Hommage.
Le décès de l’ancien coordonnateur de l’IDAI,
connu pour ses qualités professionnelles et humaines, a
suscité l’émotion de ses collègues et de ses étudiants.
Adieu M. Biays
Le
professeur Joël Pascal Biays
n’est plus. La nouvelle circule au Caire dans les milieux
universitaires suscitant émoi et tristesse. Biays,
professeur agrégé de droit, et ancien coordonnateur de
l’Institut du Droit des Affaires Internationales (IDAI,
Université du Caire) de 2003 à 2007 et devenu depuis
septembre 2007 recteur adjoint de l’Université Galatasaray
depuis septembre 2007, est une figure inoubliable surtout
pour ses étudiants auxquels il apportait tendresse et
clairvoyance, en plus d’une insertion sérieuse à un domaine
qui n’est pas des plus faciles et qui constitue une approche
fondamentale des mécanismes juridiques, économiques et
sociaux de la société. C’est en Turquie, dans la nuit de
jeudi à vendredi, qu’il a quitté ce monde. Mais certains
souvenirs sont faits pour ne pas s’estomper.
Même s’il était parti en Turquie, il revenait au Caire pour
des missions et ses anciens étudiants ne manquaient pas de
s’adresser à lui pour demander conseil. Les réactions que
l’on a pu relever sur le Net témoignent de cet attachement,
d’autant plus qu’il se trouvait au Caire une semaine avant
son décès. « On a cru que vous êtes venu juste pour une
mission, mais cette fois-ci, ce n’était pas juste une
mission ou un séminaire de recherche, c’est comme si vous
sentiez que c’était la dernière fois que vous alliez voir
vos étudiants cairotes et que vous êtes juste venu pour leur
dire au revoir », écrit Passainte Assem, étudiante en 4e
année. Très touchée, elle a souligné aussi : « On vous a
laissé partir en nous promettant de revenir en missionnaire,
ou bien juste pour nous voir. Et la semaine dernière, vous
êtes venu comme promis. Vous êtes venu au Caire, je vous ai
salué, et vous m’avez dit : Salut Passainte, tu vas bien ?
Tu as changé un peu tes cheveux ».
Toutes sortes d’émotion chez ces étudiants ou anciens qui
n’arrivent pas encore à croire ce qui se passe. May
Al-Battouti, promo 2006, écrit : « Aujourd’hui, me
retrouvant à l’IDAI pour rendre hommage à M. Biays, j’ai
réalisé pour la première fois depuis son décès qu’il n’est
plus entre nous et que non, je ne le reverrai plus à la même
place où j’ai toujours eu l’habitude de le voir ».
En fait même s’il était parti pour la Turquie, de nombreux
étudiants désignaient les lieux par son nom. « M. Biays
était une personne gaie et enthousiaste. Il était simple et
modeste. Il nous interdisait de frapper à la porte de son
bureau avant d’entrer. Ce bureau est maintenant devenu le
bureau des assistants, mais on l’appelle toujours le bureau
de M. Biays », signale Mariam Loutfi, promotion 2007.
Au-delà de cette affection et de cette chaleur,
Biays a été l’un des meilleurs
représentants d’une France ouverte sur l’Egypte et
témoignant à travers ses filières universitaires cette
volonté de maintenir une tradition qui fait partie de sa
culture et sa vocation authentiques. L’IDAI est le fruit
d’une collaboration entre trois prestigieuses universités
françaises, Paris 1 Panthéon-Sorbonne,
Paris II Panthéon-Assas et
Paris-Dauphine. Il a clairement
vocation à s’intégrer dans cette vague de coopération
interculturelle, tout à la fois immémoriale et présente, à
travers la délivrance de diplômes français et égyptiens.
Ceci est fait « par le biais d’enseignements dispensés par
des universitaires français et égyptiens parmi les plus
pointus et rayonnants dans leurs spécialités respectives »,
comme le souligne, sans exagération, le site de cet institut
situé au cœur de la faculté de droit, à l’Université du
Caire.
Biays était l’une de ces figures. Et comme le souligne
Ibrahim Ahmad Chabana, ancien étudiant : « Il a toujours agi
comme un bon père de famille. Il a connu tous ses étudiants
par leur nom et il a toujours essayé d’être proche d’une
manière personnelle, ainsi qu’il a beaucoup fait pour l’IDAI
comme institution ».
Le maintien de cet esprit est l’un des atouts de l’IDAI, et
à cet égard pourquoi pas une salle Biays à l’institut ?
Ahmed
Loutfi