« Toutankhamon
installe son trône à Bâle », titrait le 6 avril
dernier le quotidien La Tribune de Genève pour
l'inauguration de l'exposition des trésors de Toutankhamon
dans le musée des antiquités de Bâle. Cette exposition
est la première du genre en Europe depuis 1981. Certains
objets du pharaon exposés à Bâle ne sont même jamais sortis
d'Egypte auparavant.
C'est accompagnée
de Farouk Hosni, ministre de la Culture, de Zahi Hawas,
secrétaire général du Conseil suprême des antiquités,
que Mme Suzanne Moubarak, première dame d'Egypte, était
présente dans la capitale de Rhénanie pour l'inauguration.
Que ce soit
dans les stations de métro, les arrêts de bus, l'aéroport,
ou les grands magasins, les affiches du jeune roi sont
désormais omniprésentes dans Bâle. Son effigie a aussi
orné les drapeaux décorant les différentes rues de la
ville. Même le chocolat, cette spécialité si suisse, s'est
mis au goût du jour en prenant la forme du visage de Toutankhamon.
Les préparatifs
qui ont duré trois ans révèlent l'attente et l'engouement
pour cette exposition qui durera jusqu'au 30 octobre prochain.
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Agencée
avec beaucoup d'imagination, l'exposition est installée
dans le sous-sol du musée. Un lieu qui permet ainsi de
créer une réelle atmosphère de tombe pharaonique. L'entrée
est gardée par d'énormes statues du dieu de la mort, Anubis,
à tête de chacal. Présentée de manière chronologique,
l'exposition se termine par une reconstitution de la chambre
mortuaire du pharaon, la seule pièce du tombeau a être
ornée de fresques murales.
Un
éclairage discret met en valeur la beauté des objets exposés.
Les 120 pièces sont présentées de deux manières :
les grandes étaient à découvert et les plus petites protégées
par des vitrines.
Les murs
sont tapissés d'immenses panneaux de tissus noir et blanc
racontant les différentes phases de la découverte de la
tombe de Toutankhamon par Howard Carter en 1922, dans
la Vallée des Rois en Haute-Egypte. Sur les 120 pièces,
50 proviennent du tombeau de Toutankhamon, vieux de 3 500
ans, et 70 de tombes voisines de la Vallée des Rois.
Le choix
de ces dernières se limite au Nouvel Empire et plus exactement
à la VXIIIe dynastie (1550 à 1292 av. J.-C. ). Parmi les
plus belles pièces présentées figure un mini-sarcophage
en or, gravé à l'intérieur, et recouvert à l'extérieur
de lapis-lazuli et de pierres précieuses, trouvé dans
le tombeau de Toutankhamon, mort à un âge estimé de 25
ans. Les visiteurs peuvent également admirer un énorme
sarcophage en bois doré, de 2,18 mètres de long, incrusté
de calcite et d'obsidienne, provenant de la tombe de Youya
et Touya, les beaux-parents d'Aménophis III. Ce cercueil,
qui enveloppait la momie comme une coquille, sort pour
la première fois d'Egypte.
Parmi
les pièces choisies on remarque une statue de Toutmosis
IV et de sa mère Tiyi en granit noir, une statue funéraire
d'Aménophis II en bois noirci à la résine, un modèle du
bateau d'Aménophis II en bois peint, et un visage d'Aménophis
III en obsidienne.
Interdit
de sortie d'Egypte, le masque mortuaire en or massif du
pharaon, considéré en Egypte comme un trésor national,
n'est cependant pas exposé à Bâle.
L'exposition
a été sponsorisée par UBS (Union des Banques de Suisse)
grâce à l'insistance de l'homme d'affaires égyptien résidant
en Suisse, Mamdouh Fawzi. Elle est aussi le fruit de la
coopération entre le musée des Antiquités de Bâle, la
collection Ludwig et le Conseil suprême des antiquités
du Caire.
Aucune autre
ville d'Europe n'accueillera l'exposition. Ceux qui veulent
en admirer les pièces devront donc se rendre au 5, Rue
St. Alban Graden, Bâle. Le musée est ouvert de 9h à 19h,
tous les jours de la semaine. « Nous avons déjà
vendu quelque 50 000 billets, via Internet, soit
10 % de ce que nous attendons comme visiteurs »,
a indiqué Peter Blome, directeur du musée. Selon la presse
suisse, il faudrait plus de 500 000 visiteurs, à
28 francs suisses l'entrée, pour rentabiliser le projet. |