Palestine .
Les Palestiniens sont pris entre deux feux, agressions
israéliennes d’une part et affrontements fratricides d’autre
part. De quoi éloigner toute perspective d’accalmie.
Bouillonnement extrême
La
campagne aérienne puis terrestre menée par Israël depuis le
16 mai est loin de prendre fin. Ses opérations dans la bande
de Gaza qui ont fait jusqu’à maintenant 55 tués, 16 civils
et 39 combattants vont continuer comme l’avait promis
dimanche le premier ministre israélien Ehud Olmert, et ce au
lendemain d’une attaque présentée par l’armée comme une
tentative déjouée d’un commando palestinien de capturer un
militaire en territoire israélien.
Des combattants palestiniens de la bande de Gaza ont lancé,
en effet, samedi une attaque contre une position militaire
en territoire israélien, la première depuis l’opération
commando en juin 2006, qui s’était soldée par la capture du
soldat Gilad Shalit. Le Djihad islamique a revendiqué
l’attaque menée avec les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, une
milice liée au Fatah du président de l’Autorité
palestinienne Mahmoud Abbass. L’attaque, baptisée Eté chaud
par les groupes armés palestiniens, n’a pas fait de victimes
dans les rangs israéliens. Elle visait, selon les
assaillants, l’enlèvement d’un soldat mais leur tentative
s’est soldée par un échec en raison de l’arrivée
d’hélicoptères de l’armée israélienne sur place. L’aviation
israélienne a riposté tôt dimanche matin à l’agression,
attaquant au moins une cible du Djihad islamique dans la
ville de Gaza, selon Tsahal. Des responsables des services
de sécurité palestiniens ont précisé qu’un bureau du groupe
radical avait été endommagé dans le raid.
Mais, il faut se méfier de croire que le durcissement de ton
israélien est une riposte à cette opération, puisque déjà
Israël menait samedi matin une incursion de blindés et
d’unités d’infanterie dans le secteur de Rafah, où des
échanges de tirs ont eu lieu avec des membres de la branche
armée du mouvement du Hamas. Un grand nombre de chars
d’assaut et de bulldozers israéliens ont fait irruption
samedi matin dans la ville palestinienne de Rafah, située
dans le sud de la bande de Gaza, où plusieurs Palestiniens
ont été arrêtés à cette occasion, ont rapporté des sources
de sécurité palestiniennes. Selon un communiqué du bureau
d’information des Forces de sécurité nationale
palestiniennes, les bulldozers israéliens ont détruit des
champs agricoles, tandis que des soldats israéliens ont
occupé le toit de trois maisons.
Manque d’une vision politique
Parallèlement à ces attaques israéliennes, la bande de Gaza
vit depuis jeudi une nouvelle flambée de violence après plus
de trois semaines de calme relatif. Des sources de sécurité
et médicales ont affirmé que des membres du Hamas avaient
tué un garde présidentiel en le jetant d’un haut d’un
immeuble de Gaza.
Les combats qui ont éclaté entre le Fatah et le Hamas samedi
soir continuaient dimanche matin à Rafah, dans le sud de la
bande de Gaza, et se sont étendus à des faubourgs de l’ouest
de la ville, selon des témoins. Des responsables
palestiniens faisaient état de 60 blessés dans la nuit. Des
tireurs isolés ont pris position dans des bâtiments de
Rafah, tandis que des barrages étaient installés sur les
routes par les deux camps, qui se battaient avec des armes à
feu et des grenades. L’un des accrochages a eu lieu près de
la maison de Ghazi Hamad, porte-parole du premier ministre
Ismaïl Haniyeh, du parti islamiste du Hamas, mais le
domicile n’a pas été attaqué, selon l’épouse de l’intéressé.
Les affrontements entre le Hamas et le Fatah, dont les
dirigeants politiques ont formé un gouvernement d’unité
nationale en mars pour mettre fin aux accrochages, ont de
leur côté fait plus de 50 morts depuis la mi-mai. Trois
militants ont été tués depuis jeudi. « Les affrontements
internes entre Palestiniens sont dus au manque d’une vision
politique palestinienne. Il faut d’abord chercher à arrêter
ces luttes sur le pouvoir avant d’évoquer les négociations
avec l’Etat hébreu. Un dialogue national inter-palestinien
est inéluctable pour contenir ce chaos sécuritaire. Mais il
ne faut pas perdre de vue que la situation actuelle n’est
que le résultat de la politique israélienne intransigeante
qui a privé le peuple palestinien de ses droits », commente
le Dr Sayed Elewa, politologue.
N’y a-t-il pas donc aucune lueur d’espoir ? En effet, tout
dépend de la volonté des deux côtés. Le ministre égyptien
des Affaires étrangères, Ahmad Aboul-Gheit, a indiqué samedi
que le déploiement d’une force de maintien de la paix dans
les territoires palestiniens dépendait de l’attitude des
Palestiniens et des Israéliens.
M. Gheit, qui s’exprimait à la presse locale, a souligné
l’importance d’envoyer une mission de maintien de paix dans
les territoires palestiniens. Parmi les éléments
fondamentaux nécessaires pour une telle mission, il a cité
un arrêt des combats palestiniens, un cessez-le-feu
israélo-palestinien et des négociations actives entre les
parties concernées afin de parvenir à un accord final.
Aboul-Gheit a également souligné que toute disposition à
prendre à Gaza devrait également être prise en Cisjordanie,
ajoutant que la présence d’une force internationale en
Cisjordanie pourrait empêcher Israël de continuer la
construction du mur de séparation.
Rania
Adel