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Moyenne-Egypte  : Baouit, un site se distingue

Doaa Elhami, Lundi, 05 janvier 2015

Considéré comme l'un des sites coptes les plus riches et datant des débuts de la vie monastique, le monastère de Baouit conserve bien des secrets à dévoiler. Découverte en cette période Noël copte.

Monastère de Baouit
Les vestiges de la basilique trouvée au centre du site. (Photo : IFAO)

Le monastère de Baouit, situé à 30 km au nord du gouvernorat d’Assiout dans la Moyenne-Egypte, est l’un des sites les plus riches des monuments chrétiens en Egypte. Découvert en 1901 par Jean Clédat, archéologue et pensionnaire à l’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO), « ce monastère datant de 385-390 et fondé par saint Apollo est considéré comme l’un des plus anciens monastères de Moyenne-Egypte », explique Han Tarif, inspecteur au Musée copte et expert en coptologie. Les fouilles officielles ont commencé par une mission de l’IFAO et ont pris fin en 1913, soit avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Le résultat de ces fouilles atteint les 400 pièces ainsi que des statues qui enrichissent actuellement le Musée du Louvre, en France, ainsi que le Musée copte.

Sur le site ont été dégagées deux églises, l’une au nord et l’autre au sud. On peut distinguer deux icônes artistiques qui ornaient l’entrée du monastère. « Il s’agit d’une icône représentative de Jésus-Christ et une autre incarnant le père Mina, chef du monastère jusqu’à la fin du VIIe siècle », reprend l’inspecteur. Et d’ajouter que des récipients en argile ainsi que des manuscrits descriptifs de la vie quotidienne des ermites du monastère ont été découverts.

Les travaux archéologiques à Baouit ont été interrompus plusieurs décennies pour reprendre enfin en 2001 avec une petite mission de l’IFAO. La dernière décennie est marquée par d’importantes découvertes, basées sur les premiers dégagements effectués par Jean Clédat et ses collègues. En effet, le site, qui s’étale sur 40 ha et dont l’altitude atteint les 9 mètres, n’a pas beaucoup changé depuis un siècle. Et grâce aux examens géophysiques, la mission de l’IFAO a pu mettre au jour des parties de différents bâtiments, composants de la première église, celle du nord. La mission a relevé aussi les peintures de la première salle. Sur le côté nord de la pièce, les peintures de la voûte représentent les épisodes de la naissance du Christ: le songe de Joseph, le voyage à Bethléem, la Nativité, les bergers, la présentation au Temple et l’adoration des Mages. Sur le côté sud de la pièce, la voûte porte la représentation d’une série de personnes où l'on peut reconnaître deux des fondateurs du monastère de Baouit et neuf prophètes qui tiennent chacun un rouleau inscrit d’un passage de leur prophétie. « Grâce aux graffitis, il apparaît que cette église, celle du nord, est dédiée à l’archange Michaël », retrace-t-on sur le site officiel de l’IFAO.

Si le site était connu par deux églises, la mission française a dégagé dernièrement une grande basilique au centre du site. Selon les experts, cette basilique datée du VIIe siècle semble être l’église principale du site, grâce à ses dimensions (21 x 40 m). Elle comprend trois nefs. Le sanctuaire est divisé en trois sections, le bêma et deux pièces latérales, et les nefs comptaient à l’origine deux séries de huit colonnes.

Les séries de découvertes augmentent d’une saison à l’autre, et au fur à mesure, le site de Baouit livre ses secrets, même les plus minimes.

La niche de Baouit

La niche de Baouit

Parmi les pièces dégagées du monastère de Baouit et exposée au Musée copte, se distingue la niche de Baouit. Datée du Ve ou VIe siècle, cette fresque est en argile, couverte d’une couche de plâtre avec des dessins colorés. Le cercle extérieur comprend des inscriptions coptes peu claires et en comprend un autre plus petit sur lequel sont dessinés des visages. En haut « est représenté Jésus-Christ, assis sur le trône, en tenant à sa gauche l’Evangile, sur lequel est inscrit Agios trois fois », explique Hani Zarif, inspecteur au Musée copte et expert en coptologie. Les pieds du Christ sont posés sur le sol de couleur verte, tandis que se distingue le coussin par la couleur rouge.

Sa main droite est levée, signe de la bénédiction. Le Christ porte une robe claire sous une tunique rouge qui couvre ses épaules. Sur les côtés sont incarnés les archanges Michaël et Gabriel.

Au-dessous de cet épisode, est incarnée la Vierge avec l’Enfant Jésus. A leurs côtés se trouvent 14 saints : les 12 apôtres et deux saints locaux. Chacun de ces derniers est surmonté de son nom en langue copte. Auprès du trône sur lequel se trouve le Christ, on remarque deux ronds. Tandis que le rond clair reflète les heures de la journée, le foncé représente les heures de la nuit. « Ces cercles indiquent la prière permanente et continuelle au cours de la nuit et pendant la journée », ajoute Zarif.

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