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Ahmad Al-Nemr : Nous suivons les critères internationaux établis par l’Unesco

Doaa Elhami, Mercredi, 04 janvier 2017

Ahmad Al-Nemr, superviseur général de l’enregistrement des monuments coptes au ministère des Antiquités, explique les étapes à suivre pour la valorisation de ce patrimoine. Entretien.

Ahmad Al-Nemr
Ahmad Al-Nemr, superviseur général de l’enregistrement des monuments coptes au ministère des Antiquités.

Al-Ahram Hebdo : Comment le projet d’enregistrement des monuments coptes au ministère des Antiquités est-il né ?

Ahmad Al-Nemr : Faute d’informations suffisantes sur les monuments coptes en Egypte, le professeur Mohamad Abdel-Latif, en charge du secteur des antiquités islamiques et coptes au ministère des Antiquités, m’a chargé de créer une base de données de ces monuments présents aux quatre coins du pays. Le département a donc entraîné tout le personnel sur les techniques les plus modernes d’enregistrement. La mise en place de cette base de données a débuté en 2015 et s’est terminée en avril 2016. Nous avons ainsi réussi à enregistrer 86 sites archéologiques coptes dont 36 au Caire et à Guiza et 50 autres dans la Moyenne et la Haute-Egypte.

— Quelle est l’importance d’une telle base de données ?

— Actuellement, nous avons une carte globale qui indique les lieux de ces sites, leur superficie et les bâtiments archéologiques qu’ils renferment. Nous avons aussi inscrit les points forts et faibles de ces constructions, et les pièces archéologiques qu’ils conservent comme les iconostases, les autels, les porte-évangiles et bien d’autres. Cette base de données est une référence pour les archéologues et pour ceux qui s’intéressent à la coptologie en général.

— Pourquoi le nombre de sites coptes inscrits est-il si faible ?

— Par manque de budget, le ministère n’a rien inscrit depuis 2004. Il faut aussi avouer que les gouverneurs et le personnel du secteur des antiquités islamiques et coptes n’accordaient plus d’intérêt aux monuments islamiques et coptes. En outre, les gouverneurs et les responsables de l’Organisme de l’harmonisation urbaine se concentraient sur l’enregistrement des bâtiments qui se distinguent par leur histoire, leur architecture ou leurs motifs artistiques. Par conséquent, de nombreux églises et monastères datant des XIXe et XXe siècles n’ont pas été inscrits et nous n’avons aucune information sur ces bâtiments. C’est le cas de l’église Saint- Pierre et Saint-Paul (Boutrossiya).

— Quels sont les critères nécessaires pour inscrire un site copte ?

— Le site doit renfermer d’anciens bâtiments ou, du moins, des vestiges qui ont une valeur historique copte. Mais il est difficile de mettre des critères précis pour plusieurs de ces sites, même s’ils sont d’une grande importance pour le patrimoine égyptien, car ils sont privés de tout édifice monumental. C’est le cas du site de Dronka à Assiout, qui tient une place essentielle dans l’histoire copte. Selon les dires, il a été l’une des étapes du trajet de la Sainte Famille en Egypte. Il renfermait des vestiges pharaoniques, mais l’ancien édifice, qui devait être inscrit au patrimoine, a été remplacé par une nouvelle église, construite en 1940. Bien que l’héritage immatériel de ce lieu soit d’une grande richesse, cette récente construction complique son enregistrement comme monument archéologique. On travaille actuellement à enregistrer le trajet de la Sainte Famille, pour pouvoir présenter ce dossier qui regroupera les différentes stations de son parcours et leur patrimoine immatériel, à l’Unesco.

— Les critères d’un tel enregistrement sont-ils différents de ceux du ministère des Antiquités ?

— Nous suivons les critères internationaux que l’Unesco a établis pour enregistrer un site archéologique au patrimoine mondial. Dans le projet de la Sainte Famille, notre point de départ a été Misr Al-Qadima. En coopération avec les différentes directions participantes, le personnel s’applique à enregistrer le patrimoine matériel et immatériel.

— Comment le secteur profite-t-il de l’Unesco ?

— Si on prend l’exemple du projet de la Sainte Famille en Egypte, l’Unesco est prête à faire appel aux grandes entreprises mondiales pour financer les travaux. Ainsi, les stations en question seront réaménagées, documentées, inscrites et seront enfin ouvertes aux visites. Les représentations des stations détériorées transmises par la tradition orale varient selon les différentes communautés locales. Les anecdotes de la communauté qui vit aux alentours de l’église de Maadi, par exemple, diffèrent de celles de Mostorod. La variété de ces héritages immatériels ne concerne pas seulement les Egyptiens, mais la communauté internationale, et l’Unesco assure sa capacité à pouvoir protéger le patrimoine mondial matériel et aussi immatériel.

— Comment le département parvient-il à inscrire les manuscrits et les icônes que renferment les monastères ?

— Les moines de chaque monastère considèrent que ces éléments sont des biens qui leur appartiennent. Ils sont inquiets à l’idée de voir des inspecteurs s’en emparer pour les placer au Musée copte. C’est là que la diplomatie du personnel joue un rôle primordial. On établit alors une relation de confiance. Les moines doivent s’assurer que les manuscrits et les icônes font partie du patrimoine copte. Ensuite, ces biens seront étudiés, restaurés et inscrits au sein des monastères dont les moines sont les premiers responsables. Le plus surprenant est que plusieurs monastères, dont celui de Sainte- Catherine, ont déjà leur propre registre dont peut profiter le ministère.

— Quels sont les sites qui seront prochainement inscrits au patrimoine mondial ?

— Nous avons déjà préparé une liste à inscrire. La dernière église enregistrée est celle de Sainte- Eugénie à Port-Saïd. La base de données actuelle sera renouvelée à chaque nouvelle découverte. J’espère organiser une conférence mondiale qui regrouperait les spécialistes égyptiens et étrangers, les institutions mondiales et les inspecteurs égyptiens pour la valorisation de la coptologie.

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