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Mission sous haute surveillance

Mardi, 26 mars 2019

Faire sortir les pièces du trésor de Toutankhamon hors d’Egypte requiert un nombre de précautions hors norme. Du voyage en avion, aux derniers détails avant l’ouverture de l’exposition, récit d’une aventure ultra-sécurisée.

Mission sous haute surveillance

A chaque fois que des pièces antiques égyptiennes voyagent, des craintes de destruction, de falsification des pièces ou encore de vol les accompagnent. Traverser l’Atlantique et arriver non seulement en France, mais en plus à Paris, en pleine manifestation des « gilets jaunes », a suscité des inquiétudes, en Egypte, concernant la tenue de l’exposition de Toutankhamon.

Mission sous haute surveillance

« Pas le moindre souci sur nos antiquités », assure, depuis Paris, Elhami Al-Zayat, ancien président de l’Union égyptienne des Chambres du tourisme. Il explique que les autorités égyptiennes et françaises ont adopté un plan d’urgence, digne de celui d’un chef d’Etat, pour assurer Toutankhamon ainsi qu’une opération secrète de défense. « C’est comme déplacer un chef d’Etat, un président, de ville en ville », explique John Norman, directeur général d’IMG, la société américaine organisatrice de l’exposition, qui a pris la charge de cette tournée mondiale dans une dizaine de villes, d’auprès du ministère des Antiquités, et qui travaille dessus depuis plus de 5 ans. Depuis sa sortie de l’Egypte jusqu’à son arrivée à Paris après un séjour aux Etats-Unis et un vol au-dessus de l’Atlantique, les pièces exposées du trésor de Toutankhamon ont parcouru des milliers de kilomètres, et ce, dans le plus grand secret. Aucune date de voyage connue, aucun aéroport d’arrivée n’ont été divulgués.

Soigneusement emballés et transportés dans une vingtaine de boîtes faites spécifiquement pour ce transport, ces trésors— soit 14 tonnes d’antiquités— ont été surveillés de près pendant tout le voyage effectué dans un Boeing.

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Des mesures spéciales ont été prises pour ne pas prendre le risque d’abîmer ces pièces attendues à Paris. « Les caisses ont été disposées loin des portes du centre de l’avion, car il fallait absolument que la température soit stable entre 20 et 22 degrés », explique Mathilde Goffard, responsable chez FedEx France.

Une fois arrivé en France, le trésor a été chargé, sous haute sécurité, dans des camions avec traqueur GPS à bord, pour les suivre à chaque instant lors du trajet jusqu’à La Villette, situé au Nord-est de Paris. Mais il a fallu attendre 48 heures avant d’ouvrir les caisses, pour vérifier que les pièces étaient en bon état et avaient eu le temps nécessaire pour s’acclimater. « Pour monter l’exposition, il faut compter trois semaines », explique Helen Janssen, directrice des événements pour IMG à Paris. Ce travail d’installation de l’exposition était surveillé par deux experts égyptiens, les seuls autorisés à toucher les chefs-d’oeuvre, aidés de deux autres qui veillent à la protection et à la préservation de ces objets.

Sécurité renforcée à La Villette

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Dans le même contexte, La Villette a mis en place des contrôles de sécurité renforcés: inspections minutieuses des sacs, paquets, bagages à main avec l’interdiction des valises et sacs de grande contenance, également il a mis en place de personnel supplémentaire équipé pour adopter plus la sécurité à l’entrée des salles qui sont entraînées aux exercices d’évacuation. « A l’intérieur de La Villette, nous avons installé un coffre-fort qui est à peu près grand comme la tombe de Toutankhamon, dans lequel sont stockées les pièces avant d’être exposées dans leur vitrine », décrit son président, Didier Fusiller, sur le site Internet de La Villette.

La Grande Halle a presque changé toutes ses portes, soit 110, pour qu’elles soient en acier hyper-sécurisé. Les prix des assurances affichent des prix affolants, soit environ 880 millions d’euros, à la mesure de l’événement, dont le coût s’élève à un milliard de dollars. « c’est tout une aventure une exposition comme ça », conclut-il. Une aventure pour laquelle le ministère égyptien des Antiquités perçoit 5 millions de dollars par ville-étape et un pourcentage sur le nombre de visiteurs.

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