Palestine .
Rien ne permet de prédire un futur rapprochement entre les
deux principales factions qui se tournent le dos.
Piège infernal
Voir
les Palestiniens transcender leurs divergences et s’unir à
nouveau ? C’est un rêve qui s’avère de plus en plus
lointain. La rupture entre le Fatah du président de
l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbass et le Hamas qui
impose son pouvoir sur la bande de Gaza va grandissant,
réduisant ainsi les chances d’une proche réconciliation.
Responsables palestiniens et observateurs l’affirment. Le
porte-parole du Fatah, Ahmad Abdel-Rahmane, a réitéré cette
semaine la position de son groupe : tout dialogue avec le
Hamas sera considéré comme une reconnaissance de la
légitimité de son coup d’Etat. M. Abbass a, à plusieurs
reprises, indiqué qu’il conditionnait l’idée d’un dialogue
avec le Hamas à la remise préalable du pouvoir dans la bande
de Gaza, que le mouvement islamiste a pris par la force le
15 juin dernier, après une semaine de combats avec les
forces fidèles au Fatah, qui ont fait plus de cent morts.
Or, si le Fatah refuse de dialoguer avec le Hamas, ce
dernier estime que si la réconciliation interpalestinienne
est dans l’impasse, c’est la faute au Fatah qui est soumis à
des pressions américaines et israéliennes. Le chef du
mouvement islamiste palestinien du Hamas, Khaled Mechaal, a
affirmé qu’« Israël menace le chef de l’Autorité pour
l’empêcher de dialoguer avec le Hamas » et que « les
Etats-Unis font pression sur toutes les parties dans la
région pour empêcher toute rencontre Hamas-Fatah ».
Deux avis diamétralement opposés. Ce qui rend difficile une
nouvelle unification des rangs palestiniens. « La dissidence
ne sert que les plans américano-israéliens. On n’a qu’à
poursuivre les efforts visant la réconciliation malgré tous
les défis qui se dressent devant nous », dit pour sa part le
porte-parole du Djihad.
Un observateur résume ainsi la situation. « La situation
interpalestinienne laisse à désirer. Nous sommes devant une
situation assez compliquée. D’une part, le gouvernement
Fayyad est soutenu par la communauté internationale, il
multiplie ses contacts avec Israël afin de gagner la
sympathie du peuple palestinien et lui montrer qu’il agit
pour son intérêt. D’autre part, le gouvernement du Hamas a
le sentiment qu’il est combattu et que les critiques fusent
de tous côtés sur lui, plus il est isolé plus il tient à ses
idéologies et plus il prône la poursuite de la lutte armée.
Il se sent choisi par le peuple et n’est pas prêt à
délaisser le pouvoir ». Selon ce dernier, la coupure de
l’électricité dans la bande de Gaza n’est qu’un épisode dans
l’isolement du Hamas.
Tumultes à Gaza
C’est ce qui explique les échauffourées qui ont éclaté
vendredi entre des miliciens du Hamas et des partisans du
Fatah à Gaza. Les miliciens du Hamas ont ouvert le feu
au-dessus de plusieurs centaines de manifestants qui
s’étaient regroupés après les prières du vendredi pour
participer à un rassemblement organisé par le Fatah. Les
protestataires ont convergé vers un ancien complexe du Fatah
dans la ville de Gaza, désormais occupé par le Hamas,
scandant des slogans favorables au mouvement du président
Mahmoud Abbass, lançant des pierres et des bouteilles vides
et agitant des drapeaux du Fatah. Le porte-parole de la
Force exécutive du mouvement islamiste, Islam Chahouan, a
indiqué que les coups de feu étaient des tirs dirigés en
l’air, à titre d’avertissement. « Nous les avons autorisés à
se rassembler dans la plus grande liberté mais ils ont
commencé à scander des jurons et ont attaqué le centre de
sécurité avec des pierres », a déclaré Chahouan.
C’est la deuxième fois en l’espace de quelques semaines que
des incidents violents opposent des hommes du Hamas à des
partisans du Fatah. Des représentants du Fatah accusent le
Hamas d’avoir arrêté des centaines de leurs hommes depuis la
prise de contrôle de Gaza. Une centaine est encore en prison
et beaucoup ont été torturés, ajoutent-ils.
Le Hamas assure que toutes ces arrestations relevaient de
délits de droit commun et n’avaient aucun caractère
politique. Il fait valoir, par ailleurs, que les forces de
sécurité du Fatah ont arrêté un demi-millier de ses
partisans en Cisjordanie. Mais, la pression visant des
journalistes et des opposants politiques semble prendre de
l’ampleur. Des dizaines de journalistes palestiniens ont
participé dimanche dans la ville de Gaza à un sit-in de
protestation contre les pressions que le Hamas exerce sur
les médias depuis sa prise de contrôle de ce territoire à la
mi-juin. Plus de cent journalistes se sont rassemblés devant
le siège de l’Union des journalistes au centre de Gaza, pour
protester contre la brève interpellation vendredi de quatre
des leurs par des miliciens du Hamas. Vendredi, plusieurs
hommes du Hamas chargés de la sécurité ont ainsi tenté de
confisquer la caméra d’un reporter de Reuters TV qui filmait
la manifestation.
Les miliciens du Hamas ont également interpellé un
photographe travaillant pour l’Agence France Presse et un
cameraman de la chaîne télévisée russe Russia Today. Ils ont
aussi cassé une caméra de télévision appartenant à la chaîne
en langue arabe Al-Arabiya. Un autre reporter a été vu en
train d’être emmené à bord d’une voiture du Hamas, mais les
hommes armés avaient couvert son visage, et on ignorait dans
l’immédiat son identité.
Un porte-parole de la milice du Hamas, Saber Khalifa, a
affirmé qu’aucun protestataire n’avait été blessé. Il n’a
fait aucun commentaire sur l’arrestation des reporters.
Tentant de ne pas donner une mauvaise image de son
mouvement, le porte-parole du ministre de l’Intérieur du
Hamas dans la bande de Gaza, Ehab Al-Ghsain, a prévenu que
si ce type de violences était avéré, des sanctions seraient
prononcées contre leurs auteurs. En attendant, les
Palestiniens sont pris au piège dans un triangle infernal :
Le Fatah, Le Hamas et Israël, principal bénéficiaire de ce
chaos;
Rania
Adel