L’eau et la paix dans la région
Morsi Atalla
Dans
le conflit arabo-israélien, il y a un dossier oublié, bien
qu’il soit aussi important que les dossiers des frontières,
de Jérusalem, des réfugiés et autres. Ce dossier est celui
de l’eau. Là, il est important de rappeler que les objectifs
israéliens concernant l’eau étaient un des facteurs de
l’agression israélienne en juin 1967 et de l’invasion du
Liban en 1982.
Les objectifs réels de la guerre de 1967 ne sont plus un
secret. En effet, celle-ci visait essentiellement à faire
échouer les projets arabes visant à transférer l’eau du
fleuve du Jourdain, chose qui avait été décidée au cours du
sommet arabe tenu en 1964. Israël voulait mettre la main sur
le plus grand nombre possible de sources d’eau courante et
souterraine, en particulier sur la côte ouest du Jourdain et
dans le Golan syrien.
Il ne reste plus aussi secret que cette guerre a été
planifiée avec un soutien américain complet. A cette époque,
le président américain L. Johnson voyait que l’expansion
nationale arabe dirigée par l’Egypte constituait un danger
pour les objectifs et les plans américains dans la région.
Le scénario de la tromperie avait été bien planifié. Les
Etats-Unis avaient alors annoncé leur disposition à
accueillir Zakariya Mohieddine, le vice-président égyptien,
à Washington le matin du 6 juin afin de discuter de la
possibilité de dépasser la crise. En même temps, Washington
avait donné le feu vert à Israël pour frapper le matin du 5
juin.
Aujourd’hui, les objectifs israéliens visant à s’accaparer
l’eau arabe sont clairement annoncés. Cette question est
continuellement discutée au cours des séances de la Knesset,
dans les journaux, les colloques et les recherches
effectuées par les spécialistes en eau dans les universités
et les centres israéliens de recherches.
Il est certain que ce sont les années de sécheresse dont
Israël et nombreux Etats de la région ont souffert qui l’ont
poussé à accorder un intérêt particulier à cette question.
De plus, les efforts déployés par Israël pour dessaler l’eau
de la mer ont prouvé leur inefficacité du point de vue
économique, puisque les coûts de cette opération sont
exorbitants. Et d’un autre côté, les tentatives d’étudier la
possibilité d’exporter de l’eau de la Turquie n’ont encore
abouti à rien.
Donc, Israël sait parfaitement qu’il est sur le point de
vivre une crise sévère à cause du manque d’eau. Aujourd’hui,
Israël ne peut pas se permettre de dépasser les quotas fixés
pour le puisement de l’eau souterraine, sinon il sera obligé
dans ce cas de se servir de l’eau non potable.
Il n’est donc pas exagéré de penser que cette crise est en
étroite relation avec le climat actuel de la reprise du
processus de paix dans la région, même si les données et les
circonstances ont changé.
Donc, l’affrontement réel n’est pas à Annapolis, mais sur
les tables de négociation autour desquelles se réuniront les
Arabes et les Israéliens après Annapolis.