Alexandrie,
De notre envoyée spéciale —
120
millions de L.E., tel est le coût estimé pour
la réalisation du projet de développement
du Musée gréco-romain d'Alexandrie. Le Conseil
Suprême des Antiquités (CSA) vient de décider
le lancement des travaux relatifs à ce projet
après de longues études. « La réalisation
du projet durera deux ans. C'est un architecte
égyptien qui a fait le nouveau design permettant
l'exposition des pièces selon un système original.
Celui-ci a pris en compte tous les moyens
modernes pour l'exposition des antiquités
dans les meilleures conditions », indique
le Dr Zahi Hawas, secrétaire général du CSA.
Le
Musée gréco-romain d'Alexandrie renferme une
collection de vestiges de l'époque où Alexandrie,
ville capitale, était florissante. Il contient
aussi des vestiges de la même époque provenant
d'ailleurs, du Fayoum, de Behnassa, etc. Ils
se complètent les uns les autres et donnent
une idée générale des monuments de cette époque.
Fondé en 1893, le Musée occupait en ce temps-là
un appartement de cinq pièces à la rue Rosette
(Avenue Canope et actuellement Horriya). En
1895, il fut transféré au bâtiment actuel
qui contenait seulement onze salles, l'aile
ouest du bâtiment. D'autres salles y ont été
ajoutées par la suite qui lui ont donné sa
forme d'aujourd'hui.
L'intention
du développement est d'organiser le musée
dans un ordre chronologique.
A
l'entrée du musée rénové, une salle sera consacrée
à toutes les pièces rappelant l'existence
des Grecs en Egypte avant Alexandre Le Grand.
« On pense aussi faire, toujours à l'entrée,
une salle spéciale destinée au monde grec
en général, puisque le musée est consacré
aux Grecs et à la période de leur domination.
Une salle sera consacrée à Alexandre Le Grand
: ses statues, les monnaies qui représentent
son image », ajoute le Dr Mervat Seifeddine,
directrice. La période du règne de ce jeune
empereur sera représentée dans une salle indépendante,
pour montrer les événements historiques qui
se sont déroulés à cette époque et jusqu'au
départ d'Alexandre.
On
assurera ensuite une présentation des rois
et des reines de la période ptolémaïque depuis
Ptolémée Ier jusqu’à Cléopâtre VII. « Ici,
on montrera seulement les portraits et les
statues des rois de la dynastie ptolémaïque.
Nous avons dans la collection beaucoup de
pièces représentant les rois, leurs enfants
et leurs familles. Vient ensuite dans cet
ordre de présentation, une démonstration du
culte de Sérapis parce que c'est très important
de connaître la religion de l'époque », explique
le Dr Mervat Seifeddine. |
Une
autre salle spéciale sera consacrée au dieu
Sobek, le crocodile. « Le contenu de la tombe
exposée actuellement dans le jardin du musée
et qui a été trouvée dans le gouvernorat du
Fayoum occupera cette partie. Il s'agit d'environ
25 objets qui ont été mis au jour dans cette
hypogée : des stèles, des statues, ... La
porte de la tombe est en bois, ce qui constitue
une chose exceptionnelle. Puis on montrera
les dieux pharaoniques et grecs connus toujours
à la période gréco-romaine », explique Ahmad
Abdel-Fattah, directeur général des antiquités
d'Alexandrie.
Une
des salles les plus impressionnantes sera
consacrée au Nil et à l'importance de l'eau
en Egypte et aux végétations. Autre thème
pour lequel une salle sera également consacrée :
le vin et son importance à cette époque. Des
vases et autres récipients seront présentés
ainsi qu'un schéma permettant d'expliquer
la méthode de fabrication à cette époque.
Les renseignements obtenus à cet égard proviennent
de représentations sur les murs des temples.
Le Musée gréco-romain comprend à cet égard
deux pièces uniques au monde fabriquées en
bois et ayant trait à la fabrication du vin.
Elles sont en bon état de conservation.
Le
monde de la culture et de la langue à l'époque
figurera aussi. A côté des hiéroglyphes, il
y aura une présentation de textes en grec
et copte ainsi que des statues des auteurs
les plus célèbres. Ces textes comprennent
des papyrus, des ostracas et autres supports
de production. « On évoquera aussi des philosophes
et même nous avons une édition de L'Iliade
et l'Odyssée de Homère », explique le Dr Mervat
Seifeddine.
L'architecture
est également présentée de manière à expliquer
comment étaient les bâtiments, les temples
et les théâtres, en plus des salles de bain
à Alexandrie à cette époque.
Le
tout se terminera par le monde de l'au-delà.
La mort est une spécialité de l'Egypte gréco-romaine.
Les Grecs avaient des pratiques funéraires
utilisées côte à côte avec la momification
inspirée de l'Egypte Ancienne. Des urnes funéraires,
des sarcophages, des cartonnages et les accessoires
ajoutées à côté de la momie. Ceci sans oublier
les tanagras, statues funéraires trouvées
dans toutes les tombes d'Alexandrie. « Nous
en avons beaucoup en terre cuite », souligne-t-elle
en relevant que ces figurines nous renseignent
sur « les coiffures, les habits et autres
aspects de la vie ». L'époque copte viendra
montrer qu'il n'y a pas de séparation entre
les Romains tardifs et les coptes. Les deux
marchent ensemble parallèlement . |