Découverte
. La mission
archéologique du British Museum a
découvert, en Haute-Egypte, une inscription
faisant état d'un combat jusqu'alors inconnu
entre Egyptiens et Koushites. De quoi changer
la donne de l'Histoire |
La
bataille oubliée |
« Cette
découverte est l'une des plus importantes
de toutes », estime Vivian Davies,
chef de la mission archéologique du British
Museum qui opère dans la tombe du gouverneur
Sobeknakht, dans le site d'Al-Kab, situé
au sud de l'Egypte entre Esna et Edfou.
Une inscription de grande importance a été
trouvée à l'intérieur de la tombe entre
la première salle et la chambre funéraire
révélant pour la première fois l'existence
d'une bataille jusqu'alors inconnue entre
l'Egypte et le Royaume de Koush, qui se
situerait dans le sud de l'actuelle Nubie
ou dans le Soudan central. « Il
est connu depuis longtemps que les relations
entre les deux pays n'étaient pas bonnes,
mais c'est la première fois que l'on possède
une preuve que l'Egypte a été envahie par
le pays de Koush », raconte Davies.
Une information qui peut modifier toute
l'histoire politique de l'Egypte ancienne.
« Nous pensions jusqu'à présent
que le seul grand ennemi du pays était les
Hyksos qui venaient du nord. Aujourd'hui
on peut affirmer que l'Egypte avait encore
d'autres ennemis », reprend-il.
Une vérité politique qui
vient prouver que l'Egypte était un pays
suffisamment fort pour réussir à maintenir
son indépendance. Cette inscription est
importante dans la mesure où elle informe
le danger par lequel est passé le pays des
pharaons. Elle explique de même comment
Sobeknakht a essayé de défendre son pays,
comment il a préparé une armée puissante
et la manière dont il a poursuivi ses ennemis
jusqu'au sud-ouest du pays. C'est là que
s'est déroulée cette grande bataille dont
il est sorti victorieux. De retour en Egypte
une grande célébration a eu lieu.
Pour Davies, c'est une
période cruciale dans l'histoire de l'Egypte.
« On a beaucoup de détails sur cette
inscription. On n'a jamais su que l'Egypte
a été envahie à partir du sud »,
dit-il. Si c'est principalement cette inscription
qui fait l'importance de cette tombe, d'autres
éléments viennent accentuer son intérêt.
C'est en fait l'une des rares tombes qui
remonte à la XVIIe dynastie à être si bien
préservée. « Non seulement on n'a
pas beaucoup de monuments de cette période,
mais en plus il n'existe aucune inscription
similaire à celle-ci dans une tombe privée »,
souligne Davies.
La tombe du gouverneur
Sobeknakht remonte à la XVIIe dynastie (1650-1550
av. J.-C.). Elle a été en fait découverte
au début du XIXe siècle. Une publication
à cet égard a été faite il y a quelques
années, mais apparemment elle n'avait pas
été suffisamment fouillée. « Quand
j'ai visité cette tombe pour la première
fois il y a trois ans, j'ai senti qu'il
y avait encore de tas de choses à découvrir »,
dit-il. C'est ainsi qu'il a mené en collaboration
avec le Conseil Suprême des Antiquités (CSA)
des travaux de déblaiement et de conservation
de la tombe depuis près de deux ans. « C'était
trop sale, on ne pouvait pas très bien voir
les décorations parce que comme d'habitude
la tombe a été réutilisée dans les périodes
tardives », se souvient Lamia Al-Hadidi,
conservatrice du côté égyptien. Et ce n'est
que pendant les travaux de nettoyage de
la tombe que la première preuve d'une bataille
entre l'Egypte et le Royaume de Koush est
apparue.
Au début, la découverte
était très vague pour l'équipe. « Une
inscription en hiéroglyphes de couleur rouge ?
C'était étrange pour nous », souligne
Davies. L'équipe présumait que c'étaient
des inscriptions religieuses surtout qu'elles
se trouvaient près de la chambre funéraire,
mais avec le déblaiement, ce fut la vraie
surprise. C'était la biographie du gouverneur
de la tombe qui narrait l'attaque des Koushites
sur le pays.
Les travaux ne se sont
pas arrêtés à cette découverte. Bien au
contraire. La mission compte continuer les
fouilles de nettoyage la saison prochaine,
espérant faire de nouvelles découvertes.
« On sait actuellement ce qu'on
a besoin de savoir. C'est déjà beaucoup »,
reprend-il. En plus de ces inscriptions,
des scènes de Sobekhnakt avec sa femme,
d'autres avec ses enfants ont été trouvées
en plus des scènes représentant des singes
se trouvant sur des tables d'offrandes.
L'artiste qui a fait cette tombe avait un
grand sens de l'humour, selon Davies.
« Nous avons terminé
presque 75 % du nettoyage de la tombe,
mais il y a encore un travail énorme à réaliser »,
estime Al-Hadidi. Les décorations ont besoin
d'être nettoyées encore une fois la saison
prochaine, puisqu'il y a encore beaucoup
de taches sur les murs. Il y a aussi des
endroits qui ont besoin d'être restaurés
et conservés, comme le plafond de la tombe
par exemple. Des tâches pas très faciles
à exécuter surtout que la tombe est trop
petite. « Il n'y a pas suffisamment
de lumière et pas de ventilation, il nous
manque le plafond qui a besoin de renforcement
et qui est très difficile à nettoyer vu
le petit espace de la tombe »,
relève Al-Hadidi.
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Hala
Fares |
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Les
JO exhument
des trésors enfouis |
Les
travaux réalisés en vue des Jeux olympiques
de 2004 ont permis de nombreuses découvertes
archéologiques remontant à la préhistoire
et à la période classique, mais ont aussi
aidé à revaloriser le centre historique
d'Athènes, autour de l'Acropole. « La
construction des
installations olympiques a accéléré la mise
au jour de très importants sites et pièces
archéologiques », a affirmé Yorgos
Steinhauer, directeur du Département des
antiquités classiques et préhistoriques
de l'Attique, l'agglomération d'Athènes,
au ministère de la Culture. En fait, les
services archéologiques n'ont pas cessé
depuis 2000 de suivre à la loupe les innombrables
chantiers des préparatifs, notamment dans
le nord et dans l'est de l'Attique, la plaine
de Mésogée considérée par les archéologues
comme « l'ancien territoire agricole
de la cité d'Athènes » et « le
plus
habité d'Attique ». « La
localité de Merenda, remontant au VIIIe
siècle avant notre ère, mise au jour lors
de la construction du centre hippique de
Markopoulo (à 40 km d'Athènes), est
le plus important des sites découverts »,
explique Steinhauer. Comprenant des routes
anciennes, des fermes, des tombes familiales,
des petits temples et des céramiques, ce
site « nous permet de connaître
l'aspect et la structure d'une communauté
agricole antique », souligne-t-il.
La
construction du parcours de canoë-kayak
à Schinias (45 km à l'est) a mis au jour
trois maisons datant de 2800 avant notre
ère, qui auraient dû être recouvertes par
les eaux. « Deux ont été déplacées
pour être accessibles aux visiteurs »,
selon M. Steinhauer. Un peu plus loin, un
cimetière de l'époque classique (Ve siècle
avant notre ère) a été également découvert.
Outre
les travaux de construction des installations
olympiques, les autres travaux d'amélioration
de l'infrastructure de la capitale ont aussi
contribué à cet enrichissement du patrimoine
archéologique. Ainsi, les fouilles à Spata
dans la même région de Mésogée, effectuées
lors de la construction du nouvel aéroport
d'Athènes (inauguré en mars 2001), avaient
révélé des fermes antiques, un atelier de
céramique et un village préhistorique. Quelque
170 objets, allant de l'époque néolithique
à la période byzantine, sont actuellement
exposés à l'aéroport. La construction de
l'axe routier « Attiki Odos »
reliant l'aéroport à Elefsis (ouest d'Athènes)
et l'autoroute qui se dirige vers le sud
du pays ont permis de creuser une saignée
tout au long de l'Attique et mettre au jour
diverses antiquités (petits temples, routes,
tombes, céramiques), dont la plus importante
est celle d'une localité néolithique à Palini
en Mésogée, « unique en Attique »,
relève M. Steinhauer.
A
l'origine souvent de retards pris sur l'accomplissement
des sites olympiques, comme à Schinias,
cet effort a également fortement alourdi
le budget initial. Les fouilles à Markopoulo
ont ainsi augmenté de 1,5 % le coût
du centre équestre. Quant au centre-ville
d'Athènes, les Jeux ont donné « un
coup accélérateur au projet d'unification
des sites autour de l'Acropole, entamé en
1998 », affirme Alkistis Horémis,
responsable de ces travaux, effectués grâce
aux fonds européens et d'un coût de 29,3
millions d'euros. « La revalorisation
considérable du centre historique comprend
notamment la restitution de la promenade
piétonnière sur un tracé antique »,
reliant les principaux sites archéologiques
de la capitale, souligne Mme Horémis. |
(AFP) |
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