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 Semaine du 24 au 30 janvier 2007, numéro 646

 

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39e Foire du Livre . Alors que l’Italie et Mahfouz sont à l’honneur cette année, voici notre première sélection pour s’y retrouver. Entre poésie, romans et ouvrages politiques, le choix parmi les nouvelles parutions est souvent difficile.

Mahfouz, Calvino, Laurens et les autres

Figures d’Italie

Italo Calvino, Al-Viscomte al-machtour (le vicomte pourfendu), traduction d’Amani Fawzi Habachi, relecture de Moheb Saad, GEBO, Le Caire, 2006, 183 p., 6,5 L.E. Hikayat Italo Calvino, hikayat chaabiya italiya (contes populaires italiens), trad. de Naglaa Wali, Charqiyat, Le Caire, 2007, 300 p., 3 volumes, 30 L.E. chacun.

L’auteur italien (1923-1985), l’un des plus importants du vingtième siècle, rendu célèbre par ses Villes invisibles, sera bien évidemment à l’honneur pour cette édition de la Foire du livre. Plusieurs de ses œuvres sont pour la première fois traduites en arabe. Ainsi, Le Vicomte pourfendu, en italien Il Visconte dimezzato (paru en 1959), roman où l’on reconnaît la touche fantastique de Calvino, constitue-t-il la première partie d’une trilogie, Nos Ancêtres, qui décortique à la condition humaine moderne. Issu d’une famille génoise aisée, le vicomte, parti guerroyer, se retrouve pourfendu en deux parties qui chacune va son propre chemin. Au bout d’une longue quête, qui fait l’objet du roman, ces deux « moitiés » finissent par se retrouver. Le roman est publié dans la collection Prix, Calvino étant lauréat de deux prix littéraires italiens et lauréat en France de la Légion d’Honneur (1981).

La maison d’édition Charqiyat s’attaque à une tâche plus monumentale, avec la traduction des contes populaires italiens sélectionnés et rédigés par Calvino. Il y reprend des contes du XIXe siècle, en y introduisant quelques variations. Certains de ces récits s’apparentent aux célèbres contes des Frères Grimm, Calvino s’attachant cependant à garder les versions les plus proches du patrimoine italien. A paraître en trois volumes, dont deux sont d’ores et déjà disponibles pour la Foire.

 

Valerio Pellizzari, Ghorfat Ali Baba. Hékayat Al-Iraq Al-Maghoul (La stanza di Ali Baba. Storie di un Iraq sconosciuto), traduction d’Amir Salama, Dar Afaq, Le Caire, 2007, 236 p., 35 L.E.

C’est la force du témoignage qui fait la particularité de ce livre, relaté par le correspondant du journal Il Messaggero, témoin de nombreuses guerres et de terrains de crises au Vietnam, en Bosnie, etc., et lauréat du prix David Max. Il relate les expériences et anecdotes quotidiennes partagées avec des gens simples, dans l’un des abris pendant la guerre américaine contre l’Iraq : Ali Baba. A travers l’histoire non dite, captée dans les coulisses, l’auteur démasque tout au long de 9 chapitres les mensonges tissés autour de cette guerre. Il dévoile la vérité du scénario de l’arrestation de Saddam Hussein et celui de l’officière américaine kidnappée et libérée par les forces américaines, tandis qu’elle était protégée et libérée par les Iraqiens .

 

Ungaretti, La Vie d’un homme, Œuvre poétique complète, traduction de Adel Al-Siwi, Dar Merit, Le Caire 2007, 645 p.

Douze recueils de poèmes, la totalité de l’œuvre de Giuseppe Ungaretti (1888-1970), sont pour la première fois traduits en arabe, à partir de la langue italienne d’origine. Né à Alexandrie, de parents originaires de Lucca, il fréquente les milieux intellectuels français et italiens, puis part pour Paris et l’Italie.

Au-delà de la valeur du mot qu’il reflète, réduit à ses éléments essentiels, le livre comprend deux études écrites par le poète sur sa vie à Alexandrie où il a passé ses 24 premières années. Plus une étude sur les motifs de l’écriture poétique, et surtout une introduction biographique signée par le traducteur Adel Al-Siwi. Ce peintre maîtrisant l’italien, jouissant d’une vision poétique propre, a pu saisir dans sa traduction le refoulé du langage, l’énergie latente, le vide qui embaume l’espace, tout ce qui fait d’Ungaretti une figure de la modernité poétique.

 

Giovanni Bocaccio, Al-Decameron, (décaméron), traduction de Saleh Almani, Al-Mada, Damas, 2006.

Sept siècles après la parution du célèbre Décameron, sa version intégrale est enfin disponible en arabe. En effet, seules des traductions partielles et censurées étaient en circulation jusqu’à présent, malgré l’importance de cette œuvre dans la littérature mondiale .

 

Instants de rues

Khaled Al-Khamissi, Taxi, Hawadit al-machawir (taxi, histoires sur le terrain), Al-Chourouq, Le Caire, 2006, 222 p., 15 L.E.

Le livre, composé pour l’essentiel d’extraits de conversations qu’a tenues l’auteur avec des chauffeurs de taxi lors de ses multiples déplacements dans la capitale, exprime avec force leurs témoignages sur le présent, l’actualité politique et économique, leurs diatribes contre les classes possédantes et leur méfiance de toute autorité. Tantôt conteurs qui commencent dans l’exaltation verbale pour basculer dans la mélancolie, leurs récits sont une grande parade d’idiomes et de « parlures » de tout poil, imprégnés du quotidien et des difficultés qui le traversent. Leur voix nomade, vagabonde, se prête tour à tour au monologue intérieur de chacun. C’est une voix discursive, qui cherche à démasquer la réalité pour en approcher le sens. De l’aveu de l’un des chauffeurs : « Nous nous sommes si longtemps laissés entraîner dans l’engrenage de la quête au quotidien du gagne-pain, où nous enferme le gouvernement, que nous avons renoncé à toute velléité de revendication ou de contestation ».

Armés d’une pugnace ironie, portés aux confidences, par leur présence passagère, leurs points de vue rassemblés, frontaux, qui ne s’embarrassent pas de révérence, les chauffeurs autorisent l’auteur à nouer avec la passion du petit fait vrai, jusqu’ici retenue. Il repart un peu plus initié à une Egypte où il sait entrelacer des arguments politiques, philosophiques et sociaux, d’une rare et précise élégance, dans un contrepoids réflexif, convoqué pour secouer tout conformisme.

L’auteur dessine en positif ce que cette littérature propre à cette caste de chauffeurs, si diverse, a en effet de plus attachant. Ecrite directement en arabe proche du dialectal, cette littérature aux accents cocasses est découpée en tranches qui nous transposent dans une catégorie d’imaginaire contemporain des combats, des débats, des préoccupations batailleuses qui préfigurent l’acheminement de l’Egypte vers un avenir où se déploient une  résistance et une dynamique du changement. L’œuvre achevée reste comme ouverte sur une brèche où se profile déjà plus d’un livre, plus d’un aveu .

Amina Hassan

 

Romans arabes

Elias Khoury, Kaïnaha naïma (comme endormie), Dar Al-Adab, Beyrouth, 2007, 392 p., 8 US$

L’auteur, devenu maintenant célèbre par le succès de son œuvre phare Bab al-chams (la porte du soleil), est de retour avec un nouveau roman. Cette fois, il s’agit d’un récit où l’imaginaire et le réel se mêlent dans une narration qui laisse la part belle au rêve. Car les songes de la dormeuse du titre, Milia, sont habités par des visions — du passé mais aussi d’autres prémonitoires. Le récit commence avec la nuit de noces de Milia à Chtoura, dans la Béqaa au Liban ; elle vient d’épouser un Palestinien, Mansour Al-Hourani. Une occasion pour Khoury de renouer avec l’univers qui lui est familier. Il réussit à captiver son lecteur en donnant à son récit ce souffle épique particulier à son écriture, en rappelant systématiquement le contexte historique — ici, comme dans Bab al-chams, les années qui précèdent la Nakba de 1948 — en tissant pour ses personnages des destins indissociables de celui de tout un peuple. Au-delà de l’histoire d’amour, il s’agit de l’épopée de deux familles, l’une à Al-Nassera, l’autre à Beyrouth. Sans oublier l’univers mystique et religieux, à travers l’introduction de légendes chrétiennes dans la narration, couplées à des interrogations sur les dogmes de la tradition. De quoi garantir un plaisir de lecture toujours renouvelé .

 

Salwa Bakr, Min khabar al-hanaa wal chifaa (de l’appétit de la santé), Al-Ayn, Le Caire, 2007, 127 p., 15 L.E.

Après plusieurs romans historiques, l’écrivaine égyptienne revient cette fois-ci à la nouvelle. Son dernier recueil est un récit proche des soucis de tous les sans-droits. Enfants au travail, femmes exténuées par des journées doubles ou triples, abus sexuels : l’écriture devient ici un plaidoyer contre toutes ces injustices déchirantes. Simple et incisif, le style emprunte beaucoup au parler quotidien et aux locutions paysannes. Comme si la narratrice voulait se rapprocher de l’univers de ceux avec qui elle compatit, en utilisant leur langue. Cet ouvrage comprend également une pièce de théâtre.

 

 

Sonallah Ibrahim, Al-Talassos (indiscrétion), Dar Al-Mostaqbal al-arabi, Le Caire, 2007. 300 p., 20 L.E.

Connu pour ses romans engagés, l’écrivain, qui avait déclenché en 2003 une vaste polémique en refusant le prix décerné par le Conseil Suprême de la culture, explore cette fois-ci un univers plus intime, celui de l’enfance. Avec la curiosité d’un enfant de 10 ans, le narrateur décrit le monde à travers les yeux de ce petit garçon qui vit au Caire avec son père. La vie austère et sèche qu’ils vivent, après que la mère eut divorcé de Khalil bey, mène le petit à sans cesse rêver éveillé. Il se souvient des événements qui lui avaient fait mal, ou pense à des moments qu’il aimerait vivre, et surtout aux mémoires pâles de sa mère. On découvre ainsi que le père s’est marié plusieurs fois ; et que si tendre qu’il soit avec son garçon, il doute désormais des intentions de tout le monde. Simplement « insupportable », comme lui a assuré doucement l’une de ses filles, mariée depuis plusieurs années. Le petit, lui, découvre une multitude de détails autour de lui, en regardant par les trous de serrure, en pénétrant discrètement dans des chambres fermées ou même en fouillant dans l’armoire de son père. Un mélange extraordinaire de rêves et de peines qui se déroule dans les années 1940 .

Salma Hussein

 

 

 Youssef Abou-Rayya, Samt al-tawahin (le silence des moulins), Al-Ayn, Le Caire, 2007, 173 p., 17 L.E.

Lauréat du prix Mahfouz en 2005, le romancier égyptien continue à explorer dans ce roman l’univers rural qui lui est familier (pour un extrait traduit, voir Al-Ahram n°630) .

 

 

 

Atef Abou-Seif, Hosroum al-janna (les raisins du paradis), Charqiyat, Le Caire, 2006, 156 p., 15 L.E.

Le narrateur est un jeune réfugié palestinien dans le camp de Jabalia à Gaza. Il se raconte dans ce roman pudique et discret, où les murs étroits de sa chambre personnifient sans grands discours l’enfermement de tout un peuple. Quand il dit l’exil, c’est à travers des petits détails gravés dans sa mémoire, comme cette petite cuillère que sa grand-mère — pour des raisons obscures — a tenu à ramener de Jaffa — devenue par la suite une relique d’amour pour ses parents. Il peut être lu d’une traite, ou par petites scènes. Ce roman est le quatrième de Atef Abou-Seif, auteur également d’un recueil de nouvelles. Sa réédition en Egypte donnera au public égyptien l’occasion de découvrir un texte où l’intime et le quotidien se mêlent à des interrogations sur le péché originel d’Eve : s’agissait-il d’une pomme ou d’un raisin amer, un hosroum, auquel la première femme sur terre n’a pu résister ? .

 

Hommage à Mahfouz

 

Naguib Mahfouz, Awlad haratina (les fils de la médina), Al-Chourouq, Le Caire, 2006, 585 p., 30 L.E.

Enfin disponible, voici la première édition égyptienne de ce roman allégorique du prix Nobel égyptien, lequel avait soulevé la colère des oulémas d’Al-Azhar en 1959, lors de sa parution en feuilleton dans Al-Ahram. Awlad haratina n’avait ensuite pu paraître que dans une édition libanaise, légèrement expurgée cependant, chez Dar Al-Adab, en 1967. C’est cette même version qui est rééditée chez Dar Al-Chourouq. Le lecteur pourra donc se plonger dans la destinée de Gabalawi et de ses descendants — reconstitution imagée de l’histoire des religions. L’imposant fondateur de la hara y trouve la mort à cause de Arafa — personnification à peine masquée de la science.

 

 

 

 

Naguib Mahfouz, Liqaat wa hiwarat, (entretiens), réalisé par Salwa Al-Anani, Al-Dar al-misriya al-libnaniya, Le Caire, 2006, 134 p. 12,5 L.E.

 

 

 

 

Naguib Mahfouz, Rihlat al-mawt fi adabihi (la mort dans son œuvre), Hussein Eid, Al-Dar al-misriya al-libnaniya, Le Caire, 2006, 318 p., 22,5 L.E.

Ces deux titres font partie des quatre ouvrages publiés par Al-Dar al-misriya al-libnaniya consacrés à l’œuvre du prix Nobel égyptien. Outre ce recueil d’entretiens, réalisé par une journaliste d’Al-Ahram proche de l’écrivain, et ce livre de critique littéraire centré sur une analyse du thème de la mort dans ses œuvres, cette maison d’édition propose deux autres titres explorant les alentours de l’œuvre. Chérif Al-Chaféï s’intéresse ainsi à L’espace populaire dans ses romans, entre réalité et création (Naguib Mahfouz, Al-Makan al-chaabi fi riwayatihi, bayn al-waqie wal ibdaa), livre basé sur des visites aux lieux « réels » décrits par Mahfouz dans ses romans. L’autre titre, intitulé Les lettres de Naguib Mahfouz entre la philosophie de l’existence et le drame personnel (rasaïl Naguib Mahfouz bayna falsafat al-wogoud wa drama al-chakhsiya), reproduit la correspondance que le prix Nobel a entretenue à diverses périodes de sa vie avec d’autres écrivains (Louis Awad, Tewfiq Al-Hakim, Ragaa Al-Naqqach, Latifa Al-Zayyat, Sayed Qotb, Madkour Thabet). Cette correspondance est placée dans son contexte historique et analysée par l’auteur, le poète Eid Abdel-Halim. Un ouvrage intéressant qui rend ses lettres de noblesse à un genre littéraire à part entière, parfois négligé sur la scène arabe .


Naguib Mahfouz, Œuvres complètes, Al-Chourouq, Le Caire, 2006, 8 500 p., 950 L.E.

Pour prolonger le plaisir mahfouzien, le lecteur peut également se procurer les œuvres complètes du Prix Nobel. Pour la première fois, elles sont disponibles dans une édition de luxe : dix volumes, comprenant 25 romans, 19 recueils de nouvelles et 5 pièces de théâtre .

 

Politique et social

Henry Laurens, Masaalat Filistine, 1922-1947 : Rissala moqadassa lil alam al-motamadin, intidab ala Filistine 1922- 1931 (la question de Palestine, tome II : une mission sacrée de civilisation, livre 3 : un mandat pour la Palestine, traduction de Béchir Al-Sébaï, Conseil Suprême de la culture, avec le Centre français de culture et de coopération, Le Caire, 2006.

Ce livre traite pour la première fois du mandat britannique sur la Palestine de manière globale et l’insère parmi le cadre de l’histoire globale du vingtième siècle et du conflit arabo-israélien. Il vise à présenter une description narrative des événements tout en prenant en considération les données des sciences sociales. Déjà paru, le tome I, L’invention de la terre Sainte, 1799-1922, avait déjà été traduit vers l’arabe dans deux livres. Né en 1954, Henry Laurens est l’auteur de nombreux ouvrages de référence sur le Moyen-Orient, entre autres sur l’expédition d’Egypte.

 

Otto F.A. Meinardus, Christians in Egypt, Orthodox, Catholic and Protestant Communities, Past and Present (chrétiens d’Egypte, communautés orthodoxes, catholiques et protestantes dans le passé et le présent), AUC Press, Le Caire, 2006, 177 p.

Otto Meinardus (1925-2005) est connu pour ses nombreuses publications sur l’histoire de la chrétienté en Egypte et au Proche-Orient lesquelles ont apporté une contribution intéressante à l’étude de ces communautés et leurs institutions. Il a réussi surtout à mettre au point les différents définitions et statuts, ainsi que les différents rituels qui font souvent l’objet de confusion. Son dernier ouvrage, qui vient d’être publié par les Presses de l’Université américaine du Caire (AUC), Chrétiens d’Egypte, semble faire le point de quatre décennies d’expérience. Il y dresse un tableau des principales églises et organisations chrétiennes. En plus de la plus importante communauté, celle copte orthodoxe, il présente aussi celles qui seraient peu connues : catholique et protestante, les communautés évangéliques, toutes originaires du pays ; il signale d’ailleurs la filiation directe entre Anciens Egyptiens et coptes, y compris sur le plan de la religion. Les églises maronites à Alexandrie, les congrégations grecques orthodoxes voient leurs doctrines et leurs origines également expliquées. Ceci sans oublier de mettre en perspective les relations entre l’Eglise copte et l’islam médiéval. Succinct et précis, c’est autant un ouvrage pour spécialistes que pour grand public.

Ahmed Loutfi

 

Mohamed Arkoun, L’Islam et les musulmans en France du Moyen Age à nos jours, Albin Michel, Paris, 2006, 1 256 p.

Près de 70 écrivains et chercheurs ont travaillé sous la direction de l’historien algérien pour aboutir à ce travail encyclopédique. Très bien illustré, cet ouvrage prend comme point de départ la bataille de Poitiers en 732 pour remettre en question les visions qui prévalent sur les rapports entre la France et les musulmans. Dans sa préface, l’historien Jacques Le Goff note que cette histoire est « avant tout dominée par une contradiction : malgré une hostilité souvent très vive des Français à l’égard des musulmans — lesquels leur reprochent cette animosité — la France a fait du Moyen Age à nos jours des emprunts culturels et humains à l’islam qui ont enrichi et continuent d’enrichir sa vie sociale et intellectuelle ». De quoi se construire une vision plus documentée .

 

Au fil des vers

Saadi Youssef, Hafid Imroue Al-Qayss (le petit-fils d’Imroue Al-Qayss), Dar Al-Mada, Damas, 2007, 256 p., 25 L.E. Saadi Youssef, Moukhtarati (mes sélections), Dar Afaq, Le Caire, 2007.

Le poète iraqien Saadi Youssef, qui sera parmi les invités du colloque de la poésie arabe le 10 février, fera une double présence à la Foire du livre, toutes les deux décisives. La première est un nouveau recueil où le poète de la modernité, auteur d’Al-Fossoul al-arbaa, reinterroge son rapport avec son prédécesseur Imroue Al-Qayss : « Est-ce de ta faute d’être né un jour dans ces pays ? /Trois quart de siècle/ Et tu continues à payer de ton sang précieux cet impôt : Qu’un jour tu es né dans ces pays/ (...) le drame que tu portes ses vices dans la négation des pays ».

La deuxième est une sélection de ses propres poèmes. Dans cette anthologie, compilée par les soins du poète lui-même, Youssef étale son évolution depuis 1955 jusqu’à 2005, errant entre valeur esthétique et étapes décisives dans son parcours. Cet ouvrage inaugurera une collection intitulée Moukhtarati (mes sélections) que ce soit dans la poésie, le roman ou la nouvelle .

 

Abdel-Moneim Ramadan, Al-Sooud ila al-manzel (monter vers la maison), Kétab Al-Hélal, Le Caire, 2007, 263 p., 5 L.E.

Qu’y a-t-il de plus beau que de lire la prose par la plume d’un poète ? Entre poésie et prose, Abdel-Moneim Ramadan, poète des années 1970, expose quelques-unes de ses poésies, mais surtout nous fait part et nous entraîne dans une lecture contemporaine de la poésie, de son rapport avec quelques grands poètes. Comme Omar Ibn Abi Rabia, connu par le genre du ghazal ou l’éloge de la bien-aimée dans la poésie arabe ancienne. Dans un chapitre intitulé Quatre messages à Beyrouth, dont l’un à Ounssi Al-Hadj, il s’adresse à Maha, figure de la bien-aimée, sa muse qui se répercute dans ces poèmes : « C’est ainsi que j’ai rêvé de toi, moi Abdel-Moneim Ramadan, poète vivant dans une ville devenue impuissante, aux cheveux grouillant de poux, au ciel sans astres, à la poussière perdant sa douceur, à l’air rétréci, qui s’appelle Le Caire » .

 

 

Hassan Teleb, Hagar al-falassefa (la pierre des philosophes), Dar Al-Mahroussa, Le Caire, 2006.

Maintenant toujours un langage captivant qui joue entre modernité et tradition, Hassan Teleb ne cesse de se révolter, de renaître de ses cendres comme seul le peut un vrai poète. Après des débuts en poésie classique, il se range parmi les poètes des années 1970 qui se sont libérés de la forme et ont transgressé les tabous, et forge une voie qui lui est propre. Ses derniers recueils marquent un tournant dans son itinéraire. Ainsi, après Acha al-nachid (vive l’hymne), contenant des poèmes écrits lors des dernières élections présidentielles, il sort Hagar al-falassefa. Un recueil dédié au Nobel égyptien de chimie Ahmad Zoweil, et à tous les génies qui fleurissent en Egypte, mais ne peuvent résister à son ambiance répulsive. Membre du comité de la poésie au Conseil suprême de la culture, les éditions institutionnelles ont cependant refusé d’éditer ce recueil, à cause de son préambule à la voix critique, dénonçant l’ambiance de corruption qui ampute tout épanouissement .

 

Naguib Sourour, Broutokolat hokamaa Rich (protocoles des sages de Rich), Al-Chourouq, Le Caire, 2006, 119 p., 12 L.E.

Naguib Sourour, Lozoum ma yalzam (parce qu’il le faut bien), Al-Chourouq, Le Caire, 2006, 164 p., 12 L.E.

Une réédition plus que bienvenue de deux des plus célèbres recueils de poésie d’un poète brillamment insolent, aux sarcasmes impitoyables. Dans sa poésie comme dans sa vie, Naguib Sourour (1932-1978) a toujours assumé les conséquences de sa révolte anti-système. Licencié de son emploi à l’Académie des arts, il est mort enfermé à l’asile.

 

 

Mahmoud Darwich, Fi hadrat al-ghéyab (en présence de l’absence), Riyad Al-Rayyes, Londres, 2006, 181 p., 45 L.E.

Pour une fois, ce ne sont pas des poèmes que le célèbre poète palestinien publie cette fois-ci, mais un récit. Un récit où il s’écrit, à travers un monologue intérieur très élégiaque. Comme pour défier la pérennité.

 

Mahmoud Darwich, Entretiens sur la poésie, avec Abdou Wazen et Abbass Beydoun, traduction de Farouk Mardam Bey, Actes Sud, 2006, 126 p., 17 euros

Pour mieux comprendre l’œuvre du plus grand poète palestinien, s’informer sur son rapport au patrimoine littéraire arabe, aux écritures des grands poètes de son siècle ou encore comment il écrit ses poèmes, ce recueil d’entretiens est un complément indispensable.

 

 

Anaya Jaber, Jamie asbabina (toutes nos justifications), Charqiyat, Le Caire, 2006, 102 p., 9 L.E.

Dans son dernier recueil, la poétesse libanaise, également journaliste à Al-Safir, explore tous les aspects du rapport à l’autre. L’amour n’y est jamais vraiment pur, parfois mêlé de douleur ou alors de ce sentiment d’attente impossible à refouler. Avec ces poèmes en prose qu’elle a mis trois ans et demi à rédiger, Jaber signe son septième recueil .

 

Encyclopédie

Ma hiya al-haya ? (qu’est-ce que la vie ?), Université de tous les savoirs, Conseil Suprême de la culture, avec le Centre français de culture et de coopération, Le Caire, 2006.

Une encyclopédie réalisée sous la direction de Yves Michaud, originellement parue aux éditions Odile Jacob, dans la collection « Université de tous les savoirs » à Paris, en 2003. Les traductions sont de Anouar Moghith, Rawya Sadeq, Lobna Al-Ridi, Khalil Kalfat et Magda Al-Ridi. Ce volume pose des questions sur le problème de la définition de la vie, les théories de son évolution, la génétique, les maladies et thérapies. L’Université de tous les savoirs est une approche contemporaine des différents domaines de la connaissance dans un esprit qui est à la fois celui du bilan encyclopédique et celui du questionnement d’avenir. D’autres volumes de cette encyclopédie sont parus et ont également été traduits vers l’arabe .

Dina Kabil et Dina Heshmat

 

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