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Restauration . Après cinq ans de travaux dirigés par une équipe égypto-américaine, Bab Zéweila, un portail du Caire fatimide, vient d'être inauguré.
Al-Qahira retrouve ses portes

« Décrypter les murs », l'expression paraît étrange, mais elle est riche de significations. C'était d'ailleurs le premier objectif de l'équipe de restauration qui travaillait sur Bab Zéweila. « Je voudrais que le visiteur du portail après sa restauration puisse, seul, et avec un regard attentif, lire les murs encadrant la porte monumentale dans le sens qu'il observe les couches que les temps ont ajoutées au bâtiment ou par contre ont retranché de lui. Tout simplement, il peut remarquer un changement subtil dans le tissu même du mur qui est dû, soit à l'usage, dans une partie du mur, d'un matériau de construction ou d'un pierre de dimensions et de formes différentes de celles utilisées partout dans la porte », explique Naïry Hampaikian, directeur du projet de restauration de Bab Zéweila.

En fait, cette porte charmante a subi beaucoup de changements à travers les siècles comme par exemple les deux minarets de la mosquée Al-Moayed qui flanquent des deux tours rondes du portail et construits à la demande du sultan Al-Moayed Cheikh (1412-1421). Par contre, cette même mosquée a été la cause de l'effondrement de la connexion entre le portail et le mur de la cité fatimide.

Pour bien réaliser son but, la restauratrice a fait un croquis du parterre du second étage de la porte monumentale qui se trouvait auparavant dans le monument et qui a été démoli pendant les travaux de restaurations menés par le comité de conservation des monuments de l'art arabe en 1890 sous prétexte qu'il n'existait pas dans le design original du monument. En fait, cet étage, divisé en 9 appartements, a été ajouté pour servir de logement à des serviteurs et des muezzins de la mosquée Al-Moayed. Pour faire ce croquis, l'équipe de travail s'est basée sur les dessins du comité avant la destruction de l'étage (tibaq) ainsi que sur les tableaux des orientalistes du XIXe siècle. « On a essayé de le situer à sa place originale dans un effort de notre part de faire revivre cette mémoire oubliée », renchérit Hampaikian.

En fait, la porte de Zéweila, située au milieu de la rue Al-Moez, est un des plus anciens édifices qui persistent du Caire fatimide. Cette porte qui marque la limite de la partie sud du Caire fatimide n'a été restaurée qu'une seule fois depuis sa construction au début du XIe siècle (voir encadré). En fait, le comité de conservation des monuments de l'art arabe y a fait quelques travaux de rénovation et de restauration tout à fait à la fin du XIXe siècle. Pendant les années 1990, il est devenu nécessaire de restaurer encore une fois cette porte, surtout qu'elle était en état de dégradation avancée sous l'effet de la pollution et les deux battants de la porte étaient sur le point de s'effondrer. En outre, la négligence et le mauvais usage des magasins situés au pied de la tour ont provoqué plus de dommages. Ceci dit, un projet de restauration a été entamé en 1998, non seulement pour la porte mais aussi pour les deux tours et l'aqueduc qui les relie ainsi que la coupole qui se trouve derrière la porte en bois de l'extérieur. Ce projet a été exécuté par le Conseil suprême des antiquités et le Centre américain de recherches en Egypte. Le financement est en fait un don de l'Agence américaine du développement international.

Les travaux de restauration consistaient à une consolidation des bases, la restauration des pierres et le renouvellement de celles qui étaient très altérées. L'établissement d'un nouveau système d'aération au-dessous de la porte pour évaporer l'eau souterraine et celle de drainage afin qu'elle n'affecte pas de nouvelles structures du monument. Avec les sculptures du plafond qui date du XIXe siècle et la porte en bois (voir encadré), c'étaient les travaux les plus délicats. Mais les deux tâches les plus difficiles étaient la préservation de l'environnement de l'édifice et aussi des fouilles de conservation. Ces dernières étaient fructueuses. « On a découvert des blocs pharaoniques réutilisés dans la construction de la porte, l'emblème du sultan Al-Mansour, des fragments en porcelaine qui datent des XVIIIe et XIXe siècles. En fait, un des magasins qui se trouvait en bas de la porte était spécialisé dans la préparation de plats en porcelaine. En outre, on a trouvé des dents humaines, des amulettes, de monnaies anciennes et des lettres adressées au cheikh Métoualli dont les habitants de la région croyaient fortement à sa baraka, bénédiction », ajoute Dr Nairy.

Toutes ces trouvailles seront exposées dans une partie dans un centre de visite qui racontera l'histoire non seulement patrimoniale, mais aussi humaine de ce portail millénaire.

Dalia Farouk
Sous le signe de l'Histoire
C'est Gawhar Al-Séqélli, fondateur du Caire sous le règne des Fatimides en 969, (357 de l'hégire), qui a envisagé le premier à construire des remparts avec des portes dont celles de Zoweila et d'Al-Nasr, pour la défendre en cas d'attaque. Après plus de 120 ans de leur construction en pierre cuite, elles se sont effondrées. C'est le prince Badr Al-Gamali, le vizir d'Al-Mostanssir bi-Allah, le cinquième calife fatimide, qui a donné l'ordre de les reconstruire en 1902 (484 de l'hégire). Le nom de la porte de Zoweila est dérivé précisément de celui d'une tribu berbère venue en Egypte avec l'armée de Gawhar Al-Séqélli.

Cette porte s'appelle également Bab Al-Métoualli. Une vieille légende racontait autrefois que Qotb Al-Métoualli, un homme pieux, a vécu pour longtemps à cet endroit. C'est sous cette porte que le sultan ottoman Sélim premier, qui a conquis l'Egypte en 1517, a fait pendre à un crochet devant la porte son adversaire qu'il venait de vaincre les derniers sultans mamelouks circassiens, Touman Bey. En outre, les délégués des Mongols ont été pendus au même endroit. Cette porte demeure jusqu'aujourd'hui comme un témoin de l'architecture militaire au temps des Fatimides.

 

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