Sept
ans après le CD célébrant la rencontre entre Mozart et l’Egypte,
qui fit un tabac à l’époque (400 000 exemplaires vendus dans
le monde, dont 200 000 en France), les producteurs de ce disque,
Hughes de Courson et son complice égyptien Ahmad Al-Maghrabi,
récidivent avec Mozart l’Egyptien 2 qui, à son tour, semble
voué au même succès que son prédécesseur (50 000 exemplaires
vendus en 5 semaines).
La recette paraît simple : les Français aiment
Mozart et aiment l’Egypte, donc la combinaison des deux ne
peut que réussir. Est-ce à dire que ce disque représente une
réussite artistique totale ?
Pour pouvoir répondre à cette question, il
faut d’abord admettre le point de départ des créateurs, c’est-à-dire
accepter le mélange de deux musiques incompatibles à l’origine.
Il ne faut pas être un puriste fanatique
de Mozart, ni de la musique arabe d’ailleurs, mais il faut
garder les oreilles ouvertes et accueillantes, oublier ces
préjugés, et se laisser aller au plaisir d’écouter ce mélange
incongru.
Il ne faut surtout pas faire comme un critique
du Nouvel observateur qui a descendu ce disque en flammes,
dans un langage grossier (« La flûte défèque ... »), indigne
d’un hebdomadaire de ce calibre, ce qui lui attira une réponse
cinglante d’Hughes de Courson.
Ceci dit, il y a du bon et du moins bon dans
ce disque : d’abord sur les 15 morceaux, il y en a trois qui
sont de la musique purement égyptienne, qui n’a rien à voir
avec Mozart. D’autre part, certains d’entre eux sont une simple
juxtaposition d’airs égyptiens et mozartiens dont le rapprochement
paraît un peu artificiel. Mais d’autres morceaux sont de vraies
réussites : par exemple, dans les deux passages tirés de l’opéra
Cosi fan tutte, l’arrangeur nous fait assez habilement passer
de Mozart à la musique arabe. Dans le Concerto pour kaval
et flûte, il suffit d’une légère modification de la mélodie
mozartienne et d’un ajout de percussions pour donner immédiatement
un caractère « arabe » à la musique.
Signalons qu’on peut entendre la soprano
égyptienne Amira Sélim dans trois airs tirés des opéras de
Mozart : un de Cosi fan tutte, l’air de la Reine de la nuit,
de la Flûte enchantée et un air de l’Enlèvement du Sérail
où elle dialogue avec la chanteuse arabe Wafaa Al-Morsi.
(Signalons en passant que la couverture du
disque contient des erreurs dans la traduction arabe des titres
ainsi que dans les numéros des pages attribués aux solistes).
Il faut aussi relever l’importance de l’équipe
qui a participé à cet enregistrement : 9 solistes, le chœur
de Radio Sofia (80 choristes), 16 solistes sur instruments
orientaux, et 9 solistes classiques, l’Ensemble du Caire (40
cordes), l’Orchestre symphonique bulgare (49 musiciens), ainsi
que 9 studios d’enregistrement. Chapeau à ceux qui ont réussi
à coordonner tout cela.
Un spectacle Mozart l’Egyptien est déjà prévu
dans la salle du Zénith à Paris (7 000 personnes) du 15 au
20 octobre 2006. II comprendra des solistes (dont Amira Sélim),
40 choristes, 20 musiciens arabes et un orchestre symphonique
de 75 musiciens. Quant à l’Egypte, on parle d’un projet pour
le printemps 2006.
Aux dernières nouvelles, le disque serait
disponible ici chez Virgin et à la librairie Diwan à Zamalek.
Vous pouvez aussi consulter le site www.egyptmusic.org.