Al-Ahram Hebdo, Monde Arabe | Des bâtons dans les roues
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 Semaine du 23 à 29 Août 2006, numéro 624

 

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Palestine . L’Etat hébreu est décidé à enrayer toute tentative palestinienne de transcender les divergences politiques opposant le Fatah au Hamas.

Des bâtons dans les roues

« La situation dans les territoires occupés n’a jamais été si sombre, si indigne et si en proie au pessimisme ». C’est en ces termes que le politologue égyptien du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques d’Al-Ahram (CEPS), Mohamad Al-Sayed Saïd, qualifie ce qui se passe actuellement en Palestine. Un constat amer, mais qui s’avère des plus vrais. Outre les raids et les incursions auxquels sont en proie la bande de Gaza et ses habitants, l’armée israélienne tente de redorer son blason au détriment du gouvernement islamique du Hamas. S’il a subi un revers face au Hezbollah, Israël s’efforce d’accentuer sa pression sur le Hamas par volonté de rectifier son image, du moins aux yeux de ses citoyens. Et si à aucun moment de sa lutte avec le Hezbollah l’Etat hébreu n’a allégé sa pression sur le volet palestinien, ce dernier souffre davantage notamment après le retour au calme relatif au Sud-Liban. Ainsi, et dans le but d’infliger un camouflet au Hamas, Israël a décidé d’arrêter non pas des activistes mais des membres du gouvernement palestinien. Dimanche, le secrétaire général du Parlement palestinien, Mahmoud Al-Ramahi, a ainsi été arrêté par l’armée israélienne, a-t-on appris auprès de responsables palestiniens de sécurité et de sa famille. Les soldats ont encerclé son domicile en plein jour et l’ont arrêté.

Al-Ramahi n’est pas le premier responsable du Hamas à être arrêté, et apparemment il ne sera pas le dernier. Un porte-parole de l’armée israélienne a indiqué que cette arrestation relevait « de la lutte contre le mouvement radical Hamas », qui refuse de reconnaître l’Etat hébreu et de renoncer à la violence. Toutefois, ancien doyen de la faculté islamique Al-Najah de Naplouse, ce père de six enfants, également ministre de l’Education, fait figure de technocrate et de modéré au sein du Hamas. N’oublions pas qu’une soixantaine de responsables du Hamas, dont le président du Parlement et le numéro deux de l’Autorité palestinienne, Aziz Doweik, huit ministres et 26 députés, ont été arrêtés depuis le 29 juin par l’armée israélienne. Quatre ministres et le vice-président du Parlement ont entre-temps été libérés.

Ces arrestations ont commencé après l’enlèvement, le 25 juin dernier, d’un soldat israélien par des groupes armés palestiniens, dont la branche armée du Hamas. S’agit-il alors pour Israël d’une volonté de récupérer ce soldat par ces arrestations de dirigeants palestiniens ? Certes, non. L’objectif va beaucoup plus loin. Si au Sud-Liban Israël a cherché à détruire le Hezbollah, dans les territoires occupés, il œuvre à se débarrasser du Hamas. Cette arrestation constitue « la poursuite du feuilleton criminel auquel se livre le gouvernement d’occupation » contre le gouvernement palestinien, a dénoncé son porte-parole, Ghazi Hamad. « L’objectif d’Israël n’est autre que la disparition d’un gouvernement ou d’une Autorité palestinienne, ou leur affaiblissement », a-t-il ajouté.

Pour Saëb Eraqat, principal négociateur palestinien, « cette arrestation sape les efforts déployés pour former un gouvernement d’union nationale appliquant le programme du président Abbass ».

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmad Aboul-Gheit, dont le pays est impliqué dans les efforts pour la libération du soldat israélien, a condamné l’arrestation, affirmant que Le Caire refusait les « tentatives d’Israël d’imposer sa volonté au peuple palestinien ».

Le timing de ces arrestations traduit, en effet, la véritable intention de l’entité sioniste. N’intervient-il pas après l’accord des Palestiniens sur « le document des prisonniers », stipulant la constitution d’un gouvernement national, et au moment où des discussions entre le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbass, et le premier ministre, Ismaïl Haniyeh, sont en cours en vue de former un tel gouvernement regroupant le Hamas et le Fatah ? Mais avec les arrestations israéliennes, la formation d’un tel gouvernement risque d’être ajournée. Formation déjà reportée à cause de l’embrasement dans le sud libanais.

Levée du « siège »

Au cours de cette semaine, le premier ministre palestinien a posé les conditions de la formation de ce gouvernement. M. Haniyeh a insisté sur la présence d’un représentant de son parti à la tête de ce gouvernement : « Tout gouvernement (d’union nationale) doit être fondé sur la base des résultats des élections législatives palestiniennes » de janvier 2006, remportées par le Hamas, et son dirigeant doit appartenir à ce parti, a-t-il dit. Il a de même réclamé la libération préalable de « tous les ministres et députés » du parti islamiste, arrêtés par l’armée israélienne le 29 juin.

Il a également affirmé qu’un tel gouvernement ne pourrait voir le jour avant la levée du « siège » imposé par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, où elle poursuit des opérations militaires depuis le 28 juin. Cette offensive a fait au moins 179 morts, côté palestinien, et un, côté israélien.

Enfin, M. Haniyeh a posé vendredi dernier comme dernière condition à la formation d’un gouvernement d’union nationale le fait qu’aucun responsable ne soit impliqué ou accusé de corruption. Le Fatah de M. Abbass avait perdu les élections législatives de janvier, notamment en raison de la corruption. Condition difficile à remplir ? Pour le Dr Saïd, non. « Seule une minorité du Fatah est taxée de corruption », explique-t-il.

La formation d’un tel gouvernement devrait mettre fin à la crise que traverse l’Autorité palestinienne depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas, en mars dernier. Cette crise est notamment due au gel par les Etats-Unis et l’Union Européenne (UE) d’une grande partie de leur aide aux Palestiniens. Washington et l’UE boycottent le Hamas, qu’ils considèrent comme une organisation « terroriste », et exigent qu’il reconnaisse Israël, les accords signés avec lui et renonce à la violence.

Mais avec l’intransigeance israélienne, les Palestiniens parviendront-ils vraiment à unifier leurs rangs ? Pour les observateurs et les analystes, ils n’ont pas d’autre choix et doivent lutter pour y arriver. « Il faut que les Arabes adoptent une position forte afin de permettre à l’Autorité palestinienne d’exercer ses pouvoirs, de contrôler la situation sécuritaire et de mettre un terme au chaos. Les Palestiniens ne peuvent pas affronter seuls Israël. Si le statu quo persiste, les affaires se détérioreront et le pessimisme pourra en décider plusieurs à utiliser les armes pour régler leurs problèmes. Si on perd la confiance en le gouvernement, il y aura plus d’effritement », conclut le Dr Saïd.

Rania Adel

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