Al-Ahram Hebdo, Egypte | Le bahaïsme obtient satisfaction
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 Semaine du 10 au 17 mai 2006, numéro 609

 

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Egypte

Religion. La décision du tribunal administratif d’Alexandrie d’autoriser un couple de bahaïs à inscrire leur confession sur leurs cartes d’identité fait grincer des dents.

Le bahaïsme obtient satisfaction

Prononcé le 4 avril, un verdict du tribunal administratif de première instance d’Alexandrie répondait favorablement à une revendication de longue date. Depuis des décennies, la petite communauté bahaïe égyptienne revendiquait en effet son droit à afficher sa religion sur les cartes d’identité de ses membres. Mais les bahaïs se heurtaient au refus du ministère de l’Intérieur qui ne leur proposait que d’inscrire la mention musulman ou chrétien, ou de se passer carrément de pièces d’identité. C’est ce droit qui fut finalement reconnu à un couple de bahaïs ayant déposé une plainte il y a deux ans.

Le bahaïsme, en tant que religion, a vu le jour sur le territoire iranien il y a environ 150 ans. Il doit son nom à son fondateur Al-Mirza Hussein Aly Al-Nourry, né en 1817 à Téhéran et surnommé Bahaallah. Le bahaïsme se distingue de l’islam par ses rituels : le pèlerinage a lieu à Haïfa en Israël, la prière se fait sans ablution ... A l’échelle mondiale, le nombre des adeptes du bahaïsme dépasse les 6 millions de personnes, dont de deux à trois milliers vivent en Egypte. Leur lieu de culte qui se trouvait à Abbassiya, au Caire, a été démoli en 1960 par décret présidentiel. En Egypte, les bahaïs sont accusés de prosélytisme et de relations suspectes avec Israël, Etat qui abrite leurs lieux saints. Plus récemment, en 2003, un avis religieux exprimé par l’Académie des recherches islamiques d’Al-Azhar considère que le bahaïsme est une doctrine qui contredit l’islam, et que ses adeptes sont des apostats.

L’affaire a été débattue la semaine dernière à l’Assemblée du peuple. Lors d’une séance houleuse, à laquelle a assisté le ministre des Waqfs (biens religieux), Mahmoud Hamdi Zaqzouq, plusieurs députés du PND (Parti National Démocrate, au pouvoir) et de l’opposition ont tour à tour interpellé le gouvernement. « Il y a plus d’un mois que le tribunal a prononcé ce verdict en faveur des bahaïs. Bien que ce verdict soit anticonstitutionnel et contraire aux avis religieux émis par Al-Azhar, le gouvernement n’a pas réagi. Nous voulons des explications », a lancé Ahmed Abou-Zeid, député du PND et membre du Comité des lois. Les députés se sont basés sur l’article 2 de la Constitution stipulant que la charia est la principale source de législation. Conformément à cet article, expliquent les députés, seuls les trois grandes religions monothéistes sont reconnues par la loi égyptienne.

« Le fait de considérer ces apostats comme une communauté reconnue officiellement ouvre la porte à d’autres comme les chiites, ou les adorateurs de Satan de réclamer le même droit, de quoi anticiper la laïcisation de l’Etat », s’indigne Akram Al-Chaër, islamiste. Sayed Askar, également de tendance islamiste, a proposé pour sa part l’élaboration d’un projet de loi incriminant l’adoption du bahaïsme. Face à la virulence des critiques, le ministre des Waqfs a promis devant le Parlement de présenter un recours contre le verdict du tribunal.

Cela dit, tous les députés n’étaient pas du même avis. A la grande surprise des conservateurs, la secrétaire de l’Assemblée du peuple, Zeinab Radwane, a approuvé le verdict. « Je suis d’accord sur le fait que le bahaïsme n’est pas une religion. Mais, en tant que citoyens égyptiens, les bahaïs doivent être officiellement reconnus comme tels. Ce verdict va régler les problèmes que les bahaïs rencontrent pour inscrire leurs enfants à l’école, pour trouver du travail ou pour voyager à l’étranger, étant dépourvus de documents officiels », affirme Radwane. Du côté strictement religieux, ce verdict « empêchera cette communauté de se confondre dans la masse et de diffuser leurs hérésies parmi les musulmans surtout d’autant plus qu’ils portent des noms musulmans ».

En dehors du Parlement, l’Organisation Egyptienne des Droits de l’Homme (OEDH) a annoncé son intention de s’opposer à toute contestation visant à priver les bahaïs de leurs droits. « Nous avons très favorablement accueilli le verdict qui est conforme avec la Constitution et les traités internationaux accordant la liberté de la religion et mettant tous les citoyens à pied d’égalité devant la loi, sans aucune discrimination basée sur le sexe ou la religion », souligne Hafez Abou-Seada, secrétaire général de l’OEDH.

Finalement, avec l’affaire des bahaïs, c’est un autre tabou qui vient d’être brisé en Egypte, apportant une preuve de plus sur la transformation de la société. Mais pour quelle forme ? .

Héba Nasreddine

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