Causes et effets
de la récession
par Ahmed Aboul-Wafa*

Avant de parler de la récession en Egypte et de ses effets, il faut rappeler qu'il ne s'agit pas d'un phénomène local, mais d'un phénomène qui, durant les 5 dernières années, a frappé les économies de la plupart des pays du monde et n'a même pas épargné les grandes puissances. Avant la manifestation de ce phénomène de la récession, d'importantes crises avaient frappé les marchés financiers et secoué de grandes entités économiques à l'Est de l'Asie et en Amérique du Sud. Ces phénomènes ressemblent à ces maladies qui ont fait parler d'elles dernièrement telles la vache folle et la fièvre aphteuse et qui ont pris naissance sous l'enchevêtrement des intérêts et des relations à l'ère de la mondialisation.
Pour ce qui est de l'économie égyptienne en transformation vers l'économie de marché sans pour autant pouvoir se libérer de l'héritage de la période socialiste, il est clair que le gouvernement interfère en grande partie dans le processus de libéralisation. Mais d'une façon générale, ceci n'est pas préjudiciable. Voire, c'est nécessaire pour assurer un certain équilibre. Le fait qu'une partie de l'économie nationale reste sous la gestion du gouvernement est censé aider à réaliser un taux élevé de développement, à préserver la stabilité sociale et à assurer — du point de vue idéologique — la protection de la sécurité nationale, un principe cher à la Révolution de 1952.
Or, il faut que les divers secteurs de l'économie nationale (dont les banques et les institutions financières et monétaires) jouent un rôle plus actif pour remédier à la crise actuelle de la récession. Il est important par exemple de continuer à activer le commerce extérieur et à résoudre les problèmes de la production locale dus aux politiques fiscales, à l'ouverture commerciale, aux accords du Gatt, etc. Sans oublier la promulgation des lois économiques favorables à l'injection des fonds et aux investissements arabes en Egypte.
En ce qui concerne les banques, elles doivent distinguer entre 2 catégories de clients. Il y a d'abord les petits clients dont quelques hommes d'affaires touchés par la récession. Dans ce cas, les banques doivent prendre en considération leurs conditions en rééchelonnant leurs dettes et en leur accordant d'autres facilités, et ensuite les gros clients qui ont obtenu des crédits en vertu d'informations erronées et qui investissent dans des activités commerciales. Bien que les activités soient considérées par les banques comme les plus sûres, elles ne sont néanmoins pas productives. Par conséquent, les banques ne doivent pas être tolérantes avec cette catégorie d'hommes d'affaires, sinon ceci mènera le peuple à perdre confiance en son gouvernement.
Quant au commerce extérieur, il est si important que l'on réclame la formation d'un ministère ad hoc pour gérer ses affaires. Parallèlement, il est temps de raviver la conscience nationale par l'intermédiaire de campagnes de sensibilisation pour rationaliser la consommation de produits importés. Reste à dire que la confiance entre le gouvernement et le peuple — le producteur et le consommateur — est un élément primordial pour aider l'économie égyptienne à surmonter la récession.

*Economiste

La pénurie d'eau
et ses conséquences
par Mohamed Sid-Ahmed

Selon une étude de l'Agence caritative Tervande pour le secours et le développement publiée à l'occasion de la Journée internationale de l'eau, un grave problème d'eau potable va se poser dans l'avenir. L'agence, dont le siège est en Angleterre, met en garde contre le fait que les deux tiers des habitants de la planète pourraient souffrir d'une pénurie d'ici 2025. Et l'on risque de voir apparaître des « réfugiés de l'eau ». Il s'agit de millions d'hommes qui seront contraints de quitter leur pays à la recherche d'eau potable. Et ce, au moment où les pays développés tentent de promulguer des lois qui permettent de limiter l'afflux de réfugiés fuyant les guerres et les conditions économiques lamentables de leurs pays sous-développés.
L'étude souligne que la quantité d'eau dans le monde ne peut plus assouvir les besoins grandissants des peuples d'autant plus que la consommation a été multipliée par 6 de 1990 et 1995. Cette surconsommation est due, selon l'étude, à la croissance démographique, à l'usage excessif de l'eau dans l'agriculture, à la mauvaise gestion des ressources hydrauliques et à l'aggravation de l'effet de serre qui conduit à l'augmentation de l'évaporation, l'élargissement des zones exposées aux dangers de désertification et l'aggravation du danger de fonte des glaces aux 2 pôles. Ce dernier danger menace de pollution par l'eau saline les ressources d'eau potable.
En même temps, les Nations-Unies qui ont choisi de célébrer cette année La Journée internationale de l'eau avec pour slogan « l'eau et la santé » ont déclaré que plus d'un milliard d'hommes consomment de l'eau non potable, et que chaque année 3,4 millions d'individus trouvent la mort en raison de maladies causées par une eau polluée.
L'Onu a en outre mis en garde contre le fait que les zones dont les ressources hydrauliques sont peu nombreuses et sur le point de tarir peuvent être sujettes à des conflits. D'autant plus que le tiers des grands fleuves et lacs du monde sont partagés entre plusieurs pays.
Sans oublier que l'eau n'est pas répartie de manière égale. 24 Etats remplis de richesses, dont le Brésil, le Canada, la Colombie, les Etats-Unis, l'Inde, l'Indonésie, la Russie et l'Union européenne se partagent à eux seuls les deux tiers des ressources hydrauliques. D'autre part, les Nations-Unies ajoutent que la mauvaise utilisation des fleuves et des eaux souterraines, la pollution, le gaspillage, la croissance démographique et la croissance désordonnée des villes feraient que la rareté actuelle de l'eau (moins de 1 000 m2 annuellement par individu) qui touche 250 millions d'hommes dans 26 pays peut se transformer en une « soif énorme » qui frapperait les deux tiers des habitants de la planète d'ici 2025.
Il faut s'attendre à ce que la quantité d'eau consommée dans l'agroalimentaire augmente de 50 % au moins à cause de la croissance démographique. A cet égard, l'étude de l'Agence Tervande met en garde contre le fait que la régression des ressources hydrauliques menace de faire chuter la production agro-alimentaire de 10 %. Ce qui risque d'engendrer une hausse de prix des produits alimentaires et ce qui menace de famine 1,3 milliard de personnes, les plus démunies du monde dont le revenu par individu ne dépasse pas un dollar par jour.
Mais tout ceci ne semble pas préoccuper le nouveau président américain George W. Bush, chef de la plus grande puissance, celle qui pollue le plus notre planète. Bush a refusé de promulguer une loi pour limiter les émissions de gaz carbonique. Ce qui est susceptible d'élever la température de toute la Terre et non seulement celle des cieux des Etats-Unis et d'entraîner la fonte des glaces des deux pôles et d'entraîner la hausse du niveau des mers et des océans.
Les causes qui mènent à l'émigration sont dorénavant devenues nombreuses. Et nous avons vu comment l'émigration des sionistes en Palestine a fait éclater l'un des conflits les plus dangereux du XXe siècle.
La détérioration de la situation des ressources en eau aura des conséquences dangereuses sur la paix à l'échelle mondiale et arabe. De fait, les pays arabes comptant de grandes zones désertiques sont en première ligne. Surtout qu'Israël a déjà pris des mesures pour éviter les effets de la pénurie d'eau. Il faut donc déployer des efforts exceptionnels dès maintenant afin de trouver de nouveaux moyens de dessaler l'eau de mer à bas prix. C'est ce qu'Israël tente de faire afin d'avoir la suprématie dans ce domaine non seulement sur le plan commercial, mais aussi sur les plans politique et sécuritaire.
L'Etat hébreu ne cherche pas uniquement à résoudre ses problèmes dans ce domaine de manière directe, c'est-à-dire qu'il ne cherche pas à redistribuer les ressources en eau afin d'éviter les conséquences de la rareté mais il s'apprête et dès maintenant à développer une industrie qui lui assure la suprématie dans la région. Cette suprématie représente un énorme danger, vu les conflits qui pourraient résulter de la pénurie d'eau.
Ainsi le conflit arabo-israélien va prendre de nouvelles dimensions. Il dépassera les frontières de la Palestine et ses voisins pour toucher d'une manière concrète et non pas exclusivement spirituelle le cœur même du nationalisme arabe.
Ceci créera de nouvelles problématiques.
Alors au lieu de nous laisser emporter par les nouveaux défis, il est temps de nous lancer dans les projets de dessalement de l'eau. Et ce, comme on l'a déjà fait avec les projets d'unification des réseaux d'électricité arabe et ceux concernant les pipelines. Ceci est d'ailleurs en accord avec l'esprit du dernier sommet arabe qui a invité à établir des réseaux susceptibles de lier les pays arabes entre eux.
Il s'agit d'un effort capable non seulement de détrôner Israël dans le domaine de dessalement de l'eau, mais qui pourrait aussi contribuer avec efficacité à reconstruire notre unité.

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