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Les militaires de l’antiquité

Doaa Elhami, Lundi, 10 octobre 2016

Le Musée égyptien commémore la victoire du 6 Octobre 1973, en organisant une exposition temporaire qui retrace l’évolution de l’armée égyptienne à travers les siècles.

Les militaires de l’antiquité
L'infanterie, la pièce sélectionnée par les visiteurs de la page officielle du ministère. (Photo : Ministère des Antiquités égyptiennes)

Le musée égyptien dédie son mois d’octobre à l’évolution de l’armée égyptienne à travers les temps. Neuf pièces appartenant à différentes périodes, ainsi que des pièces de monnaies occupent l’entrée du musée. Cette exposition temporaire retrace une grande période de l’histoire de l’Egypte qui s’étend de la XIe dynastie (2134 av. J.-C.-1991 av. J.-C.) jusqu’à l’époque gréco-romaine (332 av. J.-C.- 395 de notre ère).

Néanmoins, l’histoire de l’armée égyptienne démarre bien plus tôt. « Le Musée égyptien possède des pièces appartenant à l’Ancien Empire, mais les pièces présentées aujourd’hui ont également été sélectionnées pour leur légèreté et pour faciliter leur transport », explique Sabah Abdel-Razeq, directrice générale du Musée égyptien et organisatrice de l’événement La Pièce du mois. Elle a saisi l’occasion de la commémoration de la victoire du 6 Octobre 1973 pour faire un focus historique sur le rôle de l’armée dans l’Egypte Ancienne. L’exposition réunit des statues de certains commandants, des armes et des scènes de victoire gravées, peintes ou frappées sur des monnaies qui retracent des moments délicats et des étapes cruciales de l’histoire militaire égyptienne.

Protection et expansion

Les militaires de l’antiquité
Ostracon de Ramsès IV décrivant la bravoure et l'habileté équestre du souverain. (Photo : Ministère des Antiquités égyptiennes)

La première oeuvre que rencontre le visiteur est une maquette représentant des soldats de l’infanterie égyptienne, équipés de lances et de boucliers qui remontent à la XIe dynastie. Cette maquette en bois a été dégagée de la tombe du prince Mesehti, gouverneur du 13e nome, celui d’Assiout, et porteur des sceaux du roi. Le prince avait une puissance politique incontournable à l’époque et avait besoin d’une armée forte pour protéger ses intérêts. Sa tombe comprend plusieurs oeuvres représentatives de l’armée égyptienne. « J’ai également sélectionné une belle statue de gré colorée du commandant Thébain Antif, appartenant au règne du roi Montouhotep II, XIe dynastie là aussi. Ce général était d’une grande importance puisqu’il a réunifié la Basse et la Haute-Egypte », explique la directrice. La statue d’Antif a été découverte à Louqsor. Ces deux premières oeuvres, bien qu’elles soient de la même dynastie, qui a duré 143 ans, représentent deux étapes charnières de l’histoire de l’Egypte : la réunification du pays et sa stabilisation après sa répartition en plusieurs nomes.

Sous l’Ancien et le Moyen Empire, l’Etat égyptien cherchait l’unification, la stabilité et la prospérité internes, et certainement, la protection de ses frontières. Mais les ambitions des souverains égyptiens de former un grand empire sont apparues plus tard avec l’arrivée du roi Thoutmosis III (1479 av. J.-C.-1425 av. J.-C.) de la XVIIIe dynastie (1549 av. J.-C.-1295 av. J.-C.). Après l’invasion des Hyksos et leur expulsion par le roi Ahmos Ier (1549 av. J.-C.-1525/24 av. J.-C.), qui les a pourchassés, ses successeurs se sont rendu compte que l’édification de forts et la mise en place de garnisons de protection sur les frontières ne suffisaient pas et qu’il fallait conquérir des territoires ennemis. Cette politique a commencé avec les rois Amenhotep Ier (1525/24 av. J.C.-1504 av. J.-C.) et Thoutmosis II (1492 av. J.C.-1479 av. J.-C.) et a été renforcée sous Thoutmosis III qui a organisé des campagnes militaires au nord-est, visant la Grande Syrie, et au sud la Nubie. Parmi les pièces exposées pour retracer la vie militaire égyptienne se trouve une statue en albâtre représentant le roi Thoutmosis III dont les campagnes militaires ont duré une quarantaine d’années.

Naissance de l’empire

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Thoutmosis III, le fondateur de l'empire égyptien. (Photo : Ministère des Antiquités égyptiennes)

La XVIIIe dynastie est considérée comme une période essentielle de l’histoire de l’Egypte Ancienne. Cinq pièces sur les neuf sélectionnées appartiennent à cette dynastie. Après la formation de l’Empire égyptien par Thoutmosis III et sa consolidation, il y eut une révolution religieuse qui a apporté au pouvoir l’enfant-roi Toutankhamon (1336/1335 av. J.-C.-1327 av. J.-C.). Sa tombe découverte intacte était un réel trésor militaire. Ce trésor comporte un bouclier en bois doré qui fait partie de la sélection des pièces du mois d’octobre. Ce bouclier est orné d’une scène montrant le souverain tenant, dans sa main gauche, les queues de deux lions alors qu’il porte dans sa main droite une épée courbée de bronze « Cette scène représente la force du souverain et son monopole sur ses ennemis, symbolisés par les deux queues de lions », explique l’égyptologue Laïla Abdel-Qader du Musée égyptien. L’épée courbée, remarquée dans cette scène est aussi exposée à l’entrée du Musée égyptien. Le règne de l’enfant-roi a vu la parution des généraux militaires, comme le commandant général Nekhet Mine dont la double statue de calcaire le représentant lui et son épouse est exposée également dans la sélection du musée. Nekhet Mine est devenu l’héritier du trône sous le règne du roi Aye.

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Les militaires de l’antiquité
Antif, le commandant thébain qui a réunifié les nomes de l'Egypte de la XIe dynastie. (Photo : Ministère des Antiquités égyptiennes)

La tête de celui-ci est également présentée pour rappeler l’importance de ce commandant et de ses généraux militaires. La bonne organisation militaire a facilité la fondation de la XIXe dynastie, celle des grands conquérants, fondée par Ramsès Ier (1295 av. JC-1294 av. JC) qui était à la tête de l’armée égyptienne. Connue pour ses guerriers légendaires, comme Sethi Ier et le grand conquérant Ramsès II, la XIXe dynastie est aussi connue pour la bravoure des Ramessides. Cette bravoure est décrite sur deux scènes qui ornent deux ostraca : le premier décrit Ramsès IV sur un chariot pourchassant ses ennemis, alors que le second représente Ramsès IX tenant deux captifs devant la divinité Amon. « Hormis la bravoure, ces deux scènes reflètent l’habileté équestre des conquérants, ainsi que l’évolution des équipements et des armes militaires de l’époque », reprend Sabah Abdel-Razeq. Pour elle, l’évolution de l’armée égyptienne a continué à l’époque gréco-romaine. L’égyptologue a choisi pour l’exposition trois pièces de monnaie dont l’une en or est frappée d’une image de victoire de l’armée égyptienne. Les neuf oeuvres et les trois pièces de monnaie mettent en évidence des événements et des personnages, peu connus du grand public, certes, mais dont le rôle a été d’une importance cruciale dans l’histoire de l’Egypte.

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