Al-Ahram Hebdo, Evénement | Moataz A. Fattah, « L’héritage échu à Obama est compliqué »
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 10 au 16 décembre 2008, numéro 744

 

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Barack Obama. Moataz A. Fattah, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire et à l’Université Central Michigan aux Etats-Unis, estime que le nouveau président américain veut le changement, mais qui ne sera pas facile et donc sera graduel. Entretien. 

« L’héritage échu à Obama est compliqué » 

Al-Ahram Hebdo : Barack Obama qui avait promis le changement a finalement préféré la continuité en choisissant son équipe, comment interprétez-vous sa position ?

Moataz A. Fattah : Obama a promis le changement et y reste engagé. Mais il veut le mener à partir de bases et dans un cadre bien défini et stable. C’est-à-dire un changement sans révolution. Lorsqu’il parle de changement, il parle de lui-même, les idées nouvelles et la stratégie différente qu’il devrait véhiculer. Obama sait très bien qu’il a des points de faiblesse. Son expérience en affaires intérieures ou étrangères est évidemment faible. Il n’est ni comme les gouverneurs des Etats qui sont experts en matière locale, ni comme les Sénateurs qui excellent en politique internationale. C’est un jeune politicien qui n’a, derrière lui, que deux ans au Sénat, ce qui explique pourquoi il cherche à être entouré de personnes expérimentées plutôt que de fidèles. Cette attitude émane surtout du fait que l’Amérique s’est livrée aux démocrates. Ils dominent le Congrès et détiennent la plupart des Etats. Concrètement, ceci signifie que toutes ses propositions vont passer facilement. Et toutes décisions, il en assumera seule la responsabilité ou en tirera profit. Il a été invité à se justifier sur cette formation et a déclaré que c’était lui qui incarnait le changement et que son équipe œuvrera en fonction de sa vision.

— L’Amérique est pourtant un pays d’institutions et non d’un seul homme ...

— Nous exagérons en représentant les Etats-Unis comme étant un pays d’institutions. Il y a des différences claires entre Bush et Clinton par exemple. Chaque nouveau président arrive avec un mandant précis. Il est élu en fonction d’un certain nombre de politiques et d’objectifs qui font que sa vision est plus importante que les institutions. Un Etat institutionnel n’est pas synonyme de barrières ni de stagnation. En affaires étrangères, Washington est dévoué à Israël, mais cela n’a pas empêché Bush père de braver la tradition et d’obliger Itzhak Shamir à s’asseoir avec les Palestiniens à Madrid.

Aux Etats-Unis, le rôle de l’individu est primordial, mais non pas dans le même sens qu’au Proche-Orient, genre Saddam Hussein qui donnant l’ordre d’envahir le Koweït, tout le monde  dit oui. Le président américain n’est pas non plus un conducteur de train qui roule sur des rails installés d’avance. C’est plutôt un capitaine de navire, qui cherche un consensus intérieur sur le chemin à suivre et la vitesse avec laquelle il va naviguer.

— Pourtant, il a opté pour une équipe dite de guerre ...

— Il n’a choisi ni Rumsfeld ni Cheney, Obama a nommé des personnes très pragmatiques. Et le pragmatisme ici veut dire que ces personnes ne travaillent pas en fonction de leurs références idéologiques, mais adopte la méthode « Run and See » (diriger et voir). Hillary Clinton est un bon exemple. Elle a voté pour la guerre contre l’Iraq, mais a reculé et s’est excusée publiquement plus tard quand elle s’est rendu compte que Bush avait tort.

— Quel message entend-il alors envoyer en formant cette équipe ?

— C’est qu’il veut le changement, mais qu’il ne sera pas facile et donc sera graduel. Car Obama ne tient pas toutes les ficelles du jeu en main. C’est le mieux qu’il pourra faire dans des conditions pareilles. L’héritage échu à Obama est compliqué. Il faut savoir que les Etats-Unis ont perdu 2 millions de postes en 5 mois et on n’a pas encore touché le fond.

— Avec une équipe pareille, croyez-vous qu’un règlement du conflit israélo-palestinien serait à l’horizon ?

— Obama a un agenda assez ambitieux sur le Proche-Orient, et en particulier le conflit israélo-arabe ; il en a fait une de ses priorités. Mais je crois que le problème de ce conflit n’est pas à la Maison Blanche en ce moment, il est plutôt au Proche-Orient. Toute solution diplomatique exige la présence de parties prêtes sur le terrain. Or, sur le terrain nous sommes à la veille de deux scrutins en Israël et en Palestine, et il semble que les radicaux des deux côtés vont l’emporter. Ce qui rend la tâche difficile devant l’Administration Obama. Les démocrates sont engagés en faveur de la paix depuis Carter. Même Hillary Clinton, alors première dame, lorsqu’elle a visité les territoires, elle a pleuré et promis aux Palestiniens que son mari et elle  feraient le nécessaire pour eux.

Propos recueillis par Samar Al-Gamal

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