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Ghaith Fariz : Notre but est de soutenir l’agenda du développement en Egypte

Nasma Réda, Mardi, 25 mai 2021

Dr Ghaith Fariz, directeur du bureau de l’Unesco au Caire, revient sur les relations entre cette institution culturelle et l’Egypte. Il donne son avis sur les travaux de réaménagement du Vieux Caire. Entretien.

Ghaith Fariz

Al-Ahram Hebdo : L’Unesco coopère avec l’Egypte depuis 1947. Comment évaluez-vous cette coopération vieille de 74 ans ?

Ghaith Fariz : Le siège principal de l’Unesco a été créé à Paris en 1945. Le bureau du Caire a été fondé en 1947 et c’était un bureau régional pour tout le Proche-Orient. L’Egypte est donc l’un des pays fondateurs de cette organisation. Elle a signé toutes ses lois et ses chartes. L’un des événements importants qui témoignent de la coopération entre l’Unesco et l’Egypte est la campagne de sauvetage du patrimoine nubien à laquelle plusieurs pays ont participé. Cette campagne a non seulement sauvé les monuments égyptiens et placé l’Egypte au rang de pays important sur le plan culturel, mais elle a aussi contribué à forger dans les esprits la bonne réputation de l’Unesco dans le monde entier. Après cette campagne, la liste des sites les plus remarquables au monde a été créée, et actuellement, on compte plus de 1 000 sites sur cette liste. L’Egypte y occupe une place importante.

Ghaith Fariz
La directrice de l’Unesco lors de sa première visite en Egypte où elle s’est rendue à différents sites au Caire, Assouan (Hautes-Egypte), ainsi qu’à Alexandrie.

— Pourquoi le comité du patrimoine mondial de l’Unesco n’a-t-il pas ajouté depuis 2002 des sites égyptiens sur cette liste ?

— L’Egypte possède de multiples sites archéologiques de grande valeur, mais l’inscription d’un site sur la liste du patrimoine mondial suit des critères particuliers. L’Etat doit faire une demande officielle, ensuite, présenter les documents nécessaires qui montrent l’importance et la beauté du site en question. C’est au côté égyptien de préparer et de présenter ce dossier. Notre rôle se limite à soutenir l’Etat en offrant notre expertise pour compléter les documents du dossier. C’est à l’Egypte de choisir les sites qu’elle veut classer sur la liste de l’Unesco.

— Quels sont les projets auxquels participe l’Unesco en Egypte actuellement ?

— Nos projets sont nombreux. Nous avons des programmes dans le domaine éducatif et patrimonial qui visent à préserver les réserves naturelles, ainsi que le patrimoine matériel et immatériel. Nous travaillons actuellement, par exemple, sur un grand projet de documentation du patrimoine immatériel égyptien avec le ministère de la Culture. Nous avons aussi un important projet de réhabilitation et de réaménagement du village d’Al-Gorna Al-Guédida, créé par l’architecte Hassan Fathi en Haute-Egypte. Le but principal de nos projets est de préserver ce patrimoine architectural urbain exceptionnel.

En outre, nous avons travaillé avec l’Egypte sur le Musée de la civilisation égyptienne (NMEC) depuis que l’idée de sa création a germé et jusqu’à sa fondation. Nous sommes également partenaires pour restaurer et réhabiliter le Musée d’art islamique après l’attaque terroriste en 2014. Aujourd’hui, grâce à un fonds du gouvernement italien, nous déployons des efforts afin de transformer ce musée en un centre unique et pour restaurer et préserver les monuments islamiques dans toute l’Egypte.

Pourquoi l’Unesco s’est-elle intéressée spécifiquement au Musée national de la civilisation égyptienne depuis sa création ?

— Le NMEC est un musée exceptionnel, ce n’est pas un simple musée mais un complexe culturel. Il ne s’agit pas seulement d’un lieu d’exposition. Il y a des laboratoires modernes pour la restauration des pièces, un centre social et culturel et une zone réservée aux loisirs. Notre rôle était de fournir une aide technique dans certaines salles. L’inauguration du musée a été très honorable.

— Comment avez-vous perçu le défilé des momies royales ?

— Le cortège était parfait. En vertu de mon travail, j’ai pris part à diverses festivités dans de nombreux pays, mais je n’ai jamais vu une telle perfection. La réalisation des scènes était impressionnante. Cette parade a présenté la civilisation de l’Egypte qui s’étend sur 7 000 années en quelques minutes. Bien sûr, elle aura un impact positif sur le tourisme car le monde entier en parle, cet événement restera gravé dans les mémoires pour des années encore.

— L’Egypte a lancé une stratégie pour développer ses sites historiques et réaménager le Vieux Caire. Quelle contribution l’Unesco peut-elle apporter à cette stratégie ?

Ghaith Fariz
La directrice de l’Unesco lors de sa première visite en Egypte où elle s’est rendue à différents sites au Caire, Assouan (Hautes-Egypte), ainsi qu’à Alexandrie.

— Notre but est de soutenir l’agenda du développement en Egypte. Nous suggérons des plans pour rénover les lieux historiques, mais ce sont les autorités égyptiennes qui décident. De mon point de vue, les récents travaux sur le terrain ont eu des résultats éblouissants, surtout ces dernières années.

— Nous savons que l’Unesco impose des critères pour le réaménagement des sites archéologiques, comme le Plateau des pyramides et Le Caire historique. Quels sont ces critères ?

— Il faut être clair. D’abord, l’Unesco a des chartes internationales qui préservent les sites historiques et qui sont signées par l’Egypte. Ensuite, chaque pays a le droit de lancer ses projets de développement. Je crois que ces deux points ne sont pas en contradiction, car on peut développer sans endommager les sites historiques ou patrimoniaux. Aujourd’hui, nous constatons qu’il y a un développement accéléré en Egypte que je considère personnellement comme magnifique. L’Egypte trouvera des solutions équilibrées pour préserver les antiquités, d’une part, et pour poursuivre son développement durable, d’autre part. Les pyramides et Le Caire historique sont un patrimoine mondial humanitaire qu’on doit tous préserver.

Ghaith Fariz
La directrice de l’Unesco lors de sa première visite en Egypte où elle s’est rendue à différents sites au Caire, Assouan (Hautes-Egypte), ainsi qu’à Alexandrie.

— Comment trouvez-vous les travaux de construction du Grand Musée égyptien (GEM) ?

— Le travail s’accélère dans ce projet. Le GEM est le méga-projet patrimonial du XXIe siècle. Il est conçu pour montrer le génie de la civilisation égyptienne. Ce projet est exceptionnel en tant que musée, en tant que centre culturel et en tant que lieu de recherches scientifiques.

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