Al-Ahram Hebdo, Opinion | Mohamed Salmawy, Il ne s’agit pas d’une rampe !
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 Semaine du 21 à 27 février 2007, numéro 650

 

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Opinion

Il ne s’agit pas d’une rampe !

Par Mohamed Salmawy

Les cartes se sont brouillées. Réalité et fiction se sont mêlées. Nous les Arabes, nous ne savons pas que faire pour empêcher Israël de poursuivre ses travaux près de la mosquée d’Al-Aqsa, où il détruit la zone menant à la porte des Maghrébins, sous prétexte de construire une rampe à la place de celle qui a été démolie il y a plusieurs années.

Au beau milieu des cris de colère venant des quatre coins du monde arabe, personne ne s’est arrêté pour revoir ce que dit l’Histoire qu’Israël a réussi à falsifier. Il semble qu’avec le temps, nous avons tendance à croire ce dernier, ignorant ou feignant d’ignorer notre Histoire arabo-musulmane.

La porte des Maghrébins, qui menait à ce qui était convenu d’appeler jusqu’en 1967 la ruelle des Maghrébins, était l’un des sites qu’Israël a effacés dès son occupation de Jérusalem et auquel il a imposé l’identité juive. Le mur des lamentations bordait cet endroit à l’est. Le nom de la zone tenait à ses habitants venus des pays du Maghreb arabe. Ces Maghrébins ont choisi de se loger particulièrement dans ce site sacré des musulmans depuis plus de 1 300 ans.

Quant à la vénération que vouent les juifs au mur du Bouraq — que ces derniers ont appelé plus tard le mur des lamentations —, elle ne commence qu’environ dix siècles après celle des musulmans pour ce lieu, c’est-à-dire au XVIe siècle.

Malheureusement, nous avons commencé, nous aussi, à l’appeler le mur des lamentations et non plus le mur du Bouraq qui est considéré comme l’un des lieux musulmans les plus sacrés. Nous avons même commencé à voir la question de la même manière que la presse étrangère qui dit que la mosquée d’Al-Aqsa est un monument islamique, alors que le mur est un monument juif. Mais l’Histoire dit le contraire : C’est un lieu sacré pour les musulmans et il gardait son appellation du mur du Bouraq jusqu’en 1967.

En se référant aux documents britanniques pendant la période du mandat sur la Palestine, nous constatons qu’ils ne désignent ce mur que par le terme du Bouraq. En 1928, certains juifs ont essayé d’usurper ce mur en occupant son trottoir. Les habitants arabes s’y sont alors opposés dans un combat violent provoquant la colère des leaders du mouvement sioniste mondial. Les événements se sont aggravés tout au long des mois suivants, et furent appelés à l’époque « la révolution du Bouraq » qui s’est déclenchée un vendredi après la sortie des fidèles de la mosquée. A tel point que les autorités britanniques ont dû former un comité parlementaire pour enquêter sur ces événements. Ce comité a présenté en 1930 un rapport confirmant le droit incontestable des musulmans à posséder le trottoir attenant au mur et menant à la ruelle des Maghrébins. Le comité a déclaré que c’était un waqf (bien) conformément aux préceptes de la charia islamique.

Quant à la ruelle des Maghrébins, elle a été rasée par les bulldozers quelques jours après l’occupation israélienne de Jérusalem en juin 1967. Ces bulldozers ont démoli toutes les habitations, outre 135 bâtiments, propriétés des Waqfs islamiques. Tout le quartier avait disparu en deux jours seulement.

Afin d’exécuter ce plan sur le terrain, les forces d’occupation israéliennes ont imposé un couvre-feu de 18 heures par jour, au cours duquel elles ont démoli tous les bâtiments en place, dont certains remontaient à des centaines d’années. Ils avertissaient les habitants quelques heures seulement avant la destruction de leurs maisons. Ce qui veut dire que les habitants sortaient de chez eux avec ce qu’ils pouvaient porter à la main s’ils n’avaient pas d’enfants sur les bras. D’ailleurs, certaines maisons ont été démolies sur la tête de leurs habitants lorsqu’ils ont refusé de sortir ou qu’ils n’ont pas eu le temps de les évacuer.

Selon les Nations-Unies, deux mosquées figuraient parmi les bâtiments qui ont été démolis, alors que 650 personnes ont perdu leurs maisons en un seul jour. Les documents internationaux démontrent que Jérusalem, le jour où elle a été occupée par Israël en 1967, comportait 199 sites islamiques, dont certains remontaient à la période de la conquête islamique. Quelque 60 sites chrétiens s’y trouvaient également. Ils remontaient à des périodes historiques ultérieures ou antérieures à ceux des sites musulmans. Quant aux monuments juifs, ils ne dépassaient pas le nombre de 15 et ont été construits durant les 150 années ayant précédé l’occupation.

Mais ces chiffres sont tombés aujourd’hui aux oubliettes. Les bulldozers de l’occupation israélienne ont changé la réalité géographique de Jérusalem et de la Palestine même et ce, depuis le premier jour de l’occupation, conformément à un plan bien établi. D’ailleurs, les travaux actuels que mène Israël à proximité de la mosquée d’Al-Aqsa font partie de ce plan visant la judaïsation de Jérusalem par l’effacement de l’identité arabe et son remplacement par celle des juifs.

Dans ce contexte, les endroits ont changé comme les noms. Tels le mur du Bouraq, devenu mur des Lamentations ; la route du Bouraq, devenue Yehuda Halevi. Ainsi est le cas de la porte des Maghrébins, du musée palestinien, de l’aéroport de Jérusalem, etc.

Cependant, la mosquée d’Al-Aqsa a résisté à ces tentatives. C’est pourquoi elle a été témoin ces dernières années de tentatives désespérées d’agression. Celle à laquelle nous assistons maintenant porte, selon les historiens, le numéro 118. La plus connue de ces agressions est celle de l’incendie d’Al-Aqsa en 1969.

Israël a saisi l’occasion de la lutte interpalestinienne entre le Hamas et le Fatah, et la faiblesse des régimes arabes et musulmans pour essayer à nouveau d’attenter à la mosquée d’Al-Aqsa sous prétexte de construire cette prétendue rampe.

Le Washington Post, de son côté, a dévoilé, il y a quelques jours, que le gouvernement israélien est en train de financer la première opération de construction de colonies juives à l’intérieur du quartier musulman à Jérusalem-Est. Le quotidien a fait part — selon des sources israéliennes — de l’existence d’un plan « de développement » de la porte de Zohour comprenant la construction de 20 unités de logements juifs et un temple.

La question n’est donc pas une affaire de construction d’une rampe, mais d’un plan israélien permanent pour judaïser Jérusalem.

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