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 Semaine du 24 au 30 janvier 2007, numéro 646

 

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Iraq . La fin du boycott du gouvernement par le chef chiite Moqtada Sadr renforce le premier ministre Nouri Al-Maliki, en butte aux critiques de Washington pour ses faibles résultats.  

Sadr relâche la pression

Le premier ministre iraqien Nouri Al-Maliki, contesté aussi bien à l’intérieur que par son principal allié, les Etats-Unis, a vu sa situation se renforcer dimanche par la décision du chef radical chiite Moqtada Sadr de suspendre son boycott du gouvernement. « Nous allons participer de nouveau au processus politique », a déclaré un député sadriste, Saleh Hassan Issa Al-Ogaïli, en expliquant que des demandes formulées par son mouvement avaient été satisfaites.

La décrispation politique fait suite à « un accord signé avec le Parlement prévoyant la discussion d’un calendrier de retrait des troupes américaines », a expliqué M. Al-Ogaïli, sans en préciser les modalités. Une disposition qui risque de rester lettre morte, le président George W. Bush assurant lundi qu’il n’y avait pas de calendrier établi pour un retrait des troupes américaines d’Iraq. M. Bush a ainsi pris ses distances avec les informations sur un possible retrait des forces américaines à partir de la fin de l’été prochain.

« Nous avons également demandé un calendrier pour la formation des forces de sécurité iraqiennes et que le gouvernement s’abstienne de renouveler le mandat des forces d’occupation sans en référer au Parlement », a ajouté M. Al-Ogaïli. Le président du Parlement, le sunnite Mahmoud Al-Machhadani, qui a négocié avec le bloc Sadr son retour au gouvernement, a confirmé cette décision lors d’une conférence de presse. « Une commission de cinq membres, représentant les différents blocs parlementaires, a négocié avec le courant sadriste, et a présenté des recommandations qui ont été acceptées », a-t-il dit, estimant que les demandes du courant Sadr étaient « légitimes et servaient l’intérêt national ».

Les partisans de Moqtada Sadr — qui détiennent 32 sièges sur 275 au Parlement et six ministères et secrétaires d’Etat sur 37 au gouvernement — boycottaient ces institutions depuis le 29 novembre, pour protester contre une rencontre entre M. Maliki et le président américain George W. Bush. Leur retour dans le jeu politique devrait conforter la position du premier ministre, affaibli par son incapacité de juguler les violences, qui ont fait plus de 34 000 morts en 2006, selon l’Onu. Des représentants du courant Sadr ont participé à la séance de dimanche au Parlement.

Les négociations pour obtenir le retour des radicaux chiites au gouvernement butaient jusqu’alors sur la question d’un calendrier de retrait des troupes américaines. On ignore encore à quel niveau cette question sera débattue au Parlement et si elle sera sanctionnée par un vote.

Accusés d’exactions

Adversaires résolus de l’occupation américaine de l’Iraq, les élus sadristes s’étaient alliés en septembre 2006 avec d’autres blocs parlementaires pour réclamer un calendrier de retrait, dans un texte signé par 104 députés sunnites et chiites. Aujourd’hui, « le groupe Sadr veut montrer qu’il fait partie du processus politique et qu’il ne va pas recourir à la violence, au moment où les forces iraqiennes et américaines se sont fixé pour objectif de s’attaquer aux milices », a estimé le député kurde Mahmoud Osmane. M. Maliki s’apprête à lancer un plan de sécurité pour lutter contre les violences à Bagdad et neutraliser les milices, rendues responsables de la majorité des violences confessionnelles.

Or Moqtada Sadr, qui dirige la plus importante d’entre elles, l’armée du Mahdi, régulièrement accusée d’exactions contre la communauté sunnite et d’attaques contre les forces de la coalition, est dans le collimateur. Des dizaines de miliciens ont été ainsi arrêtés récemment, alors que l’un de ses porte-parole, Hadi Al-Darraji, accusé de diriger un escadron de la mort, a été interpellé vendredi avec quatre personnes par les forces spéciales de l’armée et leurs conseillers américains à Bagdad. Cette opération visait, selon l’armée américaine, « le chef d’un groupe armé responsable de nombreux enlèvements, tortures et assassinats de civils iraqiens ». Le gouvernement Maliki s’est engagé à laisser les soldats américains et iraqiens poursuivre les hors-la-loi quels qu’ils soient dans le cadre de la nouvelle stratégie pour pacifier Bagdad.

La réintégration du courant Sadr au sein des institutions iraqiennes vient à un point nommé pour le premier ministre Maliki, critiqué aussi bien par des pays arabes voisins que par son principal allié américain. La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, avait estimé la semaine dernière, lors d’une audition devant le Congrès, que le gouvernement iraqien était « en sursis ». Critique rejetée par M. Maliki pour qui Mme Rice fait le jeu des terroristes par ses déclarations sur la fragilité du gouvernement iraqien. Le premier ministre a assuré que de tels messages renforçaient la position des terroristes en Iraq. « Je voudrais recevoir un message fort de soutien des Etats-Unis pour qu’on ne redonne pas confiance aux terroristes et qu’ils pensent qu’ils pourraient avoir gagné », a-t-il souligné. « Je crois, a-t-il poursuivi, que de telles déclarations donnent une force morale aux terroristes, les poussent à redoubler d’efforts ».

Le président Bush, défait par les Démocrates lors des récentes élections aux Etats-Unis, n’a « jamais été aussi faible qu’aujourd’hui », a affirmé jeudi M. Maliki. « Je comprends que l’actuelle Administration américaine se trouve en grave difficulté après la défaite électorale d’il y a deux mois. Jamais comme aujourd’hui je n’ai senti la faiblesse de George W. Bush », a déclaré le dirigeant iraqien dans une interview accordée à plusieurs quotidiens, dont le Corriere della Sera, le Times de Londres et le Washington Post. « J’ai l’impression que ce sont eux à Washington qui touchent à leur fin, et non nous ici à Bagdad. Il me semble que Bush est en train de capituler sous le poids des pressions internes. Peut-être qu’il a perdu le contrôle de la situation », a-t-il ajouté. C’est la première fois que le premier ministre iraqien attaque aussi durement l’Administration américaine.

Ces propos interviennent dans le cadre d’un échange de critiques entre M. Maliki et les responsables américains, furieux par l’incapacité du chef du gouvernement iraqien à juguler la violence. Au moins 74 personnes ont été tuées et plus de 100 blessées lundi dans un double attentat à la voiture piégée près d’un marché du centre de Bagdad. L’Administration Bush n’a pas fait non plus mystère de son inquiétude vis-à-vis des capacités du dirigeant chiite, accusé de laxisme envers les milices chiites et incapable de contrôler les services de sécurité infestés par ces dernières, ainsi que par ses faibles résultats sur le plan de la réconciliation interne.

Hicham Mourad

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Bush de plus en plus isolé

La nouvelle stratégie iraqienne du président américain rencontre une opposition croissante du Congrès, dominé par les Démocrates.

Le président George W. Bush est en mauvaise posture sur l’Iraq. Dimanche, les parlementaires démocrates ont réaffirmé, au lendemain d’une des journées les plus meurtrières en Iraq pour l’armée américaine, leur volonté de faire passer au Congrès une résolution condamnant la décision du président Bush d’envoyer plus de 20 000 soldats supplémentaires dans ce pays. Bien que non contraignante, cette résolution déposée mercredi dernier est une manière de dénoncer vigoureusement le nouveau plan Bush et de le pousser à envisager d’autres options.

« Ce sera un message très fort si une majorité d’élus des deux bords affirme ne pas être d’accord avec l’augmentation de l’engagement militaire en Iraq », a déclaré dimanche le sénateur Carl Levin, président de la Commission des forces armées. Carl Levin a déposé la résolution avec son collègue Joseph Biden, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat et Chuck Hagel, sénateur républicain.

« Cette politique a été un échec depuis le début. Elle a été très mal pensée. Elle a été mal mise en œuvre. Et accroître l’engagement militaire maintenant n’est pas la réponse », a fait valoir Carl Levin. « Il n’écoute pas les militaires. Il n’écoute pas les anciens secrétaires d’Etat. Il n’écoute pas ses vieux amis. Il n’écoute personne mis à part (le vice-président Dick) Cheney, et Cheney a tout faux », a poursuivi l’élu démocrate du Delaware (est). Selon le Washington Post de dimanche, George W. Bush a refusé une proposition faite le 30 novembre par le premier ministre iraqien Nouri Al-Maliki de retirer des troupes américaines de Bagdad et de laisser son gouvernement assurer le contrôle de la sécurité dans la capitale. Selon le journal, qui cite plusieurs responsables de l’Administration sans les citer, le président Bush a rapidement rejeté cette idée l’estimant irréaliste, mais au moins signe d’une volonté plus franche de mettre fin aux violences confessionnelles.

Depuis début janvier, le Congrès est sous le contrôle des Démocrates qui espèrent rallier un certain nombre d’élus républicains à leur texte, alors que selon les sondages, une large majorité d’Américains se disent opposés à une augmentation des troupes et que l’armée a connu samedi l’une de ses journées les plus meurtrières depuis le début du conflit avec 25 soldats tués.

La réalité est que le nouveau Congrès américain, conquis par l’opposition au président Bush, tente de s’affirmer comme le contrepoids à l’autorité de la Maison Blanche, cherchant le moyen de rogner sur ses prérogatives de politique étrangère, particulièrement en Iraq. Dotés de leurs nouvelles majorités, effectives depuis le 4 janvier, les Démocrates qui doivent largement leur victoire électorale de novembre à l’impopularité de la guerre en Iraq, ont annoncé l’ouverture d’un débat au Sénat sur une proposition de résolution déclarant « contraire à l’intérêt national » le déploiement de renforts militaires en Iraq. En gagnant le soutien d’une poignée de Républicains influents, ce texte, bien que non contraignant, illustre l’isolement du président Bush, qu’ils espèrent influencer.

La Maison Blanche, qui répète que rien ne la fera reculer, ne cache pas son inquiétude. Son argumentaire pour tenter d’éviter la défection de trop d’élus républicains consiste à faire valoir que tout vote de défiance sur la stratégie iraqienne risquerait d’encourager les insurgés, et de fragiliser encore plus le gouvernement iraqien. A terme, les Démocrates, qui reconnaissent que leur initiative n’aura pas d’effet concret pour enrayer le déploiement de 21 500 militaires, déjà en cours, espèrent prendre des mesures plus efficaces, pour assurer leur base. Ainsi, les sénateurs Hillary Clinton, Barack Obama et Chris Dodd, tous candidats avoués ou officieux à la présidentielle de 2008, ont-ils proposé des textes contraignants, plafonnant les effectifs militaires à leur niveau du début 2007.

Samah Ziad

 




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