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Ces reines influentes

Nasma Réda, Mardi, 11 juin 2019

Néfertiti, Hatchepsout, Cléopâtre ... L’histoire de ces reines de l’Egypte Ancienne est à découvrir au Musée National Geographic, à Washington aux Etats-Unis. L’exposition « Reines de l’Egypte » permet de comprendre l’importance de leur rôle politique, parfois méconnu.

Ces reines influentes

Le Musée National Geographic de Washington DC rend hommage aux femmes égyptiennes à travers l’exposition « Queens of Egypt » ou « Reines de l’Egypte ». Cette exposition, qui dure jusqu’au 2 septembre, permet de plonger dans l’univers des femmes égyptiennes, qui ont fait partie de l’histoire de l’Egypte Antique. Ce sont surtout les reines du Nouvel Empire. 300 pièces antiques permettent de retracer le rôle caché de sept reines égyp­tiennes, dont l’influence a perduré après leur vie et pendant plusieurs décennies. A l’exemple d’Ahmose-Néfertari, Hatchepsout, Néfertiti et d’autres. Le visiteur de cette expo­sition peut notamment admirer des sculptures monumentales, telles que des statues ou des bustes et des bijoux scintillants des sarcophages impressionnants. Grâce à des images en 3D projetées sur grand écran, il peut aussi plonger dans l’atmosphère de l’une des tombes les mieux préservées de la Vallée des reines, celle de Néfertari. L’exposition invite aussi à décou­vrir le quotidien de celles-ci à tra­vers de multiples objets.

Cette collection impressionnante provient essentiellement du Museo Egizio à Turin, en Italie, qui pos­sède une des plus grandes collec­tions égyptiennes. D’autres objets exposés viennent à la fois du Musée de la Pointe-à-Callière, des beaux-arts à Montréal, du Rijksmuseum van Oudheden à Leiden, des Musées Royaux d’Art et d’Histoire à Bruxelles.

Les pharaons à leur écoute

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Les mères des pharaons, comme leurs grandes épouses royales, avaient un rôle actif dans la gestion du Royaume : beaucoup ont gou­verné ou étaient de précieuses conseillères pour les pharaons. Le musée en a choisi quelques-unes, à commencer par Ahmose-Néfertari, surnommée « La Divine » (1539-1514 av. J.-C.). Elle fut la première reine de la XVIIIe dynastie. Elle était puissante et influente. Après sa mort, elle et son fils ont été divini­sés à Deir Al-Médina, où elle a été vénérée comme déesse de la résur­rection. « Il y avait beaucoup de reines d’Egypte, certaines avec des noms très connus comme Néfertiti et Cléopâtre. Et pourtant, on en savait peu sur elles, jusqu’à main­tenant », explique Kathryn Keane, directrice du musée, ajoutant que le National Geographic Society sou­tient depuis longtemps des recherches archéologiques ainsi que des études sur différents sites en Egypte et que cette exposition sera une occasion aux visiteurs de rencontrer quelques égyptologues et experts opérant sur des chantiers égyptiens.

« Malgré des décennies de découvertes extraordinaires en Egypte, pas un seul tombeau intact d’une femme royale n’a jamais été trouvé. Nous espérons que cette exposition incitera les gens à étu­dier pour apprendre davantage sur cette histoire des reines égyp­tiennes », souligne-t-elle. Le visi­teur de l’exposition n’oubliera jamais le nom de Néfertari « La Bien-aimée » (1295-1255 av. J.-C.) présentée dans une salle spéciale avec des images en 3D. Néfertari était la première reine de Ramsès II, le 3e pharaon de la XIXe dynas­tie, et la plus aimée. Sa tombe a été découverte en 1904, presque vide, ne contenant que quelques pièces exposées au musée, comme une paire de sandales et quelques pote­ries et statuettes Ouchebti.

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Plusieurs sarcophages égyptiens, et leur contenu, sont inclus dans l'exposition.

C’est l’une des plus grandes et des plus somptueuses tombes de la Vallée des reines, de par ses pein­tures murales à découvrir en 3D. Cette visite virtuelle est une occa­sion à ne pas rater. Un buste de la « Belle » Néfertiti (1372-1331 av. J.-C.) trône parmi des stèles, dans une des salles du musée américain. Celle-ci était l’épouse d’Amenho­tep IV, Xe pharaon de la XVIIIe dynastie, qui changea plus tard de nom, devenant Akhenaton, roi du monothéisme (culte d’Aton). Néfertiti, quant à elle, a joué un rôle important dans les domaines religieux et politiques et était consi­dérée comme l’égale du roi. Une des plus belles histoires racontées lors de cette exposition est celle de « La Pharaon » Hatchepsout qui a régné après la mort de son mari, Thoutmosis II, et est devenue Ve pharaon de la XVIIIe dynastie, gou­vernant pendant 22 ans. Elle est considérée comme l’un des pha­raons les plus puissants d’Egypte.Dans cette rencontre des reines, il ne manque pas non plus Tiye, la diplomate, ainsi que l’histoire fas­cinante de la dernière reine égyp­tienne la plus emblématique, Cléopâtre VII (51-30 av. J.-C.).

Cette exposition exceptionnelle des reines se termine par le buste fabuleux de celle-ci, prêté par le Museo Egizio, et qui n’a jamais été vu auparavant aux Etats-Unis. Trois cobras sont assis sur sa tête, symbo­lisant les trois pays qu’elle voulait gouverner : l’Egypte, la Syrie et l’Empire romain. « Queens of Egypt » maintient un équilibre déli­cat entre la grande histoire et celle du quotidien de ces femmes. L’un des étalages de pots contient des parfums de style égyptien ancien, considéré comme le préféré de Cléopâtre.

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Une statue monumentale de la déesse Sekhmet.

Les visiteurs peuvent ouvrir le couvercle et apprécier cette senteur. Si les reines, les mères ou les épouses étaient des figures puis­santes à l’époque des pharaons, les déesses étaient aussi nombreuses et vénérées comme Isis, Sekhmet, Hathor, Bastet, Maât, entre autres. Dans l’exposition, un couloir est bordé de quatre grandes statues en granit de Sekhmet, la déesse de la guerre au visage de lionne qui représentait le pouvoir des rayons du soleil, donnant la vie, mais pou­vant aussi brûler et tuer.

D’autres galeries du Musée National Geographic révèlent ce qu’était la vie dans un « harem » de pharaon. Cela permet au visiteur d’entrer dans la vie quotidienne de ces reines et ces princesses, femmes et soeurs du pharaon. C’est dans ces galeries que l’on découvre la façon dont les femmes disposaient de toutes sortes de produits pour prendre soin d’elles : crèmes, poudre, khôl, peignes pour les che­veux, parfums et bijoux somptueux. Le « harem » royal n’était pas seu­lement un lieu de festivités et de plaisirs. Il comprenait une école pour les enfants, et on y menait de multiples activités comme la fabri­cation de produits artisanaux. Dans ces salles consacrées à la vie éter­nelle, l’exposition met un coup de projecteur sur Deir Al-Médina, ce village qui abritait les artisans qui ont construit et embelli les tom­beaux royaux. Selon les respon­sables du musée, aucune tournée de l’Egypte Ancienne ne serait com­plète sans les momies. Juste avant de faire l’adieu à Cléopâtre et aux reines égyptiennes, une grande chambre est à visiter, contenant 12 sarcophages et leurs momies. Par une telle exposition, déjà tenue en Europe et au Canada, National Geographic s’adresse aux citoyens américains, essayant de respecter son slogan : « Nous ne pouvons pas vous apporter le Sphinx, mais nous pouvons vous amener au Sphinx ».

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