Hebdomadaire égyptien en langue française en ligne chaque mercredi

L'événement

 

La Une
L'événement
Le dossier
L'enquête
Nulle part ailleurs
L'invité
L'Egypte
Affaires
Finances
Le monde en bref
Points de vue
Commentaire
d'Ibrahim Nafie

Carrefour
de Mohamed Salmawy

Portrait
Littérature
Livres
Arts
Femmes
Société
Sport
Patrimoine
Loisirs
Echangez, écrivez
La vie mondaine
Palestine . Le désaccord entre le président Yasser Arafat et le premier ministre Ahmad Qoreï sur la nature du cabinet et les prérogatives du ministre de l'Intérieur est temporairement résolu.
Arafat impose ses vues
Les divergences interpalestiniennes sont terminées, semble-t-il. Pour l'instant du moins. Après la démission du premier ministre et des tentatives de réconciliation avec le président de l'Autorité palestinienne, les responsables palestiniens ont finalement convenu dimanche que le cabinet d'urgence d'Ahmad Qoreï gouvernera pour une période limitée à un mois. « Au bout d'un mois, nous verrons si ce cabinet d'urgence de huit ministres doit être étendu ou maintenu », a assuré le chef de la diplomatie, Nabil Chaath.

Toutefois, M. Qoreï a maintenu un doute sur sa volonté de continuer à exercer ses fonctions dans le cadre du prochain gouvernement. « Le gouvernement d'urgence œuvrera pendant 20 à 25 jours, après cela il y aura un nouveau gouvernement et aussi un nouveau premier ministre », a-t-il affirmé à Ramallah sans préciser s'il comptait se succéder à lui-même.

Cette passe d'armes est l'expression du litige opposant MM. Qoreï et Arafat sur le contrôle des services de sécurité. Le président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, a nommé l'actuel secrétaire général du cabinet, Hakam Balaoui, comme ministre de l'Intérieur par intérim dans le cabinet d'urgence d'Ahmad Qoreï à la place du général Nasr Youssef. Membre du comité central du mouvement Fatah de M. Arafat et député au Conseil Législatif palestinien (CLP, Parlement), M. Balaoui était également le secrétaire général du cabinet dirigé par Mahmoud Abbass qui a démissionné en septembre.

Le général Nasr Youssef, auquel M. Qoreï voulait confier ce poste, est donc écarté du cabinet, conformément aux souhaits de M. Arafat. C'est le général Youssef qui avait été le catalyseur de la crise qui a mené le premier ministre à présenter sa démission le 9 octobre.

La crise avait éclaté après que le général Nasr Youssef, nommé à l'Intérieur, eut refusé de prêter serment devant M. Arafat avec les autres membres du cabinet, exigeant que celui-ci obtienne la confiance du Parlement, ce que souhaitait également M. Qoreï, désireux d'assurer la légitimité de son action et opposé à un gouvernement d'exception. M. Qoreï souhaitait le maintien à l'Intérieur, du général Youssef, contrairement à M. Arafat, qui entendait conserver la haute main sur les services de sécurité.

La crise entre MM. Qoreï et Arafat n'était pas sans rappeler celle ayant opposé le dirigeant palestinien au prédécesseur de M. Qoreï, Mahmoud Abbass, avant que ce dernier ne soit nommé en avril, pour finalement démissionner début septembre à la suite d'une guerre d'usure avec M. Arafat, décidé à ne pas céder une miette de son pouvoir, après avoir dû accepter la création d'un poste de premier ministre sous la pression des Etats-Unis et d'Israël.


Incursion israélienne à Rafah

Profitant du détournement de l'attention de la communauté internationale, l'armée israélienne a poursuivi dimanche une vaste opération lancée vendredi avant l'aube à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. « L'opération va se poursuivre aussi longtemps que nécessaire, et vise à découvrir et détruire des tunnels creusés sous la frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza pour la contrebande d'armes », a souligné une source militaire israélienne. Cette opération d'envergure, baptisée par l'armée « Traitement à la racine », a fait huit tués, dont deux enfants, et quelque 60 blessés palestiniens.

Un porte-parole de la sûreté palestinienne a indiqué que plus de cent chars et véhicules blindés participaient à l'opération, la plus importante jamais menée à Rafah depuis le début de l'Intifada, selon la radio palestinienne. Ceci dit, l'armée israélienne a démoli 44 maisons palestiniennes depuis le début de son opération, a indiqué samedi le gouverneur de la ville. Selon lui, la ville et le camp de Rafah sont en outre privés d'électricité depuis deux jours.

Quelque 1 500 Palestiniens étaient sans maison, dimanche, dans le camp de réfugiés de Rafah, a indiqué une agence des Nations-Unies.

L'Autorité palestinienne a systématiquement nié l'existence de ces tunnels, accusant Israël d'user de ce prétexte pour démolir des maisons le long de la frontière avec l'Egypte et agrandir une zone où il érige une clôture de sécurité. « Nous condamnons fermement ces crimes de guerre israéliens qui provoquent une tragédie humaine » a déclaré Nabil Abou-Roudeina, principal conseiller de Yasser Arafat, demandant qu'une intervention internationale y mette fin.

A New York, le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, a condamné l'opération de Rafah, la qualifiant d'usage excessif de la force dans des zones peuplées, en violation du droit international.

Le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmad Maher, a également condamné « les agressions israéliennes contre Rafah, qui s'inscrivent dans le cadre d'une politique visant à mettre en échec toutes les tentatives d'effectuer des progrès sur la voie de la paix ». De son côté, la Russie a déploré samedi le recours « disproportionné » à la force par l'armée israélienne, et a exprimé sa « grande inquiétude » après l'opération qui a fait 7 morts civils depuis vendredi matin dans le camp de réfugiés de Rafah, au sud de la bande de Gaza. La Russie a appelé encore « à la mise à exécution des engagements pris et mis sur le papier dans la Feuille de route du Quartette d'intermédiaires internationaux ».

La Russie, qui fait partie du Quartette avec l'Onu, l'Union européenne et les Etats-Unis, souhaite que la Feuille de route, un plan de réglement du conflit, soit adoptée sous forme d'une résolution par le Conseil de sécurité de l'Onu afin de rendre obligatoire sa mise en œuvre.

Rania Adel
Initiative de paix

A l'issue d'une réunion de trois jours dans un hôtel jordanien sur la mer Morte, une cinquantaine d'intellectuels, de pacifistes et d'hommes politiques israéliens et palestiniens ont rédigé dimanche un pacte de paix. Ce texte symbolique a été baptisé « Arrangement suisse » du fait qu'il a été élaboré dans un hôtel d'une chaîne suisse et qu'il doit être signé à Genève le 4 novembre, date anniversaire du meurtre en 1995 de Yitzhak Rabin par un extrémiste juif.

La délégation palestinienne était composée notamment des anciens ministres Yasser Abd Rabbo, Hicham Abdel-Razeq et Nabil Qassis, tandis que la délégation israélienne, dirigée par l'ex-ministre de la Justice Yossi Beilin, comptait plusieurs membres de l'opposition travailliste.

Les deux parties se sont mises d'accord sur des formules de compromis sur tous les dossiers en litige : Jérusalem, les lieux saints, l'Etat palestinien, les colonies, partage territorial, reconnaissance d'Israël comme Etat juif, arrangements sécuritaires, fin de la violence, droit au retour des réfugiés palestiniens et la proclamation de la paix, selon la presse israélienne. Conformément à la Feuille de route, le dernier plan de paix international, cet arrangement prévoit aussi la coexistence d'Israël et de l'Etat palestinien, mais n'exige pas de « réformes démocratiques » préalables chez les Palestiniens.

Selon le représentant de l'Autorité palestinienne à Amman, Atallah Kheiry, les délégations « soumettront le document aux officiels des deux parties, mais il concerne surtout les peuples palestinien et israélien, car quand le peuple est mobilisé, il peut exercer des pressions sur les autorités politiques et militaires ».

Le député palestinien Farès Kadoura, membre du Fatah, qui a aussi participé à cette réunion, a déclaré : « Nous sommes prêts à faire campagne pour que ce pacte soit accepté par l'opinion palestinienne, car nous voulons vivre autrement et nous avons trouvé des solutions ».

Prudemment, le bureau de Shimon Pérès, chef du parti travailliste, s'est contenté d'affirmer qu'il « se félicite de tout dialogue entre Israéliens et Palestiniens ».

Pour la presse égyptienne, le « pacte » de paix symbolique pourrait être la seule solution pour enrayer « la dégradation » de la situation au Proche-Orient. « La situation est tellement catastrophique que le choix est maintenant entre le terrorisme et ce type d'accord, car la Feuille de route — plan de paix international — ne marche pas », a souligné Mohamed Sid-Ahmed, éditorialiste du journal Al-Ahram.

Néanmoins, ce projet de « pacte » de paix symbolique a été sévèrement critiqué en Israël. Foncièrement sceptique, l’ex-premier ministre travailliste Ehud Barak a en revanche qualifié « l'arrangement suisse » d'initiative imaginaire et naïve, voire nuisible, car elle permet à Yasser Arafat d'affirmer que le blocage (des efforts de paix) est dû non pas au terrorisme mais à l'intransigeance du cabinet d'Ariel Sharon.

L'accord préparé en Jordanie a suscité une levée de boucliers de la droite israélienne. « Les Israéliens qui ont signé ce pacte sont des marginaux. Ils ne représentent rien et ont été balayés aux dernières élections », a affirmé à la radio publique israélienne la ministre de l'Education, Limor Livnat. « Ces gens sont le jouet (du chef palestinien) Yasser Arafat. Ils sont allés lui dire qu'en guise de réponse aux généreuses propositions de paix de Ehud Barak (l’ex-premier ministre travailliste) au sommet de Camp David (été 2000), il a eu raison d'avoir recours au terrorisme, et qu'ils sont prêts à le payer davantage », a-t-elle poursuivi.

De son côté, le chef de la diplomatie Sylvan Shalom, cité par la presse israélienne, a déclaré qu'« il y a un gouvernement en Israël et c'est à lui qu'il appartient de traiter de ces affaires. Tout le reste est virtuel. Je n'attendais pas autre chose de la part de ces gens qui nous ont apporté les accords d'Oslo (1993) dont nous payons encore le prix aujourd'hui ».

R. A.
 

Pour les problèmes techniques contactez le webmaster

Adresse postale: Journal Al-Ahram Hebdo
Rue Al-Gaala, Le Caire - Egypte
Tél: (+202) 57 86 100
Fax: (+202) 57 82 631