Edito Le miroir du drame interne
En
Iraq, les jours se suivent et se ressemblent ; ils sont faits de tragédies de
toutes sortes ; de mort et de destruction. Le problème des réfugiés est l’un
des plus poignants. Depuis l’invasion de l’Iraq par les troupes américaines en
mars 2003, environ 2,2 millions d’Iraqiens ont quitté leur pays meurtri par les
violences de toutes sortes pour se réfugier principalement en Syrie (1,4
million) et en Jordanie (750 000). D’ailleurs, deux millions d’Iraqiens sont
également déplacés à l’intérieur même de l’Iraq, selon le Haut-Commissariat
de l’Onu pour les Réfugiés (HCR). Pour se pencher sur la question, une
conférence a eu lieu à Amman. La Jordanie, l’Iraq, la Syrie, l’Onu, l’Union
européenne et la Ligue arabe y ont participé, de même que des observateurs
venus d’Iran, de Turquie, de Russie, du Japon, de Grande-Bretagne et des
Etats-Unis. C’est-à-dire toutes les puissances et instances concernées d’une
manière ou d’une autre. L’Iraq, lui, a appelé la communauté internationale à
aider davantage les réfugiés. La conférence a jugé que la véritable solution
était un retour des réfugiés dans leur pays. Solution qui, le moins que l’on
puisse dire, est purement théorique. Les tenants de cette manière de résoudre
le problème ont reconnu certes que « cela nécessite la mise en place de la
sécurité et de la stabilité dans ce pays, à travers un processus politique
auquel participeraient toutes les forces politiques, religieuses et ethniques. Il
est certain que cette manière de voir les choses peut être logique, mais reste
très éloignée de la réalité à l’heure où les perspectives d’un règlement dans
ce pays sont très éloignées. Il s’agit tant des facteurs internes que d’un
autre externe, celui de l’occupation américaine. Dans les deux cas, c’est
l’immobilisme et le chaos. Cela revient carrément à renvoyer la question des
réfugiés aux calendes grecques ».
Si
pour sa part, le chef de la délégation syrienne, l’ambassadeur Milad Attieh, a estimé que les
Etats-Unis devaient eux aussi « assumer leurs responsabilités », le communiqué
final n’a toutefois pas fait référence aux Etats-Unis, puissance occupante qui
détient sans doute certains clefs et pouvoirs. De plus, la conférence a
souligné que les « pays d’accueil étaient maîtres des conditions d’entrée et de
résidence des Iraqiens sur leur territoire », en réaction aux critiques
formulées par le délégué iraqien contre les pays qui « refusent l’entrée
d’Iraqiens » ou les « détiennent dans les aéroports pendant plusieurs jours
avant de les forcer à retourner » chez eux.
Cela
dénote de réalisme, mais aussi du peu de souci que l’on se fait de ces
Iraqiens. Le HCR a dénoncé récemment le peu d’empressement de la communauté
internationale à respecter ses promesses envers la Jordanie et la Syrie,
estimant que ces deux pays auraient besoin de « centaines et centaines de
millions » pour aider les réfugiés iraqiens. Une crise de l’humanitaire dont la
solution paraît bien lointaine et qui dénote du peu de souci que l’on se fait
dans cet univers mondialisé de l’homme en chair et en os.
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