Alexandrie
a toujours vécu dans la conscience de l’humanité comme une ville
légendaire d’acquisition de connaissances, d’ouverture et
d’imagination. Dans ce contexte et en coopération entre l’Egypte
et la Grèce, dans le cadre du projet de la Bibliothèque
d’Alexandrie et le Centre d’études alexandrines et
méditerranéennes visant la renaissance du rôle historique de la
ville en tant que point de rencontre de toutes les civilisations,
la Fondation Onassis vient de commencer les travaux de
restauration du palais d’Antoniadis, situé à Nozha.
Le plan de restauration, élaboré avec la
collaboration du gouvernorat d’Alexandrie en coopération avec le
ministère de la Culture, a pour but de redonner à ce palais ou
villa et ses jardins leur facture originale. Ce monument figure
sur la liste du patrimoine que le Centre d’études alexandrines
et méditerranéennes a dressée, dans le cadre de la restauration
de tous les monuments et sites touristiques situés sur la
Méditerranée. Le budget destiné aux travaux est de quatre
millions de dollars.
Il faudra surtout éliminer tous les facteurs
de négligence qui ont affecté ce site tout au long de ces
dernières années. « Les travaux de restauration comprendront les
façades, les enceintes, les colonnes intérieures et les
corniches. Mais aussi les réseaux électriques et les conduites
d’eau du palais », indique Mohamad Awad, directeur du Centre des
études alexandrines et méditerranéennes et responsable des
travaux, tout en ajoutant : « Les restaurateurs vont également
utiliser des méthodes de lutte phytosanitaire pour protéger le
palais contre tous les insectes se trouvant dans le jardin.
Après les opérations de nettoyage du jardin, les statues et la
fontaine seront elles aussi restaurées. Il est prévu également
de protéger le palais contre toute tentative de vol à travers un
système de sécurité sophistiqué », ajoute toujours Awad.
Toutes les composantes du palais ainsi que
les meubles de la famille royale qui y figurent sont enregistrés
et conservés dans un lieu bien sécurisé en attendant leur
exposition au sein du palais au terme de sa restauration. De
nombreuses statues se trouvent dans les jardins comme celle de
la déesse Aphrodite et son fils ainsi que celle de Christophe
Colomb et autres.
Ce projet de restauration est d’autant plus
vital que le palais et les jardins d’Antoniadis sont considérés
comme étant une oasis, un havre de paix, au milieu d’une ville
gagnée de plus en plus par le béton, d’où l’importance de son
entretien et de son développement.
C’est en 1860 que sir John Antoniadis, un
Alexandrin et chef de la communauté grecque, a demandé à
l’artiste français Paul Richard de lui construire à Alexandrie
un palais et de larges jardins surplombant la Méditerranée,
selon le style européen. L’artiste français s’est alors inspiré
du palais de Versailles en faisant une copie identique en Egypte.
John Antoniadis a vécu dans ce palais jusqu’à sa mort, en 1895.
Du vivant de sir John Antoniadis, la villa regroupait à
différentes occasions l’élite de la société qui s’en donnait à
cœur joie. Antony Antoniadis, fils de sir John, accorda la villa
et ensuite tout le domaine familial au Conseil municipal
d’Alexandrie. C’était en 1918.
L’endroit servit alors de lieu de résidence
des hôtes de marque ; il a vu se succéder notamment des rois
d’Europe et le chah d’Iran Mohamad Reza Pahlévi, alors marié à
la princesse Fawziya, sœur du roi Farouq d’Egypte. En 1936, la
villa a aussi accueilli la cérémonie de signature de l’accord
entre l’Egypte et la Grande-Bretagne.
Les jardins de la villa ont été utilisés
pendant plusieurs années pour l’exposition florale annuelle.
Après la Révolution de 1952, une partie du jardin a été utilisée
pour élargir celui de Nozha, ainsi que le jardin zoologique.
Mais à partir de 1970, il y a eu un déclin concernant l’état de
la villa. « En 2004, sous les auspices du général Abdel-Salam
Al-Mahgoub, gouverneur d’Alexandrie, la villa d’Antoniadis et
ses jardins ont été donnés à la Bibliothèque d’Alexandrie »,
indique Awad.
A la fin des travaux de restauration du
palais, censés durer deux ans, il sera utilisé pour des
activités culturelles de valeur. Il sera permis au public d’y
effectuer des visites et l’accès aux jardins sera autorisé à
tout le monde, étant donné que le palais et ses environs sont un
site touristique important à Alexandrie.
« Le palais servira de lieu de séjour pour
les délégations étrangères en visite en Egypte dans le cadre de
l’échange culturel entre l’Egypte et les pays de la Méditerranée.
Il deviendra également le siège permanent pour le dialogue euro-méditerranéen
», a signalé Awad. Un musée comprenant un grand nombre de pièces
de la villa d’Antoniadis ainsi que certains mobiliers du palais
y seront exposés après sa restauration, pour mettre en relief
l’importance du palais. De même, des salles pour les arts
plastiques, des pièces théâtrales et musicales seront offertes
au public au sein du palais.
Ces lieux magnifiques sont à 400 mètres de la
gare ferroviaire de Sidi Gaber et à 10 minutes de l’aéroport de
Nozha.
Thérèse Joseph