Façade de l'une des chambres funéraires de la nécropole de Saqqara. (Photos : Nasma Réda)
L’institut français d’Egypte a organisé au Caire la semaine dernière une rencontre sur le patrimoine et la protection des biens culturels, en partenariat avec le ministère égyptien des Antiquités, l’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO), et les services de police spécialisés dans ces domaines en Egypte et en France.
L’idée de cette rencontre a surgi suite à l’exposition au musée de Budapest en 2013 de deux épitaphes qui avaient été volées sur le site de fouilles Tebet Al-Gueich, à Saqqara.
« Tout a commencé en 2013, lorsque j’ai reçu des documents du musée de Budapest comportant de fausses informations sur ces épitaphes, signalant qu’elles avaient été vendues en France », explique Vassil Dobrev, responsable de la mission archéologique de l’IFAO opérant sur le site. « Ce site renferme de magnifiques chambres funéraires qui ont gardé toutes leurs décorations et gravures, et la nécropole était intacte. Alors comment ces pièces sont-elles arrivées à Budapest? C’était surprenant », ajoute-t-il.
Quelques exemples des pièces restituées, pharaoniques, coptes et islamiques. (Photos : Nasma Réda)
Le trajet des pièces, selon les documents, est long. De la Suisse à Londres, en passant par la France pour ensuite être vendues au musée de Budapest en Hongrie. « Evidemment, il s’agissait d’une affaire de vol. C’est pourquoi nous avons saisi la justice hongroise », affirme de son côté Ali Ahmad, directeur général du département du rapatriement des antiquités au ministère égyptien des Antiquités.
Ainsi lors de la rencontre franco-égyptienne, les discussions ne se sont pas limitées à cet incident, mais se sont élargies pour débattre du sujet de la protection du patrimoine égyptien et des biens culturels en général. Les deux partenaires ont discuté en profondeur du problème du trafic des antiquités, notamment après la multiplication des actes de vol qui visent les sites archéologiques depuis janvier 2011.
Ali Ahmad a donné, lors de son allocution, des exemples de cas de restitution soulignant les efforts déployés de la part de la police en Egypte et dans d’autres pays et la saisie quasi quotidienne de biens culturels de grande valeur dans les ports et les aéroports, et même dans les bagages des passagers. « En fait, l’humanité est confrontée à des réseaux de crime organisé. Pour lutter ensemble contre les fléaux du pillage, du trafic international et du recel, il est devenu indispensable d’appliquer une coordination entre les services de nos deux pays », a noté pour sa part l’ambassadeur de France, André Parant. Dans son discours, M. Parant a notamment souligné la coopération dans les domaines de la formation des personnels, de la sensibilisation et de la mise en valeur du patrimoine culturel de l’humanité.
Le renforcement de la concertation entre, d’une part, les archéologues et les restaurateurs, et d’autre part, les policiers, permettrait d’échanger en temps réel les informations susceptibles d’identifier et de répertorier les objets volés. Sans oublier l’importance de la coopération entre les enquêteurs, la police judiciaire, les services douaniers, ainsi qu’aux niveaux ministériel et diplomatique, insistent les spécialistes.
Quelques exemples des pièces restituées, pharaoniques, coptes et islamiques. (Photos : Nasma Réda)
Cette rencontre a permis aux participants de présenter des exemples concrets pour bien appréhender les difficultés et chercher ensemble les meilleures façons de les surmonter, d’autant plus que les méthodes de trafics illicites ont changé. «
Jusque-là, on ne découvre qu’environ 10 % de l’ensemble des trafics illicites. Les trafiquants utilisent chaque jour de nouvelles méthodes. Nous devons être à la hauteur, afin de pouvoir à notre tour mettre au point des moyens créatifs pour les contrer », dit le responsable du ministère des Antiquités, Ali Ahmad.
« Cela vient dans le cadre de la protection de l’histoire d’une partie de l’humanité », déclare l’ambassadeur de France. « Cette rencontre devra être suivie de plusieurs autres, afin d’encourager les travaux franco-égyptiens dans les domaines d’égyptologie, d’archéologie et de muséologie », promet-il.
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