39e Foire du Livre .
Alors que l’Italie et Mahfouz sont à l’honneur cette année,
voici notre première sélection pour s’y retrouver. Entre
poésie, romans et ouvrages politiques, le choix parmi les
nouvelles parutions est souvent difficile.
Mahfouz, Calvino, Laurens et les autres
Figures d’Italie
Italo
Calvino, Al-Viscomte al-machtour (le vicomte pourfendu),
traduction d’Amani Fawzi Habachi, relecture de Moheb Saad,
GEBO, Le Caire, 2006, 183 p., 6,5 L.E. Hikayat Italo
Calvino, hikayat chaabiya italiya (contes populaires
italiens), trad. de Naglaa Wali, Charqiyat, Le Caire, 2007,
300 p., 3 volumes, 30 L.E. chacun.
L’auteur italien (1923-1985), l’un des plus importants du
vingtième siècle, rendu célèbre par ses Villes invisibles,
sera bien évidemment à l’honneur pour cette édition de la
Foire du livre. Plusieurs de ses œuvres sont pour la
première fois traduites en arabe. Ainsi, Le Vicomte
pourfendu, en italien Il Visconte dimezzato (paru en 1959),
roman où l’on reconnaît la touche fantastique de Calvino,
constitue-t-il la première partie d’une trilogie, Nos
Ancêtres, qui décortique à la condition humaine moderne.
Issu d’une famille génoise aisée, le vicomte, parti
guerroyer, se retrouve pourfendu en deux parties qui chacune
va son propre chemin. Au bout d’une longue quête, qui fait
l’objet du roman, ces deux « moitiés » finissent par se
retrouver. Le roman est publié dans la collection Prix,
Calvino étant lauréat de deux prix littéraires italiens et
lauréat en France de la Légion d’Honneur (1981).
La maison d’édition Charqiyat s’attaque à une tâche plus
monumentale, avec la traduction des contes populaires
italiens sélectionnés et rédigés par Calvino. Il y reprend
des contes du XIXe siècle, en y introduisant quelques
variations. Certains de ces récits s’apparentent aux
célèbres contes des Frères Grimm, Calvino s’attachant
cependant à garder les versions les plus proches du
patrimoine italien. A paraître en trois volumes, dont deux
sont d’ores et déjà disponibles pour la Foire.
Valerio
Pellizzari, Ghorfat Ali Baba. Hékayat Al-Iraq Al-Maghoul (La
stanza di Ali Baba.
Storie di un Iraq sconosciuto), traduction d’Amir Salama,
Dar Afaq, Le Caire, 2007, 236 p., 35 L.E.
C’est la force du témoignage qui fait la particularité de ce
livre, relaté par le correspondant du journal Il Messaggero,
témoin de nombreuses guerres et de terrains de crises au
Vietnam, en Bosnie, etc., et lauréat du prix David Max. Il
relate les expériences et anecdotes quotidiennes partagées
avec des gens simples, dans l’un des abris pendant la guerre
américaine contre l’Iraq : Ali Baba. A travers l’histoire
non dite, captée dans les coulisses, l’auteur démasque tout
au long de 9 chapitres les mensonges tissés autour de cette
guerre. Il dévoile la vérité du scénario de l’arrestation de
Saddam Hussein et celui de l’officière américaine kidnappée
et libérée par les forces américaines, tandis qu’elle était
protégée et libérée par les Iraqiens .
Ungaretti,
La Vie d’un homme, Œuvre poétique complète, traduction de
Adel Al-Siwi, Dar Merit, Le Caire 2007, 645 p.
Douze recueils de poèmes, la totalité de l’œuvre de Giuseppe
Ungaretti (1888-1970), sont pour la première fois traduits
en arabe, à partir de la langue italienne d’origine. Né à
Alexandrie, de parents originaires de Lucca, il fréquente
les milieux intellectuels français et italiens, puis part
pour Paris et l’Italie.
Au-delà de la valeur du mot qu’il reflète, réduit à ses
éléments essentiels, le livre comprend deux études écrites
par le poète sur sa vie à Alexandrie où il a passé ses 24
premières années. Plus une étude sur les motifs de
l’écriture poétique, et surtout une introduction
biographique signée par le traducteur Adel Al-Siwi. Ce
peintre maîtrisant l’italien, jouissant d’une vision
poétique propre, a pu saisir dans sa traduction le refoulé
du langage, l’énergie latente, le vide qui embaume l’espace,
tout ce qui fait d’Ungaretti une figure de la modernité
poétique.
Giovanni Bocaccio, Al-Decameron, (décaméron), traduction de
Saleh Almani, Al-Mada, Damas, 2006.
Sept siècles après la parution du célèbre Décameron, sa
version intégrale est enfin disponible en arabe. En effet,
seules des traductions partielles et censurées étaient en
circulation jusqu’à présent, malgré l’importance de cette
œuvre dans la littérature mondiale .
Instants de rues
Khaled
Al-Khamissi, Taxi, Hawadit al-machawir (taxi, histoires sur
le terrain), Al-Chourouq, Le Caire, 2006, 222 p., 15 L.E.
Le livre, composé pour l’essentiel d’extraits de
conversations qu’a tenues l’auteur avec des chauffeurs de
taxi lors de ses multiples déplacements dans la capitale,
exprime avec force leurs témoignages sur le présent,
l’actualité politique et économique, leurs diatribes contre
les classes possédantes et leur méfiance de toute autorité.
Tantôt conteurs qui commencent dans l’exaltation verbale
pour basculer dans la mélancolie, leurs récits sont une
grande parade d’idiomes et de « parlures » de tout poil,
imprégnés du quotidien et des difficultés qui le traversent.
Leur voix nomade, vagabonde, se prête tour à tour au
monologue intérieur de chacun. C’est une voix discursive,
qui cherche à démasquer la réalité pour en approcher le
sens. De l’aveu de l’un des chauffeurs : « Nous nous sommes
si longtemps laissés entraîner dans l’engrenage de la quête
au quotidien du gagne-pain, où nous enferme le gouvernement,
que nous avons renoncé à toute velléité de revendication ou
de contestation ».
Armés d’une pugnace ironie, portés aux confidences, par leur
présence passagère, leurs points de vue rassemblés,
frontaux, qui ne s’embarrassent pas de révérence, les
chauffeurs autorisent l’auteur à nouer avec la passion du
petit fait vrai, jusqu’ici retenue. Il repart un peu plus
initié à une Egypte où il sait entrelacer des arguments
politiques, philosophiques et sociaux, d’une rare et précise
élégance, dans un contrepoids réflexif, convoqué pour
secouer tout conformisme.
L’auteur dessine en positif ce que cette littérature propre
à cette caste de chauffeurs, si diverse, a en effet de plus
attachant. Ecrite directement en arabe proche du dialectal,
cette littérature aux accents cocasses est découpée en
tranches qui nous transposent dans une catégorie
d’imaginaire contemporain des combats, des débats, des
préoccupations batailleuses qui préfigurent l’acheminement
de l’Egypte vers un avenir où se déploient une
résistance et une dynamique du changement. L’œuvre achevée
reste comme ouverte sur une brèche où se profile déjà plus
d’un livre, plus d’un aveu .
Amina Hassan
Romans arabes
Elias
Khoury, Kaïnaha naïma (comme endormie), Dar Al-Adab,
Beyrouth, 2007, 392 p., 8 US$
L’auteur, devenu maintenant célèbre par le succès de son
œuvre phare Bab al-chams (la porte du soleil), est de retour
avec un nouveau roman. Cette fois, il s’agit d’un récit où
l’imaginaire et le réel se mêlent dans une narration qui
laisse la part belle au rêve. Car les songes de la dormeuse
du titre, Milia, sont habités par des visions — du passé
mais aussi d’autres prémonitoires. Le récit commence avec la
nuit de noces de Milia à Chtoura, dans la Béqaa au Liban ;
elle vient d’épouser un Palestinien, Mansour Al-Hourani. Une
occasion pour Khoury de renouer avec l’univers qui lui est
familier. Il réussit à captiver son lecteur en donnant à son
récit ce souffle épique particulier à son écriture, en
rappelant systématiquement le contexte historique — ici,
comme dans Bab al-chams, les années qui précèdent la Nakba
de 1948 — en tissant pour ses personnages des destins
indissociables de celui de tout un peuple. Au-delà de
l’histoire d’amour, il s’agit de l’épopée de deux familles,
l’une à Al-Nassera, l’autre à Beyrouth. Sans oublier
l’univers mystique et religieux, à travers l’introduction de
légendes chrétiennes dans la narration, couplées à des
interrogations sur les dogmes de la tradition. De quoi
garantir un plaisir de lecture toujours renouvelé .
Salwa
Bakr, Min khabar al-hanaa wal chifaa (de l’appétit de la
santé), Al-Ayn, Le Caire, 2007, 127 p., 15 L.E.
Après plusieurs romans historiques, l’écrivaine égyptienne
revient cette fois-ci à la nouvelle. Son dernier recueil est
un récit proche des soucis de tous les sans-droits. Enfants
au travail, femmes exténuées par des journées doubles ou
triples, abus sexuels : l’écriture devient ici un plaidoyer
contre toutes ces injustices déchirantes. Simple et incisif,
le style emprunte beaucoup au parler quotidien et aux
locutions paysannes. Comme si la narratrice voulait se
rapprocher de l’univers de ceux avec qui elle compatit, en
utilisant leur langue. Cet ouvrage comprend également une
pièce de théâtre.
Sonallah Ibrahim, Al-Talassos (indiscrétion), Dar
Al-Mostaqbal al-arabi, Le Caire, 2007. 300 p., 20 L.E.
Connu pour ses romans engagés, l’écrivain, qui avait
déclenché en 2003 une vaste polémique en refusant le prix
décerné par le Conseil Suprême de la culture, explore cette
fois-ci un univers plus intime, celui de l’enfance. Avec la
curiosité d’un enfant de 10 ans, le narrateur décrit le
monde à travers les yeux de ce petit garçon qui vit au Caire
avec son père. La vie austère et sèche qu’ils vivent, après
que la mère eut divorcé de Khalil bey, mène le petit à sans
cesse rêver éveillé. Il se souvient des événements qui lui
avaient fait mal, ou pense à des moments qu’il aimerait
vivre, et surtout aux mémoires pâles de sa mère. On découvre
ainsi que le père s’est marié plusieurs fois ; et que si
tendre qu’il soit avec son garçon, il doute désormais des
intentions de tout le monde. Simplement « insupportable »,
comme lui a assuré doucement l’une de ses filles, mariée
depuis plusieurs années. Le petit, lui, découvre une
multitude de détails autour de lui, en regardant par les
trous de serrure, en pénétrant discrètement dans des
chambres fermées ou même en fouillant dans l’armoire de son
père. Un mélange extraordinaire de rêves et de peines qui se
déroule dans les années 1940 .
Salma Hussein
Youssef Abou-Rayya, Samt al-tawahin
(le silence des moulins), Al-Ayn, Le Caire, 2007, 173 p., 17
L.E.
Lauréat du prix Mahfouz en 2005, le romancier égyptien
continue à explorer dans ce roman l’univers rural qui lui
est familier (pour un extrait traduit, voir Al-Ahram n°630)
.
Atef
Abou-Seif, Hosroum al-janna
(les raisins du paradis), Charqiyat, Le Caire, 2006, 156 p.,
15 L.E.
Le narrateur est un jeune réfugié palestinien dans le camp
de Jabalia à Gaza. Il se raconte dans ce roman pudique et
discret, où les murs étroits de sa chambre personnifient
sans grands discours l’enfermement de tout un peuple. Quand
il dit l’exil, c’est à travers des petits détails gravés
dans sa mémoire, comme cette petite cuillère que sa
grand-mère — pour des raisons obscures — a tenu à ramener de
Jaffa — devenue par la suite une relique d’amour pour ses
parents. Il peut être lu d’une traite, ou par petites
scènes. Ce roman est le quatrième de Atef Abou-Seif, auteur
également d’un recueil de nouvelles. Sa réédition en Egypte
donnera au public égyptien l’occasion de découvrir un texte
où l’intime et le quotidien se mêlent à des interrogations
sur le péché originel d’Eve : s’agissait-il d’une pomme ou
d’un raisin amer, un hosroum, auquel la première femme sur
terre n’a pu résister ? .
Hommage à Mahfouz
Naguib Mahfouz, Awlad haratina (les fils de la médina),
Al-Chourouq, Le Caire, 2006, 585 p., 30 L.E.
Enfin disponible, voici la première édition égyptienne de ce
roman allégorique du prix Nobel égyptien, lequel avait
soulevé la colère des oulémas d’Al-Azhar en 1959, lors de sa
parution en feuilleton dans Al-Ahram. Awlad haratina n’avait
ensuite pu paraître que dans une édition libanaise,
légèrement expurgée cependant, chez Dar Al-Adab, en 1967.
C’est cette même version qui est rééditée chez Dar
Al-Chourouq. Le lecteur pourra donc se plonger dans la
destinée de Gabalawi et de ses descendants — reconstitution
imagée de l’histoire des religions. L’imposant fondateur de
la hara y trouve la mort à cause de Arafa — personnification
à peine masquée de la science.
Naguib Mahfouz, Liqaat wa hiwarat, (entretiens), réalisé par
Salwa Al-Anani, Al-Dar al-misriya al-libnaniya, Le Caire,
2006, 134 p. 12,5 L.E.
Naguib
Mahfouz, Rihlat al-mawt fi adabihi (la mort dans son œuvre),
Hussein Eid, Al-Dar al-misriya al-libnaniya, Le Caire, 2006,
318 p., 22,5 L.E.
Ces deux titres font partie des quatre ouvrages publiés par
Al-Dar al-misriya al-libnaniya consacrés à l’œuvre du prix
Nobel égyptien. Outre ce recueil d’entretiens, réalisé par
une journaliste d’Al-Ahram proche de l’écrivain, et ce livre
de critique littéraire centré sur une analyse du thème de la
mort dans ses œuvres, cette maison d’édition propose deux
autres titres explorant les alentours de l’œuvre. Chérif
Al-Chaféï s’intéresse ainsi à L’espace populaire dans ses
romans, entre réalité et création (Naguib Mahfouz, Al-Makan
al-chaabi fi riwayatihi, bayn al-waqie wal ibdaa), livre
basé sur des visites aux lieux « réels » décrits par Mahfouz
dans ses romans. L’autre titre, intitulé Les lettres de
Naguib Mahfouz entre la philosophie de l’existence et le
drame personnel (rasaïl Naguib Mahfouz bayna falsafat
al-wogoud wa drama al-chakhsiya), reproduit la
correspondance que le prix Nobel a entretenue à diverses
périodes de sa vie avec d’autres écrivains (Louis Awad,
Tewfiq Al-Hakim, Ragaa Al-Naqqach, Latifa Al-Zayyat, Sayed
Qotb, Madkour Thabet). Cette correspondance est placée dans
son contexte historique et analysée par l’auteur, le poète
Eid Abdel-Halim. Un ouvrage intéressant qui rend ses lettres
de noblesse à un genre littéraire à part entière, parfois
négligé sur la scène arabe .
Naguib Mahfouz, Œuvres complètes, Al-Chourouq, Le Caire,
2006, 8 500 p., 950 L.E.
Pour prolonger le plaisir mahfouzien, le lecteur peut
également se procurer les œuvres complètes du Prix Nobel.
Pour la première fois, elles sont disponibles dans une
édition de luxe : dix volumes, comprenant 25 romans, 19
recueils de nouvelles et 5 pièces de théâtre .
Politique et
social
Henry
Laurens, Masaalat Filistine, 1922-1947 : Rissala moqadassa
lil alam al-motamadin, intidab ala Filistine 1922- 1931 (la
question de Palestine, tome II : une mission sacrée de
civilisation, livre 3 : un mandat pour la Palestine,
traduction de Béchir Al-Sébaï, Conseil Suprême de la
culture, avec le Centre français de culture et de
coopération, Le Caire, 2006.
Ce livre traite pour la première fois du mandat britannique
sur la Palestine de manière globale et l’insère parmi le
cadre de l’histoire globale du vingtième siècle et du
conflit arabo-israélien. Il vise à présenter une description
narrative des événements tout en prenant en considération
les données des sciences sociales. Déjà paru, le tome I,
L’invention de la terre Sainte, 1799-1922, avait déjà été
traduit vers l’arabe dans deux livres. Né en 1954, Henry
Laurens est l’auteur de nombreux ouvrages de référence sur
le Moyen-Orient, entre autres sur l’expédition d’Egypte.
Otto
F.A. Meinardus, Christians in Egypt, Orthodox, Catholic and
Protestant Communities, Past and Present (chrétiens d’Egypte,
communautés orthodoxes, catholiques et protestantes dans le
passé et le présent), AUC Press, Le Caire, 2006, 177 p.
Otto Meinardus (1925-2005) est connu pour ses nombreuses
publications sur l’histoire de la chrétienté en Egypte et au
Proche-Orient lesquelles ont apporté une contribution
intéressante à l’étude de ces communautés et leurs
institutions. Il a réussi surtout à mettre au point les
différents définitions et statuts, ainsi que les différents
rituels qui font souvent l’objet de confusion. Son dernier
ouvrage, qui vient d’être publié par les Presses de
l’Université américaine du Caire (AUC), Chrétiens d’Egypte,
semble faire le point de quatre décennies d’expérience. Il y
dresse un tableau des principales églises et organisations
chrétiennes. En plus de la plus importante communauté, celle
copte orthodoxe, il présente aussi celles qui seraient peu
connues : catholique et protestante, les communautés
évangéliques, toutes originaires du pays ; il signale
d’ailleurs la filiation directe entre Anciens Egyptiens et
coptes, y compris sur le plan de la religion. Les églises
maronites à Alexandrie, les congrégations grecques
orthodoxes voient leurs doctrines et leurs origines
également expliquées. Ceci sans oublier de mettre en
perspective les relations entre l’Eglise copte et l’islam
médiéval. Succinct et précis, c’est autant un ouvrage pour
spécialistes que pour grand public.
Ahmed Loutfi
Mohamed Arkoun, L’Islam et les musulmans en France du Moyen
Age à nos jours, Albin Michel, Paris, 2006, 1 256 p.
Près de 70 écrivains et chercheurs ont travaillé sous la
direction de l’historien algérien pour aboutir à ce travail
encyclopédique. Très bien illustré, cet ouvrage prend comme
point de départ la bataille de Poitiers en 732 pour remettre
en question les visions qui prévalent sur les rapports entre
la France et les musulmans. Dans sa préface, l’historien
Jacques Le Goff note que cette histoire est « avant tout
dominée par une contradiction : malgré une hostilité souvent
très vive des Français à l’égard des musulmans — lesquels
leur reprochent cette animosité — la France a fait du Moyen
Age à nos jours des emprunts culturels et humains à l’islam
qui ont enrichi et continuent d’enrichir sa vie sociale et
intellectuelle ». De quoi se construire une vision plus
documentée .
Au fil des vers
Saadi Youssef, Hafid Imroue Al-Qayss (le petit-fils d’Imroue
Al-Qayss), Dar Al-Mada, Damas, 2007, 256 p., 25 L.E. Saadi
Youssef, Moukhtarati (mes sélections), Dar Afaq, Le Caire,
2007.
Le poète iraqien Saadi Youssef, qui sera parmi les invités
du colloque de la poésie arabe le 10 février, fera une
double présence à la Foire du livre, toutes les deux
décisives. La première est un nouveau recueil où le poète de
la modernité, auteur d’Al-Fossoul al-arbaa, reinterroge son
rapport avec son prédécesseur Imroue Al-Qayss : « Est-ce de
ta faute d’être né un jour dans ces pays ? /Trois quart de
siècle/ Et tu continues à payer de ton sang précieux cet
impôt : Qu’un jour tu es né dans ces pays/ (...) le drame
que tu portes ses vices dans la négation des pays ».
La deuxième est une sélection de ses propres poèmes. Dans
cette anthologie, compilée par les soins du poète lui-même,
Youssef étale son évolution depuis 1955 jusqu’à 2005, errant
entre valeur esthétique et étapes décisives dans son
parcours. Cet ouvrage inaugurera une collection intitulée
Moukhtarati (mes sélections) que ce soit dans la poésie, le
roman ou la nouvelle .
Abdel-Moneim
Ramadan, Al-Sooud ila al-manzel (monter vers la maison),
Kétab Al-Hélal, Le Caire, 2007, 263 p., 5 L.E.
Qu’y a-t-il de plus beau que de lire la prose par la plume
d’un poète ? Entre poésie et prose, Abdel-Moneim Ramadan,
poète des années 1970, expose quelques-unes de ses poésies,
mais surtout nous fait part et nous entraîne dans une
lecture contemporaine de la poésie, de son rapport avec
quelques grands poètes. Comme Omar Ibn Abi Rabia, connu par
le genre du ghazal ou l’éloge de la bien-aimée dans la
poésie arabe ancienne. Dans un chapitre intitulé Quatre
messages à Beyrouth, dont l’un à Ounssi Al-Hadj, il
s’adresse à Maha, figure de la bien-aimée, sa muse qui se
répercute dans ces poèmes : « C’est ainsi que j’ai rêvé de
toi, moi Abdel-Moneim Ramadan, poète vivant dans une ville
devenue impuissante, aux cheveux grouillant de poux, au ciel
sans astres, à la poussière perdant sa douceur, à l’air
rétréci, qui s’appelle Le Caire » .
Hassan Teleb, Hagar al-falassefa (la pierre des
philosophes), Dar Al-Mahroussa, Le Caire, 2006.
Maintenant toujours un langage captivant qui joue entre
modernité et tradition, Hassan Teleb ne cesse de se
révolter, de renaître de ses cendres comme seul le peut un
vrai poète. Après des débuts en poésie classique, il se
range parmi les poètes des années 1970 qui se sont libérés
de la forme et ont transgressé les tabous, et forge une voie
qui lui est propre. Ses derniers recueils marquent un
tournant dans son itinéraire. Ainsi, après Acha al-nachid
(vive l’hymne), contenant des poèmes écrits lors des
dernières élections présidentielles, il sort Hagar
al-falassefa. Un recueil dédié au Nobel égyptien de chimie
Ahmad Zoweil, et à tous les génies qui fleurissent en Egypte,
mais ne peuvent résister à son ambiance répulsive. Membre du
comité de la poésie au Conseil suprême de la culture, les
éditions institutionnelles ont cependant refusé d’éditer ce
recueil, à cause de son préambule à la voix critique,
dénonçant l’ambiance de corruption qui ampute tout
épanouissement .
Naguib Sourour, Broutokolat hokamaa Rich (protocoles des
sages de Rich), Al-Chourouq, Le Caire, 2006, 119 p., 12 L.E.
Naguib Sourour, Lozoum ma yalzam (parce qu’il le faut bien),
Al-Chourouq, Le Caire, 2006, 164 p., 12 L.E.
Une réédition plus que bienvenue de deux des plus célèbres
recueils de poésie d’un poète brillamment insolent, aux
sarcasmes impitoyables. Dans sa poésie comme dans sa vie,
Naguib Sourour (1932-1978) a toujours assumé les
conséquences de sa révolte anti-système. Licencié de son
emploi à l’Académie des arts, il est mort enfermé à l’asile.
Mahmoud Darwich, Fi hadrat al-ghéyab (en présence de
l’absence), Riyad Al-Rayyes, Londres, 2006, 181 p., 45 L.E.
Pour une fois, ce ne sont pas des poèmes que le célèbre
poète palestinien publie cette fois-ci, mais un récit. Un
récit où il s’écrit, à travers un monologue intérieur très
élégiaque. Comme pour défier la pérennité.
Mahmoud Darwich, Entretiens sur la poésie, avec Abdou Wazen
et Abbass Beydoun, traduction de Farouk Mardam Bey, Actes
Sud, 2006, 126 p., 17 euros
Pour mieux comprendre l’œuvre du plus grand poète
palestinien, s’informer sur son rapport au patrimoine
littéraire arabe, aux écritures des grands poètes de son
siècle ou encore comment il écrit ses poèmes, ce recueil
d’entretiens est un complément indispensable.
Anaya Jaber, Jamie asbabina (toutes nos justifications),
Charqiyat, Le Caire, 2006, 102 p., 9 L.E.
Dans son dernier recueil, la poétesse libanaise, également
journaliste à Al-Safir, explore tous les aspects du rapport
à l’autre. L’amour n’y est jamais vraiment pur, parfois mêlé
de douleur ou alors de ce sentiment d’attente impossible à
refouler. Avec ces poèmes en prose qu’elle a mis trois ans
et demi à rédiger, Jaber signe son septième recueil .
Encyclopédie
Ma
hiya al-haya ? (qu’est-ce que la vie ?), Université de tous
les savoirs, Conseil Suprême de la culture, avec le Centre
français de culture et de coopération, Le Caire, 2006.
Une encyclopédie réalisée sous la direction de Yves Michaud,
originellement parue aux éditions Odile Jacob, dans la
collection « Université de tous les savoirs » à Paris, en
2003. Les traductions sont de Anouar Moghith, Rawya Sadeq,
Lobna Al-Ridi, Khalil Kalfat et Magda Al-Ridi. Ce volume
pose des questions sur le problème de la définition de la
vie, les théories de son évolution, la génétique, les
maladies et thérapies. L’Université de tous les savoirs est
une approche contemporaine des différents domaines de la
connaissance dans un esprit qui est à la fois celui du bilan
encyclopédique et celui du questionnement d’avenir. D’autres
volumes de cette encyclopédie sont parus et ont également
été traduits vers l’arabe .
Dina
Kabil et Dina Heshmat