec Israël, qui contrôle la
bande de Gaza depuis qu’il en a chassé les forces fidèles au
Fatah de M. Abbass en juin 2007. Ce territoire palestinien,
d’où sont tirées des roquettes sur le sud d’Israël, est
souvent la cible d’opérations israéliennes meurtrières. Le
Hamas avait menacé d’envahir la frontière avec l’Egypte si
l’Etat hébreu ne cesse pas le blocus qu’il impose à la bande
de Gaza.
Côté israélien, l’entourage d’Olmert s’est refusé à tout
commentaire, l’un des proches du premier ministre parlant
seulement de « discussions sérieuses ». Mais à voir le sort
des précédentes rencontres, on pourrait certes être
sceptiques quant aux résultats à attendre. En effet, les
pourparlers de paix n’ont pas progressé depuis qu’ils ont
été officiellement relancés en novembre 2007 à la conférence
de paix d’Annapolis aux Etats-Unis. Israéliens et
Palestiniens s’accusent mutuellement de bloquer toute
avancée.
Les pourparlers ont jusqu’ici été minés par la poursuite de
la colonisation juive en Cisjordanie et par les ripostes
d’Israël souvent meurtrières aux tirs de roquettes
palestiniennes depuis Gaza.
Bien plus, les discussions palestino-israéliennes ont été
suspendues le 19 février dernier, à la demande de M. Abbass
après une opération de l’armée israélienne dans la bande de
Gaza lors de laquelle 130 Palestiniens ont été tués.
C’est à la suite d’une médiation de la secrétaire d’Etat
américaine Condoleezza Rice que M. Abbass avait annoncé une
reprise des rencontres avec le premier ministre israélien.
Le Hamas est hostile à ces négociations qui, selon lui, «
masquent la poursuite de la colonisation, la judaïsation (de
Jérusalem) et donnent une justification à la poursuite des
crimes contre le peuple palestinien ».
Promesses non tenues
En effet, le point de vue du Hamas se justifie par le fait
qu’Israël n’a jamais tenu ses promesses. Les autorités
israéliennes ont levé 44 barrages routiers, la plupart sans
grande importance, en Cisjordanie occupée, soit moins que le
nombre promis à la secrétaire américaine d’Etat, Condoleezza
Rice, a déclaré l’agence de liaison humanitaire de l’Onu
(OCHA). Le Bureau de la coordination des affaires
humanitaires de l’Onu, qui recense les barrages routiers en
Cisjordanie, a mené sa propre enquête de terrain sur les 61
points dont on avait annoncé la levée après la venue de Rice.
Dans un rapport préliminaire destiné aux pays donateurs
occidentaux, l’OCHA écrit que seuls 44 d’entre ont été
retirés, 6 restent en place et 11 sont introuvables. Et sur
les 44 obstacles déblayés confirmés par l’OCHA, 5 seulement
sont classés par l’agence de l’Onu parmi les barrages «
significatifs » pour les Palestiniens.
Les Palestiniens dénoncent dans ce réseau de centaines de
postes de contrôle et de barrages routiers une punition
collective qui entrave leur développement économique et
freine les pourparlers de paix.
Outre les barrages routiers, l’armée israélienne a effectué
cette semaine une incursion dans la bande de Gaza, qui a
coûté la vie à sept Palestiniens dont un enfant de 10 ans,
selon un nouveau bilan, a-t-on appris de sources
concordantes. Cette incursion était intervenue après les
menaces des dirigeants israéliens de frapper le Hamas. «
Nous allons régler nos comptes avec le Hamas qui est seul
responsable de tout ce qui se passe dans la bande de Gaza.
Nous choisirons le moment et l’endroit voulus », a prévenu
le vice-ministre de la Défense, compromettant par la même
les fragiles espoirs de reprise des négociations de paix.
Rania
Adel