Al-Ahram Hebdo, Evénement | Les Arabes votent Obama
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Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2008, numéro 738

 

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Elections Américaines. Le jour J approche avec toutes sortes de spéculations sur l’intérêt que représente l’un ou l’autre des concurrents pour le monde arabe. L’espoir reste cependant placé dans une victoire du candidat démocrate.  

Les Arabes votent Obama 

On est sur la dernière ligne droite. Barack Obama et John McCain se lancent avec cet objectif d’habiter la Maison Blanche. Les présidentielles américaines ont toujours été les plus suivies et les plus sensationnelles. Faut-il oublier que l’Amérique est le pays du sensationnel dont les péripéties ressemblent bien aux productions hollywoodiennes ? Un aspect important, somme toute, et surtout à l’heure des chaînes satellites et au moment où le monde est un village planétaire. Mais évidemment, l’essentiel est le suivant ; les Etats-Unis ce sont la superpuissance qui se présente comme une « impératrice mundi ». Peut-on donc ignorer les élections ? Sans doute pas et surtout dans la région du Moyen-Orient. Celle-ci est en ébullition et l’Amérique y est impliquée, voire elle serait à l’origine de nombreux de ses troubles. Guerres en Iraq et en Afghanistan, nucléaire iranien, économie exsangue ... Le président américain George W. Bush laisse à son successeur un héritage compliqué.

Que ce soit le Républicain John McCain ou le Démocrate Barack Obama, il prendra les rênes d’une superpuissance affaiblie, confrontée à de sérieux doutes quant à ses forces, et dont l’influence est remise en cause à travers le monde, y compris par ses plus proches alliés.

Le leadership moral et la compétence des Etats-Unis à prendre les bonnes décisions continueront à être des sujets d’interrogations, à l’intérieur des frontières américaines comme à l’étranger. Et dans notre monde arabe, faut-il s’attendre à des changements avec la présidence de l’un des deux ?

Il est généralement admis soit du côté des analystes politiques que celui de l’opinion qu’il vaut mieux Obama que McCain. Une question de langage au départ, McCain parle avec violence et parfois mépris du monde arabe, des Palestiniens et de l’Iran (lire page 5) et ne propose aucune solution réaliste concernant l’Iraq et la Palestine. Ses déclarations à cet égard sont plus que révélatrices. A propos du Hamas, le sénateur McCain qui s’est rendu fréquemment en Israël, s’est déclaré opposé à des discussions avec ce mouvement. Si cela n’est pas exceptionnel en Amérique, c’est la manière dont la chose est formulée qui suscite la colère des Arabes. « Quelqu’un va devoir me donner une réponse à la question de savoir comment on peut négocier avec une organisation qui s’est fixée comme objectif de vous (Israël) éliminer (...). Si le Hamas et le Hezbollah libanais devaient réussir ici, ils l’emporteraient partout ailleurs. Non seulement au Moyen-Orient mais partout. (...) Ils aspirent à détruire tout ce en quoi croient et tout ce que défendent les Etat-Unis, Israël et l’Occident ».

De plus, McCain est bien un Républicain qui se situe dans l’itinéraire de Bush, ce qui fait que du côté du monde arabe, on ne peut guère avoir confiance en lui. Bush qui était le premier président américain à avoir appelé de ses vœux à la création d’un Etat palestinien, n’y est pas parvenu avant la fin de son mandat, suite à des tergiversations israéliennes dont il a été complice, du moins au sujet desquelles il n’a pas réagi énergiquement. L’héritage de Bush, c’est aussi la guerre contre le terrorisme, lancée après les attentats du 11 septembre, dont l’un des symboles, la prison ultra-controversée de Guantanamo, échoue au futur président. Tout ceci soulève les appréhensions au cas d’un succès de McCain. Selon Gamal Abdel-Gawad, chercheur au Centre d’Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, « le programme de McCain est vague. Pour l’Iraq, il discute de l’affaire dans le contexte du danger que représente un retrait américain rapide et son impact négatif sur les deux parties américaine et iraqienne. Là, il y a une différence importante avec Obama qui a débattu de cette question et de celle palestinienne de manière plus claire et les a considérées comme une priorité dans son programme. De toute façon, un changement va avoir lieu, mais sa proportion se déterminera selon le vainqueur ».

D’autres spécialistes égyptiens vont dans le sens où il y aurait un changement plus réel en cas de victoire d’Obama. Pour Abdel-Azim Hamad, politologue, « les promesses d’Obama sont plus claires et vont dans trois directions. Il a promis de retirer les forces américaines de l’Iraq, d’appeler à un dialogue avec l’Iran et le plus important, c’est qu’il a fermement assuré que le règlement de la cause palestinienne réalisera un intérêt national américain et constituera une garantie pour la sécurité d’Israël ».

D’autres spécialistes, y compris américains, estiment que de toute façon, il ne faut pas se fier aux promesses électorales.

Le principal objectif d’un candidat est de gagner, il est vrai, mais il lui est difficile d’aller jusqu’à mentir ou de faire juste de la propagande, puisqu’il devra rendre compte du contenu du programme qu’il présente, relève Abdel-Gawad.

Il y a évidemment des intérêts politiques américains permanents mais qui ont de nombreuses dimensions. « Les intérêts diffèrent d’un pays à l’autre. Il y aura certainement un changement, mais on ne pourra le généraliser à toutes les régions et à tous les Etats, quel que soit le vainqueur », estime Ahmad Sabet, professeur de sciences po à l’Université du Caire. Pour lui, l’influence sera très claire en ce qui concerne l’Iraq s’agissant tant d’un retrait total que d’un retrait partiel. « L’accent sera mis sur la présence américaine qui s’est soldée par de grosses pertes ». Autre facteur qui reste lié à la région moyen-orientale bien qu’il s’agisse d’un territoire éloigné, l’Afghanistan. Faut-il oublier que l’invasion américaine de l’Afghanistan a été la première étape d’une guerre dite contre le terrorisme et qui a culminé dans la campagne contre l’Iraq ? Pour Sabet, « l’Afghanistan témoignera de la nature du changement. Les forces américaines feront partie de celles de l’Otan et leur rôle se réduira aux opérations de survol et d’intelligence, sans s’impliquer dans les opérations militaires ».

Il reste évidemment que pour les Arabes, la question principale est celle de la Palestine. Un nœud focal dont le règlement passe obligatoirement par Washington qui n’arrive guère à se libérer d’une influence israélienne. De plus, jusqu’à présent, Israël est une tête de pont de l’Amérique dans cette région. « Pour chaque candidat, cette question n’est guère tentante. La complexité de la donne comporte les négociations en panne, les différends internes entre le Fatah et le Hamas, et la situation économique lamentable des Palestiniens, en plus de la faiblesse du rôle arabe », ajoute Sabet. Ainsi, il est peu probable qu’un McCain ou un Obama apporte du nouveau sur ce plan. Le Moyen-Orient constitue un vrai casse-tête et une préoccupation stratégique avec des enjeux de toutes sortes. Blanc bonnet, bonnet blanc donc ? Sans doute pas pour une grande partie de la classe politique égyptienne, Obama vaut bien mieux que McCain.

Ahmed Loutfi
Chaimaa Abdel-Hami
 

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