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Pollution de l’Eau. S’ils sont très prisés par les touristes, les bateaux qui voyagent sur le Nil constituent un grave danger pour le fleuve dont ils se servent comme un véritable dépotoir.

La croisière abuse

C’est une véritable ville flottante qui se déplace. Ce sont les bateaux de croisière, porteurs de tous les risques. En dépit de leur luxe et de leur beauté et du fait qu’ils constituent un véritable atout pour le tourisme, ces bateaux sont très mal notés sur les registres des défenseurs de l’environnement. Et pour cause. A bord, les planchers sont lavés, ainsi que les draps, les vêtements sont nettoyés à sec, les toilettes sont vidées et les restes de nourriture sont jetés. Tout cela s’ajoute à une quantité incroyable d’eaux usées, d’ordures, d’huile et autres. A l’heure où les passagers festoient et admirent sites et paysages, la pollution, elle, va bon train. Ceci n’est pas une exagération. Les spécialistes le certifient. « Un bateau de croisière peut produire jusqu’à 120 000 litres d’eaux usées par jour, il peut également vider les eaux d’égout brutes dans le Nil », souligne Mahmoud Al-Qayssouni, expert en tourisme et écologie.
 

On dénombre environ 270 bateaux de croisière, dont plus de 50 % ne traitent pas leurs déchets avant de les jeter dans les eaux du Nil. Les responsables du ministère de l’Environnement reconnaissent l’existence du problème : « Les bateaux de croisière ne présentent pas d’études sur l’impact environnemental avant d’obtenir leur permis, ce qui est, à mon avis, à l’origine de tous les autres problèmes », commente Magdi Allam, vice-président de l’Agence Egyptienne pour les Affaires de l’Environnement (AEAE). Même les bateaux qui possèdent des unités de traitement des eaux usées, leur réservoir ne peut contenir que les quantités produites durant les 6 premières heures de navigation. « Ajoutez à cela que même les embarcadères ne sont pas couverts par le réseau de drainage sanitaire, ce qui rend le problème de plus en plus compliqué », souligne le responsable. C’est l’augmentation du nombre des bateaux et surtout le fait qu’il ne s’agit plus des classiques embarcations à voile qui a causé le problème de pollution, relève l’expert international Mohamad Abdel-Fattah Al-Qassas. Mais, le développement quantitatif et qualitatif des flottes et des navires de plaisance a entraîné une très grande pollution du fleuve. En effet, l’utilisation de moteurs de plus en plus performants et donc de plus en plus consommateurs de carburant, ainsi que la présence à bord de chacun de ces navires d’un équipage, plus ou moins important, sont à la source de rejets beaucoup plus polluants qu’auparavant. La conséquence de cette inflation du nombre de bateaux a donc été un accroissement conséquent de la pollution du Nil.


Les différents ministères essayent d’agir

« Les bateaux de croisière comme tous les autres établissements touristiques sont régis par la loi 4 de l’année 1994 sur l’environnement. Des inspecteurs passent sur ces bateaux pour s’assurer que le débarras des déchets solides et liquides est conforme aux normes désignées par la loi », explique Magued Georges, ministre de l’Environnement.

Il a également ajouté que les ministères du Tourisme, de l’Irrigation, du Transport et de l’Environnement se sont mis d’accord pour ne pas renouveler le permis des bateaux de croisière qui ne possèdent pas une unité de traitement des déchets liquides.

En effet, les ministères concernés ainsi que la police de l’environnement lancent de temps à autre des campagnes d’inspection pour constater les infractions. « Durant la dernière campagne d’inspection qui a eu lieu du 28 novembre 2004 au 7 décembre de la même année, les inspecteurs sont passés sur 104 bateaux. Seules 25 embarcations étaient conformes aux normes environnementales », affirme le ministre de l’Environnement. Les infractions commises par ces croisières variaient entre le versement direct du drainage sanitaire à l’état brut, le débarras non sain des déchets solides et une unité de traitement inutilisée ou même en panne.

Malgré ces infractions enregistrées, aucune mesure n’a été prise contre les propriétaires de ces bateaux.

« La loi sur l’environnement est claire. Nous avons adressé deux avertissements aux ministères du Tourisme et du Transport qui, à leur tour, doivent avertir les bateaux en question. La loi sur l’environnement prévoit des amendes en cas d’infractions écologiques, mais accorde un délai pour se conformer aux normes, dans le but de garantir la stabilité économique des activités touristiques ou autres », explique Atef Yaaqoub, surveillant général de la direction de l’inspection au sein de l’AEAE.

Le ministère de l’Environnement met actuellement la dernière touche sur une unité de traitement bien équipée pour absorber les eaux du drainage sanitaire produites par les bateaux de croisière à leur entrée à Assouan. « Ces eaux usées seront utilisées dans la culture d’arbres non fruitiers », assure Magued Georges. Tout en ajoutant que quatre stations pour recevoir les déchets de ces bateaux ont été créées au Caire, à Minya, à Assiout et à Sohag.

Il est évident que les responsables essayent d’arrêter les activités qui occasionnent la pollution, mais malgré les nombreux procès et les sommes énormes d’amendes, cela n’est toujours pas près de finir. La raison en est que les lois ne sont pas contraignantes ; de plus, elles sont peu appliquées. Seules une sensibilisation du public et une pression de sa part peuvent faire avancer les choses. Ce qu’il nous faut actuellement, c’est une lutte sans merci contre les bateaux pollueurs du Nil .

Dalia Abdel-Salam
 
Trois questions à
Randa Fouad, présidente de l’unité pour l’information sur le développement au sein de l’Agence Egyptienne pour les Affaires de l’Environnement (AEAE).

Al-Ahram Hebdo : Pourquoi la formation d’une unité pareille à ce moment précis ?

Randa Fouad : Son existence est devenue indispensable, surtout que le concept du développement durable occupe actuellement pas mal d’espace et gagne du terrain de jour en jour. Il y a une tendance internationale qui lie les médias au développement, ou plus précisément qui considère les médias comme un outil pour exécuter les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Les médias sont un partenaire qui pourra aider les responsables à mettre en place les plans pour le développement et à surveiller leur exécution, et ensuite les faire évoluer tout en jouant un rôle très important dans le processus de sensibilisation d’une manière profonde. Cette unité est la première du genre au niveau des ministères égyptiens.

— Mais il y avait déjà un attaché de presse pour le ministre et toute une direction pour l’information ...

— Nous ne sommes pas là pour faire une couverture des infos pour les médias, mais pour réaliser une sorte de coordination entre les médias et le ministère. Nous sommes responsables de mettre en place des plans et des stratégies, et même d’apporter de l’assistance technique aux différents départements de l’AEAE.

— Quel sera précisément le travail de cette unité ?

— L’unité est censée jouer plusieurs rôles pour réaliser trois objectifs. Premièrement, garantir le flot de l’information et ce en modernisant le site Internet officiel du ministère, et nous avons déjà fait des pas dans ce sens. En visitant le site du ministère à présent, vous allez trouver toutes les dépêches et les informations qui aident les journalistes à suivre toutes les activités du ministre et du ministère à travers des textes et des photos. En effet, les journalistes ont longtemps souffert pour arriver aux informations. Deuxièmement, l’unité devra réviser la stratégie des médias relative à l’environnement, aider les journalistes à suivre des cours de formation afin d’être capables de faire passer le message de sensibilisation en mettant les articles environnementaux à la portée du grand public. Enfin, l’unité sera également responsable de réaliser une sorte de partenariat effectif avec les réseaux d’information aux niveaux local, régional et international. Nous sommes censés préparer des activités liées au développement durable. A vrai dire, j’ai beaucoup de rêves que j’espère réaliser dans le but de consolider les principes du développement durable en Egypte .

Propos recueillis par `
D. A.

 

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