Les
deux sommets de Charm Al-Cheikh et d'Aqaba ont manifestement
témoigné d'une entente et d'un progrès notable dans l'ensemble
des positions concernant le processus de paix au Proche-Orient.
Le président Bush a réaffirmé son soutien au principe de « la
terre contre la paix », et le chef du gouvernement
israélien a confirmé la proclamation en 2005 d'un Etat palestinien
indépendant. Quant au chef du gouvernement palestinien, il
s'est engagé à arrêter la résistance armée et à poursuivre
les négociations pour atteindre l'objectif de l'Etat palestinien
indépendant.
L'accord autour
des idées et des principes essentiels a permis aux dirigeants
arabes présents à Charm Al-Cheikh d'obtenir l'engagement des
Etats-Unis à l'application de la Feuille de route. Le sommet
de Charm Al-Cheikh a donné aux Palestiniens, selon le ministre
palestinien de l'Information, un « soutien politique
considérable ».
Le président
Bush a clairement affirmé aux dirigeants arabes son engagement
quant à la proclamation d'un Etat palestinien indépendant,
en disant qu'« Il est temps de réaliser cet objectif.
Nous cherchons une paix réelle, une réconciliation permanente
entre les peuples de la région, non une période de calme provisoire ».
Dans le communiqué
final du sommet de Charm Al Cheikh, le président Moubarak
a souligné la nécessité pour Israël de se conformer aux obligations
de la Feuille de route en vue de rebâtir la confiance. Moubarak
a été également précis concernant le règlement du dossier
iraqien, l'indépendance de l'Iraq et son intégrité territoriale,
ainsi que la nécessité d'un gouvernement national représentant
son peuple.
Les deux parties
arabe et américaine se sont accordées par ailleurs sur la
nécessité de combattre le terrorisme, comme étant une menace
pour l'humanité. La poursuite du conflit arabo-israélien sans
règlement équitable et global, l'indifférence aux droits légitimes
du peuple palestinien sont l'une des principales justifications
des organisations terroristes.
Le
sommet de Charm Al-Cheikh a sans aucun doute renforcé l'entente
arabo-américaine et posé les principes d'une action commune
à l'avenir. Cela ne signifie
pas la conformité absolue des visions respectives ou l'absence
de toute divergence de vues.
Bien que les
dirigeants arabes aient obtenu l'approbation et l'engagement
du président Bush sur plusieurs questions importantes, il
y a eu cependant des divergences sur de nombreuses autres
questions. D'abord, les responsables arabes ont fermement
refusé la proposition américaine d'entamer une certaine normalisation
des relations avec Israël. Les leaders arabes estiment en
effet que la normalisation ne peut avoir lieu avant la conclusion
d'un accord de paix global sur tous les volets. De même, le
président américain n'a pas réussi à obtenir du nouveau gouvernement
palestinien la reconnaissance d'Israël comme Etat juif en
Palestine. Car cela signifiait l'abandon du droit au retour
des réfugiés palestiniens.
En revanche,
les dirigeants arabes n'ont pu obtenir du président américain
ce qu'ils espéraient concernant la question de la colonisation.
Ils comptaient sur l'intervention du président Bush pour faire
cesser la poursuite de la colonisation et le démantèlement
des colonies établies ces deux dernières années. Du point
de vue arabe, la position américaine à cet égard n'est pas
alarmante. En effet, ce problème est défini avec précision
dans la Feuille de route. Le plan stipule « le gel »
de toutes les activités de colonisation conformément aux exigences
du rapport Mitchell.
Le sommet d'Aqaba
a par contre confirmé les accords dégagés à Charm Al-Cheikh.
Il était donc normal qu'Abou-Mazen déclare son intention de
se concentrer sur les négociations visant à la création d'un
Etat palestinien. Le sommet d'Aqaba a reproduit l'esprit qui
dominait à Charm Al-Cheikh, appelant toutes les parties à
l'adoption de mesures rationnelles et objectives, afin d'arriver
à la conclusion d'un règlement politique global et équitable
du conflit arabo-israélien.
Il y a là peut-être
une dernière chance pour réaliser la sécurité et la paix d'Israël. |