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Les pièces, miroirs d’une autre histoire

Doaa Elhami, Lundi, 22 février 2016

Le célèbre collectionneur Magdi Hanafi vient de publier un volumineux catalogue intitulé Les Pièces de monnaie égyptiennes.

Les pièces, miroirs d’une autre histoire

« Au fil des siècles, les pièces de monnaie témoignent de tous les événements, y compris ceux qui n’ont pas eu l’intérêt des historiens eux-mêmes. Elles jouent aussi un rôle primordial dans les domaines politique et diplomatique, économique et artistique », c’est avec ces mots que s’exprime Magdi Hanafi, l’auteur de l’encyclopédie La Monnaie égyptienne, lors de la dédicace du 3e volume Les Pièces de monnaie qui a eu lieu à Beit Al-Sennary, à Sayéda Zeinab. Hanafi est un collectionneur de renommée et une référence en matière de monnaie et de timbres anciens. Ce livre écrit en arabe et en anglais est plutôt un catalogue qui propose un voyage à travers l’Histoire par le biais d’une collection considérable et représentative de différents types de pièces de monnaie, frappés au fil d’environ cinq siècles.

Selon l’auteur, les pièces de monnaie retracent beaucoup d’événements, seulement certains n’ont pas eu de grand intérêt pour les historiens. Il a ainsi consacré un chapitre à l’invasion ottomane, à l’Expédition française et à la fondation de l’Egypte moderne par Mohamad Ali pacha. Cette période (1517-1805) était féconde d’importants faits historiques fondamentaux. « Les pièces de monnaie utilisées avant l’invasion ottomane comprenaient des versets de Coran qu’utilisaient musulmans et non musulmans. Ces pièces bien sûr circulaient partout, y compris dans les vestiaires et les toilettes. Les Ottomans se sont dit offensés et voulant protéger le Coran d’un tel sacrilège, cela aurait participé aux prétextes pour envahir l’Egypte », précise Hanafi. Et d’ajouter qu’après leur venue en Egypte, le Coran a disparu des pièces de monnaie. La pièce de monnaie est un attribut du pouvoir. Ainsi le gouverneur mamelouk du Caire en 1763, Ali bey Al-Kabir, a frappé une pièce de monnaie qui porte son nom. Selon l’auteur, c’était le premier indice de l’autonomie de l’Egypte de l’Empire ottoman.

Les pièces, miroirs d’une autre histoire

La pièce de monnaie avait joué aussi un rôle diplomatique. Ainsi, « Napoléon Bonaparte, lors de l’Expédition française en Egypte, a frappé des pièces de monnaie et a pris soin de garder l’inscription : an 1203 de l’hégire, date du règne du sultan ottoman Sélim III, pour éviter sa colère », commente l’auteur. Mais le grand conquérant français n’a omis de laisser son empreinte en y ajoutant ses initiales N et B (Napoléon Bonaparte).

Le catalogue souligne aussi les étapes officielles de l’autonomie de l’Egypte de l’Empire ottoman. Le sultan Hussein Kamel (1914-1917) a frappé, pour la première fois, une pièce de monnaie avec l’effigie « le Sultanat égyptien, le sultan Hussein Kamel ». Les successeurs du sultan Hussein Kamel, le roi Fouad et le roi Farouq, l’avaient suivi en frappant des pièces pour revendiquer la même autonomie. Après l’annonce du royaume égyptien en 1922, de nouvelles pièces de monnaie sont frappées avec l’effigie « Al-Mamlaka Al-Misriya » (le Royaume égyptien). Une autre évolution de l’Etat égyptien.

Le catalogue met l’accent encore sur le rôle économique de la pièce de monnaie. Ainsi la pièce de monnaie égyptienne circulait officiellement partout dans les pays arabes comme l’Arabie saoudite, (Nadjd et Hedjaz), le Soudan pendant le règne de Mahdi ainsi que la Palestine jusqu’à 1927. « Cette circulation indique la puissance, voire la domination économique de l’Egypte pendant le XIXe siècle et la première moitié de XXe siècle, dans toute cette région », reprend Hanafi.

Les pièces de monnaie de la collection ont aussi une valeur artistique. Au début, elles étaient embellies par les signatures officielles des sultans ottomans. Ensuite, les pièces de monnaie étaient ornées de calligraphie arabe. Sans oublier les effigies inspirées de l’art de l’Egypte Ancienne. Autre point fort du catalogue, les signatures ou initiales sur les pièces de monnaie. D’après l’auteur, ces artistes qui dessinaient les pièces sont ignorés, bien qu’ils en soient l’essence, dont des contemporains tels Abbas Cheikh, Abdel-Fattah Wahba, Sabri Salah et Hamed Al-Agami.

L’auteur Magdi Hanafi a été primé par la Société internationale des billets de banque (IBNS) qui a classé son premier volume, Les Billets de banque 2004, comme meilleur livre en 2005. Le deuxième sur les petites monnaies a obtenu le prix de courage de la même société.

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