Hebdomadaire égyptien en langue française en ligne chaque mercredi

Points de vue

La Une
L'événement
Le dossier
L'enquête
Nulle part ailleurs
L'invité
L'Egypte
Affaires
Finances
Le monde en bref
Points de vue
Commentaire
d'Ibrahim Nafie

Carrefour
de Mohamed Salmawy

Portrait
Littérature
Arts
Société
Sport
Environnement
Patrimoine
Loisirs
Echangez, écrivez
La vie mondaine
Entre Allaoui et Chalabi
Par Mohamed Sid-Ahmed

Lorsque George W. Bush a déclenché la guerre contre l'Iraq, il a déclaré qu'il s'attendait à ce que ce pays soit le plus démocratique du monde arabe. C'est dans cet esprit que la peine capitale a été abrogée. On prenait à l'époque cette abrogation comme indice de la nouvelle identité de l'Iraq et des nouvelles valeurs qu'il allait symboliser et qui sont tout à fait le contraire de celles qui ont prévalu sous le régime de Saddam Hussein.

Mais actuellement, l'image a changé. Tout d'abord, il y eut le grand choc provoqué par les nouvelles sur des sévices infligés par des soldats américains à des prisonniers iraqiens. Ensuite, ce fut le choc de la décision du gouvernement provisoire de rétablir la peine capitale.

Avant la guerre, on s'attendait à ce qu'Ahmad Chalabi soit l'acteur principal de la construction du nouvel Iraq car il était l'opposant iraqien le plus proche de l'Administration américaine et l'homme qui a contribué le plus à convaincre Bush de partir en guerre. Mais encore une fois, l'image a changé. Chalabi est à présent en disgrâce. Les Américains lui ont retiré les quelque 340 000 dollars qu'ils lui versaient mensuellement après la découverte de ses relations avec le régime iranien, à qui il a remis des documents américains importants dont le code utilisé par les troupes américaines.

Chalabi a perdu ainsi toute chance de pouvoir jouer le rôle principal, comme on le prévoyait auparavant. A surgi dans ces conditions Iyad Allaoui, qui est devenu la personne la plus à même de remplir les fonctions de premier ministre. Allaoui avait beaucoup d'avantages par rapport à Chalabi. Il a un passé de baasiste et entretenait de bonnes relations avec les politiciens iraqiens à l'intérieur du pays alors que Chalabi, lui, avait quitté l'Iraq depuis longtemps et n'avait pas de contact avec ces hommes politiques. C'est ce qui explique probablement sa volonté de développer de bonnes relations avec des forces régionales comme l'Iran. Chalabi a d'autre part joué un grand rôle pour convaincre les forces d'occupation américaines de liquider le parti Baas. Ce qui a encouragé les rescapés de ce parti à se réorganiser clandestinement et à joindre la résistance armée contre le gouvernement provisoire. Tout ceci a porté préjudice aux tentatives de renforcement de la sécurité et de la stabilité et a été à l'origine du rétablissement de la peine capitale. Ce qui a étouffé le rêve de l'instauration d'un régime démocratique.

C'est ainsi et contre toutes les prévisions qu'Allaoui a émergé et est devenu l'homme fort de l'Iraq. Allaoui ne fut pas le premier choix ni des Américains ni de Lakhdar Brahimi, l'envoyé spécial de Kofi Annan. Mais finalement, il fut approuvé par tous. Et il est devenu le véritable dirigeant de l'Iraq.


Le danger d'un démembrement de l'Iraq

La plus grande menace que confronte l'Iraq est sa possible division en de petits Etats. Saddam Hussein avait de nombreuses tares, mais il avait l'avantage d'avoir su maintenir, quelle que soit la politique qu'il avait adoptée, l'unité de l'Iraq. Aujourd'hui, il n'y a plus de forces qui œuvrent pour maintenir cette unité. L'Iraq est aujourd'hui exposé à différentes formes d'effondrement et de guerre civile.

Lorsque l'anarchie prédomine sur l'ensemble du pays, il est inéluctable que les relations inter-iraqiennes s'enchevêtrent de plus en plus et deviennent plus confuses et plus compliquées. C'est en effet ce que l'on prévoit avec l'absence d'une autorité centrale reconnue par toutes les parties concernées.

Les pressions internes et externes conduiront-elles Allaoui à adopter des positions aussi intransigeantes que celles de Saddam Hussein, mais qui seront cette fois appuyées par les Etats-Unis, quel que soit le prochain président américain, Bush ou John Kerry ?


L'Intifada des chiites

Le chef radical chiite Moqtada Sadr a estimé qu'il est impossible qu'un climat démocratique normal prévale tant que l'occupation étrangère persiste. Sadr nie que ses partisans soient un groupe de criminels et de meurtries comme les décrit Allaoui. Il rappelle qu'ils sont musulmans, croyants et défendent l'islam contre les non-croyants. Les choses glissent très rapidement vers des confrontations que, tout porte à croire, seront des plus dangereuses.

La situation est amplement détériorée, l'armée du Mahdi dirigée par Moqtada Sadr est prête à des combats meurtriers dans la ville sainte de Nadjaf, au sud de Bagdad. Sadr a juré qu'il défendrait la ville sainte contre les Américains et les Anglais jusqu'au dernier. Bien plus, à Bassora, au sud, on menace de se séparer de l'Iraq si les troupes étrangères poursuivent leurs attaques. D'autre part, avec la poursuite des combats, 90 % du budget iraqien dépend de la vente du brut, ce qui menace le gouvernement provisoire d'une catastrophe si les confrontations se poursuivent, empêchant l'exportation du pétrole.

Quel est le sort des relations arabo-iraqiennes ? L'Iraq va-t-il se défaire de son passé et s'éloigner de son environnement arabe ou bien va-t-il procéder à un retour au bercail ? Et qu’en est-il d'Israël ? Washington va certes essayer d'exploiter tout éloignement de l'Iraq du monde arabe pour établir des relations entre l'Iraq et Israël. Il est probable qu'une personne comme Allaoui avec son passé nationaliste s'opposerait autant que possible à cette orientation. Mais sous ce climat confus, il est difficile de trancher quoi que ce soit. Il est plutôt presque certain que si Washington tarde à établir des ponts entre l'Iraq et Israël, ceci ne signifierait pas qu'il a renoncé à le faire, mais que d'autres réalités plus urgentes le préoccupent à l'heure actuelle. Le sujet est donc relégué, mais pas abandonné.

Il est impossible que les relations avec les pays voisins restent stables tant que la situation sur le plan interne en Iraq se détériore davantage. D'où le besoin d'une démocratie qui convient à l'Iraq et à ses spécificités. Mais nous n'avons qu'un court délai. Les élections ne peuvent être reportées éternellement. Elles ont déjà été reportées, ce qui a eu comme conséquence la remise du pouvoir aux Iraqiens malgré la présence des troupes d'occupation.

L'Iraq parviendra-t-il à réussir son examen de démocratie ou bien l'anarchie aura-t-elle le dernier mot ?

Haut de page
 

Pour les problèmes techniques contactez le webmaster

Adresse postale: Journal Al-Ahram Hebdo
Rue Al-Gaala, Le Caire - Egypte
Tél: (+202) 57 86 100
Fax: (+202) 57 82 631