Al-Ahram Hebdo, Monde | Bush enfonce le clou
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 Semaine du 31 octobre au 4 novembre 2007, numéro 686

 

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Monde

Iran. Téhéran refuse de céder sur l’enrichissement de l’uranium malgré les nouvelles sanctions américaines.

Bush enfonce le clou

La crise du dossier nucléaire iranien n’en finit pas de connaître des rebondissements, compliquant davantage la recherche d’une solution. Lundi, le directeur adjoint de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), Olli Heinonen, est arrivé à Téhéran pour une visite de trois jours afin de rencontrer les responsables nucléaires à propos des centrifugeuses d’enrichissement d’uranium. « Nous avons déjà fait beaucoup de choses, mais beaucoup reste à accomplir et nous espérons que cela sera fait », a déclaré M. Heinonen à son arrivée. Ces entretiens s’inscrivent dans le cadre de l’accord conclu le 21 août entre l’AIEA et Téhéran qui a fixé un calendrier par lequel l’Iran s’engage à répondre à une série de questions en suspens sur l’étendue de son programme nucléaire. M. Heinonen a déjà eu deux séries de discussions en fin septembre et début octobre avec les responsables iraniens pour faire la lumière sur les centrifugeuses de type P1 et P2, des modèles plus performants.

Optant toujours pour la diplomatie, le directeur général de l’AIEA, Mohammed Al-Baradei, a déclaré dimanche qu’il ne disposait d’aucune preuve que l’Iran avait effectivement entrepris de fabriquer une bombe atomique, estimant que les récentes menaces américaines ne faisaient que jeter « de l’huile sur le feu ». « Je crains que si l’escalade se poursuit des deux côtés, nous finissions dans un précipice », a mis en garde M. Al-Baradei.

Ces déclarations contrastent avec celles des Etats occidentaux qui réclament davantage de sanctions. Le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a souhaité que de nouvelles sanctions financières soient adoptées par l’Onu et l’Union Européenne (UE), n’excluant pas la possibilité de sanctions « unilatérales ». Depuis la prise du pouvoir par Nicolas Sarkozy, la France a adopté une attitude assez dure vis-à-vis du régime iranien et ne cesse de soutenir la position américaine quant à la nécessité de durcir les sanctions imposées à ce pays.

Cette position fait l’écho de celle des Etats-Unis qui ont imposé vendredi des sanctions unilatérales sur l’Iran. Frustrés par leur incapacité d’imposer une troisième série de sanctions au Conseil de sécurité, les Américains ont imposé de rudes sanctions à trois importantes banques iraniennes dans l’objectif de fermer tous les canaux de financement du régime islamique, outre l’adoption d’autres sanctions contre le corps des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique du régime, accusé de contribuer à la prolifération d’armes de destruction massive, et son unité, Al-Quds, accusée de soutenir le terrorisme.

Justifiant l’adoption de ces sanctions, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, a affirmé que l’Iran constitue « le plus grand défi » à la sécurité des Etats-Unis, le président George W. Bush allant jusqu’à accuser sa « bête noire » de mettre au point un missile balistique intercontinental capable de frapper les Etats-Unis et l’ensemble de l’Europe avant 2015. En effet, M. Bush a jeté de l’huile sur le feu, en agitant le spectre d’une troisième guerre mondiale si Téhéran possédait l’arme atomique. Selon la plupart des analystes, il s’agit d’une simple « guerre de mots » car Bush ne pourra jamais s’enliser dans une nouvelle guerre en Iran, après celle de l’Iraq qui a déjà discrédité son image sur la scène internationale.

Poings liés, Washington n’a qu’une option : imposer des sanctions unilatérales. Une arme qui n’a aucun impact sur les Iraniens, car les Etats-Unis ne sont plus le centre du monde comme jadis. D’autres pays, comme la Chine, pourraient facilement prendre la relève et compenser un Téhéran persécuté. « Les sanctions unilatérales sont inefficaces, car les Etats-Unis ont très peu de moyens de pression sur cet Etat riche en pétrole et habitué aux sanctions américaines il y a 28 ans. Le dossier nucléaire est devenu une affaire de dignité pour les Iraniens. Ces sanctions ne parviendront ni à faire chuter le régime iranien ni à l’obliger à faire marche arrière », analyse l’expert Mohamad Abbass.

Détermination iranienne

La République islamique en est consciente. Elle a affiché sa détermination farouche et inébranlable à poursuivre son chemin. Le nouveau chef du dossier nucléaire, Saïd Jalili, a déclaré que les nouvelles sanctions américaines n’auront « aucun effet » sur la politique nucléaire de l’Iran. « Ces sanctions ne font qu’isoler les Etats-Unis sur la scène internationale », a-t-il ajouté. Selon les analystes, la démission de l’ancien responsable du dossier nucléaire, Ali Larijani, le 20 octobre, et son remplacement par Saïd Jalili, un proche du président iranien Ahmadinejad et qui partage avec lui son intransigeance sur le dossier nucléaire, est un signe de raidissement du pouvoir iranien en matière nucléaire : « Il semble qu’il s’agit d’un pas vers la consolidation du camp du président. Ceci dit, la ligne dure de défi suivie par l’Iran en matière nucléaire va se poursuivre », estime l’analyste iranien Mohammad El-Hosseini.

S’élevant contre les menaces imposées contre les Gardiens de la révolution, le porte-parole de la commission parlementaire des affaires étrangères et de la sécurité, Kazem Jalali, a affirmé : « Les Etats-Unis ont commis une erreur stratégique en plaçant sur leur liste noire les Gardiens de la révolution qui sont une force officielle en Iran. Alors, les qualifier de terroristes interfère dans les affaires intérieures d’une nation souveraine ». Déjà, un des commandements des Gardiens de la révolution a riposté aux Américains, en leur promettant un déluge de roquettes et d’obus « dès la première minute » en cas d’agression. Plus ferme encore, le président iranien a balayé cette semaine les menaces de sanctions et d’actions militaires américaines contre son pays : « L’ennemi dessine une carte de l’Iran sur le mur et lance des fléchettes et ensuite il dit qu’il va attaquer l’Iran », se moque Ahmadinejad.

Malgré cette confiance iranienne et l’improbabilité d’une attaque américaine imminente, la persistance des menaces d’une part et de l’intransigeance de l’autre ravive si fort le souvenir des quelques mois qui ont précédé la guerre de l’Iraq.

Pour le moment, les six grandes puissances impliquées dans les discussions sur le nucléaire iranien doivent se réunir, début novembre, pour examiner une nouvelle série de sanctions après un rapport de l’AIEA qui doit être présenté en novembre sur la coopération de l’Iran avec l’agence. « Les Américains et les Français ne doivent pas trop espérer car tous leurs efforts visant à imposer une troisième série de sanctions onusiennes risquent de se heurter aux résistances russes et chinoises », affirment les analystes. L’attitude de ces deux pays est déjà sans ambiguïté : ils n’accepteront ni un durcissement des sanctions ni un recours à la force. Samedi, la Chine a estimé que de nouvelles sanctions contre Téhéran compliquent la situation et n’aident pas à une résolution pacifique de la crise nucléaire. « Le dialogue et les négociations sont le meilleur moyen pour résoudre la crise iranienne », a affirmé le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Liu Jianchao. Quant à la Russie, elle était aussi claire. Le président russe, Vladimir Poutine, a assuré que toute nouvelle sanction risque d’envenimer le dossier nucléaire iranien .

Maha Al-Cherbini

 




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