Al-Ahram Hebdo, Dossier | Pour jouer un air plus moderato
  Président Salah Al-Ghamry
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 11 au 17 avril 2007, numéro 657

 

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Dossier

Etats-Unis-Monde arabe . Le Quartette arabe naissant serait tout à fait d’inspiration américaine, mettant en avant les pays arabes les plus modérés et les plus importants pour Washington à l’heure actuelle.

Pour jouer un air plus moderato

Le Quartette arabe un terme tout à fait récent qui vient d’apparaître sur la scène politique. Celui-ci, regroupant l’Egypte, l’Arabie saoudite, la Jordanie et les Emirats arabes unis, n’est pas un comité mandaté par la Ligue arabe, mais il a presque été formé d’après une volonté purement américaine. Cette nouvelle formule a reçu son baptême durant la rencontre de la secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice, avec ses homologues de ces quatre pays qui a eu lieu à Assouan, quelques jours avant la tenue du dernier sommet arabe. Le but déclaré de cette rencontre était d’évoquer les moyens de relancer le processus de paix israélo-palestinien avant la tenue du sommet. Mais selon les observateurs, le doute avait plané sur cette rencontre, notamment sur le choix de ces pays posant alors la question :

Quelle est l’intention américaine derrière la création de ce Quartette ? Et pourquoi ces quatre pays seulement ? N’est-ce pas Rice qui avait au départ entrepris la formation de « l’axe des modérés », connu sous l’appellation de « groupe 6+2 » des pays modérés, pays du Golfe avec l’Egypte et la Jordanie contre le camp d’extrémistes ? Mais elle s’est résolue finalement à sélectionner quatre seulement pour former le groupe. Mais quels sont les critères derrière le choix de ces quatre membres ? « Au départ, il s’agit des pays qui ont d’excellentes relations bilatérales avec les Etats-Unis, qui les qualifient d’interlocuteurs privilégiés, d’alliés principaux dans la région. Mais le fait de les regrouper au sein d’une seule coalition est susceptible de leur donner plus de force pour orienter la politique arabe selon la boussole américaine », estime le politologue égyptien Ahmad Sabet. « D’autres pays, comme le Qatar ou Bahreïn, par exemple, ont été écartés étant donné les différends qui les opposent à l’Arabie saoudite », ajoute Sabet. Celui-ci met aussi en relief des relations troubles de l’Egypte avec le Qatar pour sa chaîne de télé Al-Jazeera, mal vue des autorités du Caire comme de la plupart des pays arabes.

L’Egypte et la Jordanie sont normalement en tête de liste, ces deux pays étant signataires de traités de paix avec Israël et dont la stratégie dans la région va de pair avec celle américaine. D’ailleurs, comme le rappelle Sabet, l’Egypte détient plusieurs dossiers sécuritaires importants : « Elle joue un rôle important quant au contrôle de la frontière avec Israël, fait pression sur les Palestiniens pour l’affaire Shalit, procède à la formation de la police iraqienne ». Autant de rôles qui en font un allié privilégié. Pour l’Arabie saoudite, elle occupe aujourd’hui une place distinguée sur l’échiquier régional. Riyad est un acteur majeur au Liban, le gardien des principaux lieux saints musulmans. Sa position de premier pays producteur de pétrole le met en situation de force. L’Arabie saoudite a su jouer le rôle de médiateur entre les organisations palestiniennes, le Hamas et le Fatah, pour aboutir aux accords de La Mecque qui, depuis, ont conduit à la formation d’un gouvernement palestinien d’union nationale. Quant aux Emirats, ils sont un pays du Golfe connu pour « sa situation financière privilégiée et pour être acceptable sur le niveau arabe. Des bases navales et militaires américaines sont installées dans ce pays », affirme le politologue Moustapha Magdi. De plus, ces quatre pays seraient disposés à soutenir la politique américaine contre l’Iran. Evidemment, sans le recours à l’option militaire (Lire article). Ces quatre pays qui affichent de toute façon leurs distances avec la politique iranienne, en particulier sur le dossier nucléaire.

« La mise sur pied d’un quartette arabe traduit les difficultés de l’Administration Bush prise dans le bourbier iraqien. Par cette alliance, Washington cherche à faire approuver sa nouvelle stratégie en Iraq », dit Abdel-Ghaffar Chokr, directeur du Centre d’études arabes, sans oublier que l’affaire iraqienne se situe dans le cadre arabe général.

Quant au processus de paix, ce quartette va-t-il poursuivre la tâche de l’actuel Quartette international (Etats-Unis, Union européenne, Russie et Onu) ? Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’Onu, avait déclaré qu’« il faut creuser cette idée très intéressante » de réunir non seulement les Israéliens et les Palestiniens, mais aussi des représentants du « Quartette arabe ». Egalement, Javier Solana, le représentant de l’Union européenne, avait dit : « Nous prévoyons que la prochaine réunion du Quartette international se tiendra dans la région et si possible qu’une autre y associera le Quartette arabe ».

Des analystes mettent en doute l’utilité pour les Arabes de ce regroupement. « Pas d’espoir à en tirer, il va aider à l’application de la vision américaine qui cherche en premier lieu à assurer la sécurité israélienne et non pas à récupérer les droits palestiniens », affirme Sabet. Preuve en est qu’Ehud Olmert, le premier ministre israélien, qui se refusait toujours à de véritables négociations avec les Palestiniens, a d’ores et déjà fait savoir que ce serait « très positif si les pays arabes modérés s’efforçaient de faire avancer le processus de paix en suivant les grandes lignes de l’initiative saoudienne » et s’est dit prêt à participer à une telle réunion, qui pourrait se tenir en Egypte ...

Des formules de toutes sortes qui se mettent en place pour tenter de réaliser les intérêts autant des Américains que des régimes arabes.

Aliaa Al-Korachi 

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Les dessous de
 la stratégie américaine
 

Washington,
De notre correspondant —

L’Administration américaine ne laisse passer aucune occasion pour rappeler son engagement à propager la démocratie dans le monde arabe et islamique. Ses adversaires, non plus, ne laissent passer l’occasion d’accuser cette même administration d’avoir manqué à ses engagements ou d’avoir échoué à réaliser son objectif. Or, il faut s’interroger : est-ce que les Etats-Unis, et plus particulièrement l’Administration Bush, étaient un jour ou l’autre sérieusement engagés à faire régner la démocratie ou à l’imposer ou même à faire pression pour l’appliquer dans les pays arabes et islamiques ?

Dire que l’Administration américaine est revenue sur son engagement ou qu’elle a échoué dans sa mission signifie que cet objectif figure réellement sur l’agenda de la politique étrangère concernant les relations avec les Arabes. Ceci est-il vrai ?

Cette question de l’engagement américain à faire régner la démocratie suscite aussi une autre question importante : A quel point Washington a-t-il réussi à exploiter ce slogan de la démocratie au service d’objectifs politiques déterminés qui n’ont rien à voir avec la démocratie ?

Il est inutile de s’arrêter longtemps devant la première question. En effet, rien ne laisse croire que les Etats-Unis, en particulier sous l’Administration actuelle, ont un jour décidé d’exercer une pression réelle sur les régimes dictatoriaux alliés aux Etats-Unis dans le monde arabo-musulman pour les convaincre d’opter pour la démocratie. Washington sait parfaitement que le résultat du transfert vers la démocratie sera la chute de ces mêmes régimes. Et les Etats-Unis ne peuvent en assumer le prix.

Nous en arrivons à la seconde partie de la question concernant l’exploitation du terme de démocratie pour servir les objectifs politiques intérieurs et extérieurs des Etats-Unis. Cette réalité est devenue de plus en plus claire sous l’Administration actuelle qui s’est même élargie dans l’exploitation de la démocratie comme prétexte moral à ses aventures militaires.

La guerre contre l’Iraq constitue un exemple classique qui montre à quel point Bush a eu recours à l’acceptation internationale du principe de la démocratie comme objectif noble pour justifier son invasion de l’Iraq. L’Administration Bush continue à refuser de reconnaître que les forces américaines en Iraq sont des forces d’occupation, assurant qu’elles jouent un rôle de libération, une tendance qui s’est renforcée du fait que Washington n’a pas réussi à prouver l’existence d’armes de destruction massive en Iraq.

Il est important de signaler que l’expérience américaine a dévoilé une réalité arabe attristante : l’instauration d’un régime démocratique réel, même avec la chute du régime de dictature, est une chose très difficile qui implique des dangers de démantèlement et de conflits intérieurs, et peut-être même de guerre civile.

Or, l’Administration américaine ne peut renoncer totalement, même de manière théorique, à l’idée de la propagation de la démocratie dans le monde comme partie de son programme politique étranger. Et les causes sont claires. Premièrement, brandir le bâton de la démocratie au visage des gouvernements arabes, y compris les alliés, réalise des gains importants et rend ces gouvernements plus flexibles face aux réclamations américaines.

Et rien n’empêche, selon les règles du jeu que connaissent les deux parties, que les Etats-Unis exercent des pressions sur un certain régime sans que ceci ne cause de grande gêne pour le régime ou l’expose à de graves problèmes.

Nous savons que l’année dernière, les Etats-Unis ont consacré 1,2 milliard de dollars pour le renforcement des droits de l’homme et de la démocratie dans le monde. L’Administration américaine publie un rapport annuel sur les violations des droits de l’homme, lequel adresse de nombreuses critiques à ses alliés. Mais la rigueur de ces critiques ne peut être comparée à celle des critiques adressées aux ennemis, même si les violations des droits de l’homme sont les mêmes dans les deux cas. De plus, les sanctions imposées aux Etats ennemis sous prétexte de violation à la démocratie n’ont rien à voir avec les « pressions douces » exercées contre les Etats amis qui commettent les mêmes violations, voire peut-être plus.

Assem Abdel-Khaleq

 




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