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Le siège de Mamaï, un témoin politique et social

Doaa Elhami, Mardi, 20 février 2018

Le siège de Mamaï, monument mamelouk du quartier historique de Gamaliya, a été rouvert la semaine dernière après des travaux de restauration. Retour sur l'histoire d'un édifice qui a joué un grand rôle dans la vie politique égyptienne.

Le siège de Mamaï, un témoin politique et social
Vue générale de Beit Al-Qadi (siège de Mamaï). (Photo : Ministère des Antiquités)

Six millions de L.E., c’est la somme dépensée pour la restauration du siège de Mamaï ou Beit Al-Qadi, comme il est connu du grand public. Se dressant majestueusement au sein du quartier historique de Gamaliya, l’édifice était dans le temps annexé au palais de l’émir Mamaï, l’un des commandants mamelouks de l’armée du sultan Qaïtbay. Le palais et le siège ont été bâtis en l’an 901 de l’hégire, soit en 1496, mais seul le siège existe encore. « Le palais a été détruit pendant les travaux de réaménagement de la ville du Caire effectués par le khédive Ismaïl au XIXe siècle dans le but de transformer la capitale égyptienne en Paris de l’Orient », explique Mohamad Abdel-Aziz, directeur général de la région du Caire historique auprès du ministère des Antiquités.

Le siège de Mamaï est le plus vaste siège en son genre et de son époque encore présent. Il se compose de deux étages. Les salles du premier étaient consacrées à la conservation des graines, tandis que le second était la résidence de l’émir. Les murs internes sont décorés de calligraphie dorée, le plafond est fait de boiserie, toujours ornée de dessins botaniques colorés et dorés. « On y trouve le nom du bâtisseur, ses attributions professionnelles et des versets coraniques », poursuit le directeur. Tous ces éléments ont été finement restaurés et consolidés pour leur permettre de reprendre leur splendeur d’antan.

La résidence du juge

Le Beit Al-Qadi, qui signifie la maison du juge, était un établissement auréolé de respect par les citoyens des alentours jusqu’au début du XXe siècle. C’était le siège et la résidence du juge de l’Assemblée législative. Selon Mohamad Abdel-Aziz, le bâtiment a joué un rôle primordial dans la vie politique de l’Egypte et a été, à plusieurs reprises, le point de rencontre des manifestants qui présentaient des plaintes contre l’injustice du wali ottoman. Ces manifestations ont d’ailleurs débouché, en 1805, sur une fatwa exigeant la mise au pouvoir de Mohamad Ali à la place du wali ottoman.

En 1900, le Beit Al-Qadi a changé de rôle pour devenir l’Organisme des sceaux, des poids et des mesures. La réouverture du siège de Mamaï annonce la fin d’un grand projet de restauration, de consolidation et de réaménagement concernant 7 monuments islamiques de la rue Al-Moez, dont l’état était devenu déplorable et représentait un danger pour les citoyens et les passants. Il s’agit du commissariat de Gamaliya, de l’Organisme des sceaux, des poids et des mesures, de la salle de Mohebeddine Abou-Taleb, de la fontaine et de l’école de Khesro pacha, du dôme d’Al-Saleh Negmeddine Ayoub, le Khankah de Saïd Al-Sasdaa et le complexe Aboul-Dahab. Le ministère des Antiquités est actuellement en train d’étudier les meilleurs moyens pour réutiliser les bâtiments restaurés.

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