Khaled Al-Anani, ministre des Antiquités.
Al-Ahram Hebdo : Pour quelle raison avez-vous intitulé l’année 2017 « année des découvertes archéologiques » ?
Khaled Al-Anani : 2017 a commencé par de grandes découvertes, et cela s’est poursuivi au cours de l’année pour couvrir presque toutes les époques de l’histoire égyptienne. En outre, nous avons effectué des fouilles aux quatre coins de l’Egypte — au nord comme au sud, à l’est comme à l’ouest — sans nous arrêter et avons déterré de plus en plus de trésors antiques. Dans le même contexte, la moindre découverte, aussi petite soit-elle, a été publiée. En tant qu’égyptologue, je pense, en effet, que tout objet découvert, quelles que soient ses dimensions, est d’une valeur exceptionnelle et d’une grande importance archéologique et historique. Les publications scientifiques relatives aux découvertes de cette année de fouilles ont ainsi été aussi riches que les découvertes elles-mêmes.
— Pouvons-nous dire que le grand nombre de découvertes est dû aux nombreuses missions archéologiques ?
— Certainement. Les missions archéologiques actives en Egypte ont beaucoup coopéré avec celles du ministère des Antiquités pour mettre au jour ces joyaux historiques. En fait, on recense actuellement 250 missions scientifiques en Egypte, dont 12 égyptiennes, les autres étant des missions étrangères ou conjointes. En tête de la liste des 24 pays présents, on trouve la France avec 49 missions, puis les Etats-Unis avec 40 missions et l’Allemagne avec 34 missions.
— Vu cette riche activité archéologique, allez-vous réfléchir à augmenter le nombre des missions ?
— Le ministère des Antiquités a toujours les bras grands ouverts pour toute mission scientifique sérieuse désirant collaborer avec le ministère, à condition qu’elle s’engage à suivre les règlements et les procédures administratives et scientifiques imposées par le ministère. Elles sont alors les bienvenues.
— D’après vous, quels sont les sites prometteurs pour 2018 ?
— Les missions ont travaillé sur des sites dans l’ensemble du pays. Bien que le plus grand nombre de découvertes ait été fait à Assouan, ce gouvernorat vient, selon moi, après des sites plus riches comme Louqsor, Tuna Al-Gabal (Minya) ou Dahchour. L’Egypte cache encore bien des trésors dans ses territoires et nous surprend chaque jour.
— L’année 2017 était-elle riche seulement en matière de découvertes ou aussi d’un autre point de vue archéologique ?
— Non, nous avons travaillé en parallèle dans tous les domaines archéologiques. Il y a eu lieu la réouverture du Musée d’arts islamiques et l’inauguration du Musée de la civilisation, deux des grands défis relevés en 2017. Nous comptons aussi des réussites au niveau des expositions, que ce soit en Egypte, avec celles qui se tiennent au Musée égyptien du Caire, ou à l’étranger, avec l’exposition intitulée « l’âge d’or des bâtisseurs des pyramides », qui a fait le tour du Japon pendant plus de huit mois et a vu affluer des milliers de visiteurs. Et n’oublions pas le domaine de la restitution des pièces antiques égyptiennes sorties du pays d’une manière illégale. Nous avons réussi à en récupérer plus de 586 de différents pays. Le bilan est donc satisfaisant dans tous les domaines.
— Une suggestion pour intituler l’année 2018 ?
— Ce sera une année de « poursuite des découvertes archéologiques » et « d’inauguration de grands projets ». A commencer par le transport de la statue colossale de Ramsès II au Nouveau Grand Musée en préparation de l’ouverture de celui-ci.
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