Journée Mondiale de l’Environnement.
« La fonte des glaces : une question brûlante ? ». Cette
année, le thème des célébrations a mis en lumière les effets
des transformations du milieu polaire sur le climat du monde
entier, y compris l’Egypte.
Du souci à se faire
Dans
le cadre de l’Année polaire internationale (2007-2008), le
Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE)
pouvait difficilement retenir un sujet autre que la fonte
des glaces pour célébrer la Journée mondiale de
l’environnement. Elle expose en effet des millions de
personnes à des risques d’inondations, de sécheresse et de
pénurie d’eau. Selon Akim Steiner, secrétaire général
adjoint des Nations-Unies et directeur exécutif du PNUE, le
changement climatique amplifie les disparités entre riches
et pauvres et accentue les tensions portant sur des
ressources naturelles fragiles et de plus en plus rares
telles que les terres arables et l’eau douce. « Il augmente
la possibilité de voir naître une nouvelle catégorie de
déplacés, à savoir les réfugiés environnementaux », assure
Steiner.
Beaucoup
d’encre a coulé pour couvrir les différentes dimensions de
ce sujet qui fait souvent la une de publications aussi
célèbres que le Times. Et des dizaines de conférences l’ont
aussi traité. Mais selon Steiner, aucun accord n’a été
convenu en ce qui concerne les réductions soutenues des
émissions des gaz à effet de serre nécessaire afin de
stabiliser l’atmosphère. « Une volonté politique collective
et décisive est la dernière pièce manquante du puzzle. Bien
que de nombreux secteurs de la société se mettent à l’œuvre
pour pallier le changement climatique, y compris les
autorités locales, l’industrie, le secteur financier et la
société civile, les réformes dans le processus politique en
général demeurent d’une lenteur frustrante », estime
Steiner.
L’Egypte, comme d’habitude depuis la nomination du troisième
ministre de l’Environnement Magued Georges, célèbre la
Journée mondiale de l’environnement (5 juin) avec de
gros moyens, fortement encouragée pour la deuxième année
successive par Madame Suzanne Moubarak. Le ministère de
l’Environnement a consacré une vingtaine d’activités pour
fêter l’occasion, et ce en étroite collaboration avec les
ministères concernés et certains gouvernorats.
« Le thème de cette année qui est le changement climatique
ou le phénomène de la fonte des glaces dû au réchauffement
de la planète est celui le plus souvent abordé ces dernières
années, et l’Egypte, avec ses nombreuses côtes, est très
concernée », explique Magued Georges.
Le ministère de l’Environnement a alors organisé une
exposition sur les changements climatiques au siège du
centre culturel environnemental Bayt Al-Qahira (la maison du
Caire), avec un coin consacré aux énergies renouvelables
solaire et éolienne. En coopération avec la compagnie
pétrolière Shell, le ministère de l’Environnement a projeté
le documentaire lauréat An Unconvenient Truth (une vérité
qui dérange) de l’ex-candidat aux présidentielles
américaines Al Gore, primé par deux 2 Oscars en 2007. Le
secteur privé, les ambassades et quelques ministères
concernés ont profité de l’occasion pour exposer des
technologies amies de l’environnement. Un forum sur les
changements climatiques a de plus pris place à travers
lequel les experts ont abordé le thème du Mécanisme du
Développement Propre (MDP) qui figure comme l’un des outils
les plus importants du protocole de Kyoto. Il vise à la
réduction du dioxyde de carbone (CO2), le gaz à effet de
serre, qui alimente le plus le phénomène des changements
climatiques.
Réserves naturelles gratuites
L’exposition et le forum ne sont que deux exemples. La liste
des activités en Egypte pour fêter la Journée mondiale de
l’environnement a compris aussi l’ouverture gratuite des
réserves naturelles au public, la publication de brochures,
ou encore du magazine pour enfant Bezra, sur le thème de la
célébration. En outre, des concours pour enfants et adultes
ayant pour thème le changement climatique ont été organisés
et les prix seront distribués le 10 juin. Une campagne de
sensibilisation a eu lieu au centre culturel Saqiet Al-Sawi
ainsi que des campagnes de retrait de carte grise des
véhicules trop polluants. Mais la nouveauté cette année est
l’organisation du premier Festival international du Nil pour
les films environnementaux, du 5 au 12 juin (voir encadré).
Avec le thème de la fonte des glaces choisi cette année, il
s’agit de nommer les choses par leur nom. Le phénomène du
changement climatique n’est pas nouveau, mais les
différentes activités de l’homme, surtout industrielles, ont
fait que le rythme de ces changements s’accélère. Des pays
vont souffrir plus que d’autres de ces changements. « Les
ressources en eau seront grièvement touchées durant les
années à venir et les experts en eau avouent que 3 des 10
pays du Bassin du Nil, y compris l’Egypte, souffriront d’une
pénurie à l’horizon 2025. Le réchauffement, la sécheresse et
le raccourcissement des saisons de pluie font que les
ressources du Nil diminuent », commente le Dr Emadeddine
Adli, président du Forum international des organisations de
la société civile pour le développement du Bassin du Nil,
connu sous le nom de NBD (Nile Basin Discourse) et PDG du
Bureau Arabe pour la Jeunesse et l’Environnement (BAJE). Ce
qui aura des répercussions négatives sur l’agriculture, qui
consomme à elle seule 85 % de ressources en eau du pays. «
Outre les effets sur l’eau potable et l’agriculture,
l’élévation du niveau de la mer, conjuguée à l’augmentation
prévue de la température, pourrait déplacer des millions de
personnes vivant dans les régions de basse altitude, telles
que le Delta du Nil », explique le Dr Moustapha Kamal Tolba,
expert international de l’environnement et ancien directeur
exécutif du PNUE. La situation est dangereuse et une prise
de conscience rapide est nécessaire. Mais reste un mot à
dire : sans volonté politique publique, les efforts
individuels sont vains.
Dalia
Abdel-Salam