Vendredi, 29 mars 2024
Al-Ahram Hebdo > L'invité >

Yannick Lintz : Nous voulons renforcer la coopération avec le Musée d’arts islamiques en Egypte

Nasma Réda, Mardi, 02 juin 2015

Yannick Lintz, directrice du département des Arts de l’islam au Louvre, était cette semaine au Caire.

Yannick Lintz
Yannick Lintz, directrice du département des Arts de l’islam au Louvre.

Al-Ahram Hebdo : Vous êtes venue au Caire avec une délégation du Musée du Louvre. Quel est l’objet de votre visite ?

Yannick Lintz : Le but de cette visite est de définir les modalités de coopération entre le Musée d’Arts Islamiques (MAI) et le département des Arts de l’islam au Louvre. Nous avons eu une entrevue au mois de janvier avec Ahmad Al-Choki, directeur du Musée d’arts islamiques, et celle-ci a été à l’origine de cette volonté réciproque de coopération. Le département des Arts de l’islam, depuis son ouverture en 2012, cherche à développer la coopération culturelle au niveau international et à aider également les Musées d’arts islamiques ayant subi des dommages patrimoniaux dans le pourtour méditerranéen et au Moyen-Orient. Nous voulons bien sûr renforcer notre coopération avec le MAI.

— Mais comment renforcer cette coopération ?

— Cette coopération s’inscrit d’abord dans l’histoire commune de nos deux collections. Le MAI est né en 1903 sous l’impulsion des Français. Le premier catalogue du musée a d’ailleurs été rédigé en français. A la même date, le Louvre a développé sa collection d’arts islamiques. Les deux collections sont aujourd’hui parmi les plus riches au monde. L’alliance entre les deux institutions est d’une certaine manière naturelle. Cette coopération va donc porter sur le partage des expériences en matière de muséographie dans le cadre de la réouverture du MAI. Le département des Arts de l’islam du Louvre a en effet inauguré ses nouvelles galeries en septembre 2012. Nous prévoyons aussi de monter des expositions ensemble et de mener des études scientifiques sur nos collections communes. Des échanges d’équipes de conservateurs sur de courts séjours au Louvre pour le MAI et au MAI pour les conservateurs du Louvre sont aussi à l’étude.

— Les discussions ont-elles abouti à un accord concret ?

— Nous voulons avancer vers un projet de convention entre le Musée du Louvre et le ministère égyptien des Antiquités avec un programme à court terme et à moyen terme.

— Comment évaluez-vous les travaux de restauration effectués au Musée d’arts islamiques?

— J’ai vu la situation en janvier dernier et je l’ai revu lors de mon passage la semaine dernière. Je suis très optimiste sur l’avancée des travaux.

— Et que pensez-vous de la muséographie du MAI ? Est-elle conforme aux normes mondiales ?

— Il me semble que le directeur du musée, Ahmad Al-Choki, et son équipe ont une bonne vision. La muséographie avait été pensée de manière très professionnelle en 2010 pour la réouverture. Le muséographe français Adrien Gardère avec l’aide des équipes scientifiques du département des Arts de l’islam ont conçu une muséographie adaptée et moderne. L’enjeu actuel est de reconstruire en améliorant.

— Comment avez-vous réagi après l’attentat de 2014 et les dégâts au Musée du Caire ?

— J’ai appris par la presse qu’il y a eu une explosion. J’ai immédiatement téléphoné au ministre égyptien des Antiquités pour lui dire que nous sommes prêts à contribuer à la reconstruction. L’Unesco a joué aussi un rôle pour mobiliser des fonds internationaux pour la restauration des oeuvres en 2014.

— Comment évaluez-vous le niveau des restaurateurs égyptiens et la qualité des pièces restaurées ?

— Des oeuvres uniques ont été définitivement endommagées. Mais je dois dire que je suis admirative de l’énergie, du professionnalisme et du dévouement des équipes égyptiennes que j’ai pu voir au travail pour faire renaître l’essentiel de ces oeuvres.

— D’après vous, quelle est la pièce maîtresse du Musée d’arts islamiques ?

— Les parties les plus riches sont bien sûr les collections fatimides et mameloukes. Je pense par exemple aux formidables stucs ou lampes de mosquées.

— Une conférence internationale sera organisée en octobre prochain par le Musée d’arts islamiques en coopération avec votre département. Quel sera le thème de cette conférence ?

— Nous y réfléchissons encore. Mais l’idée serait de réunir quelques grands spécialistes des musées d’arts islamiques au moment de l’ouverture du musée au Caire, puis organiser une deuxième session à Paris, autour d’un thème en lien avec l’histoire de nos collections et de nos musées.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique