Al-Ahram Hebdo,Environnement | Les porcheries indélogeables
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 Semaine du 24 au 30 octobre 2007, numéro 685

 

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Environnement

Ard al-léwa. Quelque 40 000 cochons sont élevés pour ingurgiter les ordures récoltées par les éboueurs de ce quartier du Caire. La pire des insalubrités y règne.

Les porcheries indélogeables

Pour se débarrasser des ordures collectées, les éboueurs du quartier d’Ard Al-Léwa au Caire ont trouvé la solution : utiliser des cochons, réputés pour se nourrir de tout et n’importe quoi.

Autour des nombreuses porcheries à ciel ouvert sont installés les habitants de Ard Al-Léwa dont beaucoup sont venus des provinces pour gagner leur vie dans la collecte d’ordures. L’odeur y est suffocante, la saleté et la pollution sont reines. Les mouches, les insectes et les souris sont partout. « Notre quartier n’intéresse personne, comme si Ard Al-Léwa ne figurait pas sur la carte du Caire », dénonce Oum Amer qui, comme toutes ses voisines, jette ses poubelles par-dessus la fenêtre, dans une zériba. « Mes enfants sont tombés malades à cause de ces déchets qui ont envahi le quartier. C’est vraiment la misère et je ne sais pas quoi faire », se plaint de son côté Mohamad Abdel-Qader, qui, en marchant, prend soin de soulever sa galabiya pour ne pas la souiller des immondices au sol.

L’odeur, la propagation des insectes et autres bactéries et donc des maladies ne sont que quelques exemples de la situation environnementale dégradée dans le quartier. Depuis l’apparition de la grippe aviaire en Egypte et les arguments selon lesquels les cochons peuvent transmettre cette maladie à l’homme, la situation s’est aggravée. « Il est bien connu que le cochon peut devenir un moyen de transmission d’un nouveau virus à l’homme. Le cochon possède, en effet, des récepteurs de virus aviaires et de virus humains. Si un cochon était contaminé par le virus H5N1 et par un virus humain, il pourrait devenir une nouvelle souche virale susceptible de déclencher une pandémie », note le Dr Soliman Mohamad Soliman, vétérinaire à l’Université du Caire. Il ajoute que 250 maladies peuvent être transmises de l’animal à l’homme et vice-versa, parmi lesquelles la tuberculose, la peste et les maladies pulmonaires qui sont surtout liées à une urbanisation non planifiée. De plus en plus de bactéries infectieuses développent une résistance aux médicaments à cause des produits chimiques et antibiotiques présents dans les déchets des animaux de ferme, notamment les cochons. Les habitants d’Ard Al-Léwa vivent donc une catastrophe écologique. Mais jusqu’à quand ?

 

Manque d’infrastructures

Les responsables affirment vouloir transférer toutes les porcheries d’Ard Al-Léwa vers d’autres lieux retirés, loin des agglomérations urbaines, conformément à la loi sur l’environnement numéro 4 de l’année 1994. Deux décisions ont été prises par le gouverneur de Guiza pour mettre fin à ce cauchemar écologique : la 1re décision, prise en 2005, stipulait le transfert des zéribas d’Ard Al-Léwa vers Wadi Gandali, sur la route reliant Qattamiya à Aïn-Sokhna (sud-est du Caire). La 2e décision date de 2006 et visait à les transférer encore plus loin sur la route occidentale des oasis de Jabal Al-Chib. « Pour mener à bien ce projet, nous avons consacré une somme de 20 millions de L.E. Et nous nous sommes mis d’accord avec les propriétaires des porcheries », déclare Amin Khayal, directeur général de la gestion des déchets au sein de l’Agence Egyptienne pour les Affaires de l’Environnement (AEAE). Mais les deux décisions sont restées lettre morte en raison du manque d’infrastructures (logement, eau, électricité) des nouveaux lieux désignés. En effet, les éleveurs de cochons habitent avec leurs familles à Ard Al-Léwa depuis des générations. « Nos porcheries sont à deux pas de nos foyers. A quelques pas aussi se trouve l’abattoir. La situation dans les nouveaux lieux ne sera jamais la même. Il faudra faire un très long trajet pour arriver à l’abattoir, et cela nous coûtera cher en frais de transport, sans compter le temps passé dans les embouteillages », note un propriétaire de zériba.

Face au refus des propriétaires des porcheries de quitter les lieux et compte tenu des conditions de vie insalubres des habitants de Ard Al-Léwa, reste une seule solution : le recours à la force. Une option difficile à appliquer puisqu’elle ferait des milliers de sans-logement. De quoi faire place à la résignation.

Manar Attiya

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Une énième mesure contre le smog

Pour mettre fin à l’incinération en plein air des déchets agricoles qui polluent l’air et qui provoquent la formation du smog chaque printemps, le gouverneur de Gharbiya, l’ingénieur Al-Chaféï Al-Dakrouri, a proposé une idée intéressante. Installer une usine de recyclage qui transfère la paille de riz en énergie électrique, thermique et engrais chimiques à Gharbiya. Ce projet est le premier de son genre au Proche-Orient et le 3e dans le monde. Son coût s’élève à 750 millions de L.E. qui seront apportées par la Banque mondiale et deux sociétés françaises. Cette initiative est d’un très grand intérêt, puisqu’elle va rendre service à quatre gouvernorats : Gharbiya, Daqahliya, Béheira et Kafr Al-Cheikh. Et faire d’une pierre deux coups, tel est l’autre avantage du projet : il va assurer des chances d’emploi pour les habitants des quatre gouvernorats. En attendant, la fumée continue de faire ses ravages.

 

 




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