Palestine.
La trêve conclue le 19 juin entre Israël et les mouvements
palestiniens a volé en éclats, faisant plonger les
territoires occupés dans de sombres perspectives avec une
situation humanitaire qui se dégrade.
Un constat d’échec
Tout
dans les territoires palestiniens laisse présager une
situation des plus alarmantes. La trêve battue en brèche, le
président palestinien a plaidé auprès du premier ministre
israélien de la maintenir lors de leur rencontre lundi 17
novembre, alors que la situation humanitaire ne cesse de se
dégrader. Des ordres ont été donnés par le premier ministre
israélien aux responsables de la sécurité pour soumettre des
propositions le plus tôt possible sur les moyens d’agir avec
les Palestiniens, de sorte qu’un plan d’action puisse, en
cas de besoin, être soumis à l’approbation du gouvernement.
M. Olmert a également donné comme instruction aux autorités
judiciaires et militaires de mettre un terme à leurs
discussions, qui durent depuis trop longtemps, afin d’être
en mesure de présenter différents plans d’action contre le
régime terroriste du Hamas.
Tzipi Livni, la chef du parti au pouvoir Kadima, qui
pourrait être amenée à remplacer M. Olmert en cas de
victoire du mouvement aux élections anticipées du 10
février, est allée dans le même sens. « La trêve a été
violée, c’est un fait. Israël ne peut accepter une violation
sans agir. L’armée doit nous présenter des options pour
déterminer la nature de notre réaction », a-t-elle dit. La
trêve de six mois entre Israël et le Hamas est entrée en
vigueur le 19 juin après une médiation de l’Egypte.
Côté palestinien, le Hamas a rejeté les accusations
israéliennes, qualifiées de « manipulations médiatiques »,
et affirmé qu’elles « ne reflètent pas la réalité ». « La
poursuite de la trêve est conditionnée à l’arrêt de la
machine de guerre sioniste qui tue des Palestiniens et la
fin du siège injuste », a affirmé le premier ministre du
gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Les propos du premier
ministre ont coïncidé avec le meurtre de quatre militants
palestiniens tués dans un raid aérien israélien dimanche
dans le nord de la bande de Gaza.
Un porte-parole de Tsahal a précisé que l’attaque de
dimanche, menée à l’est de la ville de Gaza, visait des
activistes qui se préparaient à tirer des roquettes sur le
territoire israélien. Les Comités de résistance populaire
ont déclaré que les quatre victimes étaient des membres de
leur branche armée. « Nous avons le droit de riposter aux
attaques sionistes. Le gouvernement israélien a fait échouer
la trêve et n’a pas respecté ses engagements », a dit le
porte-parole du Hamas à Gaza, Faouzi Barhoum.
Dix-sept combattants palestiniens ont été tués depuis le 4
novembre, lorsque l’armée israélienne a mené un raid dans la
bande de Gaza pour détruire un tunnel creusé par les
activistes dans le but d’enlever un soldat de Tsahal de
l’autre côté de la frontière.
A court de vivres
Côté humanitaire, à la suite de la reprise des tirs de
roquettes sur l’Etat juif, les Israéliens ont bouclé la
bande de Gaza, suspendant la livraison de l’aide humanitaire
et du fioul destiné à l’unique centrale électrique du
territoire. Israël a maintenu fermés les points de passage «
jusqu’à nouvel ordre ».
Avant cette période de tension, quelque 160 camions
franchissaient quotidiennement les deux principaux points de
passage de Kerem Shalom et de Karni avec à leur bord des
denrées alimentaires, des médicaments, du matériel médical,
ainsi que du ciment et d’autres matériaux de construction,
selon l’armée israélienne. Les organisations humanitaires et
l’Onu se sont alarmées de la situation dans la bande de
Gaza, mettant en garde contre une prochaine crise
alimentaire dans ce territoire, où les conditions de vie
n’ont cessé de se dégrader depuis la prise du pouvoir du
Hamas en juin 2007.
« Nous sommes à court de vivres ce soir et tant que les
points de passage frontaliers seront fermés, nous ne
pourrons rien faire », a dit l’un des responsables de
l’agence de l’Onu, John Ging, qui a précisé que la situation
économique à Gaza était « désastreuse ».
Quelques colis de nourriture ont pu être remis dans la
journée à des habitants du petit territoire palestinien mais
la distribution a dû être suspendue en soirée faute de
ravitaillement.
C’est dans ce contexte que l’Union européenne a appelé
Israël à rouvrir les points de passage vers la bande de
Gaza, au moins pour les convois humanitaires. La présidence
française de l’UE « déplore la décision prise par le
gouvernement israélien de fermer les points de passage vers
Gaza. Cette décision disproportionnée conduit une nouvelle
fois à punir collectivement l’ensemble de la population
civile à Gaza, où la situation humanitaire est très
préoccupante », a-t-elle indiqué dans un communiqué. Elle «
appelle donc instamment à la réouverture des points de
passage et à la reprise immédiate des livraisons de fioul et
de produits humanitaires ».
Pire encore, le ministre israélien de la Défense Ehud Barak
a approuvé ces derniers mois des dizaines de projets de
construction dans des colonies de Cisjordanie occupée, en
contradiction avec les engagements internationaux d’Israël,
a indiqué vendredi le quotidien Haaretz. Selon ce journal,
le ministre a approuvé depuis avril la construction d’au
moins 315 logements dans la colonie de Beitar Illit, de 48 à
Ariel, de 60 à Eshkolot et d’un centre commercial à Efrat.
Pourtant, la Feuille de route, un plan international de paix
lancé en 2003 et approuvé par Israël, prévoit la fin des
violences israélo-palestiniennes ainsi que le gel de toutes
les opérations de colonisation. Peut-on parler donc d’un
probable retour à la case départ en cas de victoire du
Likoud aux législatives du 10 février prochain ?
Nombreux
sont ceux qui s’y attendent.
Rania
Adel