Temples,
obélisques, nécropole et lac sacré, on se dirait à Louqsor
et non dans un village agricole du Delta. A 150 kilomètres
au nord est du Caire, dans le gouvernorat de Charqiya,
s’étend sur une superficie de près de 500 feddans (210
ha), le village de San Al-Hagar, le site archéologique
de Tanis. Cette région, qui constitue la partie la plus
riche de tout le Delta en matière archéologique, est
l’objet d’un grand projet d’aménagement et de restauration.
Ces travaux seront bientôt entamés par le Conseil Suprême
des Antiquités (CSA) en coopération avec une mission
archéologique française qui opère sur le site depuis
les années 1928.
Une entreprise
ambitieuse, puisqu’il ne s’agit pas uniquement de travaux
d’aménagement et de restauration des monuments mais
plutôt de reconstruire cette ville antique de Tanis.
Ainsi, le temple d’Amon doit être reconstitué afin de
retrouver son état original avec ses statues colossales,
ses obélisques géants et ses murs gigantesques tout
en assurant la sécurité de ses éléments.
«
Imaginons le temple d’Amon après sa reconstruction avec
les statues géantes qui se trouvent des deux côtés de
l’entrée, ainsi que le haut mur avec les trois pylônes,
allant jusqu’à l’autel sacré, et deux obélisques de
chaque côté des pylônes, ça serait vraiment magnifique
», rêve Hassan Ibrahim, responsable archéologique à
San Al-Hagar. En fait, Tanis est connue surtout pour
ses obélisques. Elle en compte 17, dont la plupart sont
intacts. « Très souvent, on trouve les quatre façades
des obélisques pleines d’inscriptions. Le plus intéressant,
c’est que parfois sur un seul obélisque on peut regrouper
des textes qui remontent à différentes époques historiques
», souligne Mohamad Abdel-Maqsoud, directeur des antiquités
du Delta. Selon lui, cela prouve que ces obélisques
ont été réutilisés maintes fois. En fait, l’obélisque
dressé à la place de la Concorde, à Paris, provient
de la ville de Tanis, de même que celui actuellement
situé à l’entrée de l’aéroport international du Caire.
Outre les
travaux de restauration des tombes royales qui seront
entamés par le CSA, un système d’aération et d’éclairage
sera établi afin de permettre une visite confortable
aux touristes.
Si Tanis
est considérée comme la ville la plus riche en vestiges
archéologiques au Delta, il est certain que les trésors
qui s’y trouvent ne représentent que très peu par rapport
à ceux qui y seraient enfouis. Les fouilles n’ont été
faites que sur 10 % seulement de la superficie totale
du site.
De plus,
un objectif principal de la restauration est également
d’attirer le plus de touristes possible essayant de
diminuer le flux touristique sur les sites archéologiques
de la Haute-Egypte, à savoir que près de 10 000 touristes
se rendent annuellement à San Al-Hagar.