Al-Ahram Hebdo,Environnement | Le projet voudrait sortir du tiroir
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Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 10 au 16 décembre 2008, numéro 744

 

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Environnement

Économies d’eau. Pour lutter contre le gaspillage dans l’agriculture, un agronome égyptien propose une idée originale consistant à planter des palmiers au bord des canaux d’irrigation. Mais elle reste encore inappliquée malgré l’approbation de diverses instances gouvernementales.  

Le projet voudrait sortir du tiroir 

Gomaa Toughan est ingénieur agronome au ministère des Ressources hydrauliques et de l’Irrigation dans le gouvernorat de Guiza. Vêtu de sa djellaba, ni célèbre ni vraiment connu, il a plutôt l’air d’un cultivateur. Il fourmille pourtant d’idées et estime pouvoir changer le sort de l’Egypte dans plusieurs domaines environnementaux. Cela fait plusieurs années qu’il est préoccupé par ces questions, en particulier celles relatives à la pénurie d’eau.

« Il faut savoir, et on l’entend depuis longtemps, que les prochaines guerres mondiales se déclencheront à cause du manque d’eau », indique Toughan.

La sonnette d’alarme a en fait déjà été tirée plusieurs fois par les scientifiques et les experts internationaux. Selon le dernier rapport du GIEC (Groupe Intergouvernemental pour l’Evolution du Climat), les différents scénarios concernant le bassin du Nil affirment que les pluies dans cette région pourraient augmenter de 20 % ou diminuer de 70 % dans les années à venir à cause du changement climatique. « Les deux possibilités seront difficiles pour l’Egypte », commente le Dr Abdel-Fattah Al-Qassas, expert international en environnement. Selon lui, si les pluies augmentent de 20 %, l’Egypte n’aura pas de quoi les récupérer. Et si elles diminuent de 70 %, ce sera le désastre de la soif et la sécheresse. En effet, l’irrigation des terres agricoles consomme de 80 à 85 % du quota de l’Egypte en eaux du Nil, avec un réseau de canaux d’irrigation et de drainage atteignant quelque 55 000 kilomètres de longueur pour servir une surface cultivée de 8 millions de feddans (1 feddan = 0,42 ha), selon les chiffres du ministère égyptien des Ressources hydrauliques et de l’Irrigation. Ce dernier tente de régler le problème, mais se contente de solutions traditionnelles et peu efficaces.

 

Produire de l’éthanol

Alors Gomaa Toughan propose de planter 20 millions de palmiers dattiers sur les bords des canaux d’irrigation et de drainage agricole, pour freiner les besoins en eau dans la culture. Il travaille sur son projet depuis 1998 et malgré son salaire modeste de 400 L.E., il a déjà déboursé des milliers de L.E. pour ses recherches. « L’idée est très simple : elle consiste à planter des palmiers sur les bords des canaux d’irrigation dont la longueur cumulée est de 55 000 km, c’est-à-dire à peu près 300 000 feddans. Puisque sur un feddan peuvent être plantés 66 palmiers, alors ces terrains peuvent contenir 1,98 million de palmiers ! », explique Toughan. Selon lui, ce projet a plusieurs avantages. Le premier d’entre eux est de limiter l’élargissement des canaux, source de gaspillage en eau. De plus, « les palmiers, comme toutes autres sortes d’arbres, sont des industries naturelles qui absorbent le dioxyde de carbone et produisent de l’oxygène, c’est donc une solution pour éliminer les gaz à effet de serre et aider à éviter les effets néfastes des changements climatiques », explique Toughan. « Ce n’est pas tout. Si on plante 20 millions de dattiers qui peuvent chacun produire 200 kg par an, alors nous aurons une récolte de 2 milliards de kg de dattes très sucrées chaque année que nous pouvons utiliser pour produire du biocarburant, de l’éthanol, que l’on pourra par exemple échanger avec les Etats-Unis contre du blé », suggère Toughan.

 

Stabilisation des rives

Mais l’avantage le plus intéressant du projet de Toughan reste celui de l’économie d’eau. Il assure que son projet permettra d’économiser quelque 10 milliards de m3 d’eau par an. Une quantité énorme si l’on sait que la part annuelle de l’Egypte en eau du Nil est de 55,5 milliards de m3, selon l’accord du Soudan de 1959. Cette quantité d’eau proviendra essentiellement de la stabilisation des rives et des canaux qui sont approfondis par les travaux de maintenance. Quant au financement du projet, il affirme que la difficulté n’est pas énorme. Le prix d’un petit palmier qui deviendra fruitier en 5 ans varie entre 20 et 30 L.E., tandis que celui d’un grand palmier capable de produire des dattes en un an est de 200 L.E.

Le projet est donc séduisant sur plusieurs points, mais Toughan est encore dans l’impossibilité de l’appliquer. « Le projet a été approuvé deux fois par le ministère des Ressources hydrauliques et de l’Irrigation. La première fois en 2005 par le Haut comité des politiques au sein du ministère et la deuxième fois en 2007 par le Comité national de l’irrigation et du drainage, toujours au sein du ministère », explique-t-il. Malgré cela, le projet reste inexécuté. « Je suis devenu un quémandeur dans les différents bureaux du ministère, comme si je voulais quelque chose pour mon bien et non pour mon pays. Je suis attaché à ce projet parce que je n’ai reçu que des avis favorables. Si une seule personne m’avait dit que ce projet n’était pas viable, j’aurais laissé tomber. Alors où est le problème ? », s’interroge Toughan.

Les responsables tirent-ils profit de la situation actuelle ? Le ministère des Ressources hydrauliques est-il incapable de trouver le financement d’un projet qui lui fera économiser 10 milliards de m3 d’eau par an et des dizaines de voyages dans les pays du bassin du Nil pour accroître le quota égyptien en eau ? Il est temps de réaliser que des solutions efficaces aux problèmes environnementaux sont proposées en Egypte.

Dalia Abdel-Salam

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Le visage décevant d’Alexandrie 

Luciano Moroni, un Italien tombé amoureux de l’Egypte et qui a décidé il y a des années d’y résider, vient d’effectuer une visite d’un jour à Alexandrie, accompagnant des amis italiens, dont le directeur du célèbre théâtre de Milan La Scala et la chanteuse de l’Opéra dans le même théâtre. En arrivant dans la zone située entre le restaurant Tekka et la citadelle de Qaïtbay à Anfouchi, ils ont été choqués de voir les ordures et les détritus faire partie du paysage de la Méditerranée. « J’ai eu deux sentiments différents : la honte devant ces touristes italiens qui s’attendaient à voir la belle Alexandrie dont je leur ai tant parlé et la déception envers la ville que j’aime le plus en Egypte », explique Moroni. Il a donc décidé de prendre des photos et de les envoyer au gouverneur actif d’Alexandrie, Adel Labib, pour prendre les mesures nécessaires, tout en ajoutant : « En Italie, les propriétaires des magasins près des plages sont obligés de les nettoyer quotidiennement, sinon ils risquent la fermeture de leur commerce pour une période de 6 mois au minimum et une amende qui peut atteindre les 4 000 euros ».

 




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